DÉRAIN Lucien, Victor, Alfred

Par Bruno Peyron

Né le 13 juin 1920 à Étaples (Pas-de-Calais), exécuté sommairement par la Résistance le 5 août 1944 à Roche-en-Forez (Loire) ; résistant au sein de l’Armée secrète (AS).

Fils de Charles, Lucien Eugène Dérain et de Marie-Rose Julie Villeneuve, Lucien Dérain habitait Étaples (Pas-de-Calais) et était célibataire.
Il rejoignit la Résistance en Haute-Loire à une date qu’on ignore. Il était certainement réfractaire au STO.
Il fut arrêté par le groupement Strasbourg Rhin Moselle (GMO) de l’Armée Secrète (AS) le 5 août 1944 à Roche, communément appelé Roche-en-Forez. On lui reprochait d’avoir commis des vols. Il fut jugé par un conseil de guerre comportant plusieurs officiers de l’Armée secrète. En tant que chef de groupe, Dérain fut accusé d’indiscipline. Il aurait amené des femmes au campement, fut accusé de pillages. Il aurait abattu froidement le Milicien Demure alias Coco bel-œil, qui était un simple d’esprit se pavanant dans les rues de Montbrison avec son uniforme. Dérain est aussi suspecté d’avoir fait assassiner Glady Chaux.
Dérain semblait préparer son passage aux FTP avec son groupe de 5 soldats ainsi qu’avec armes et véhicules. Jugé coupable, il fut exécuté le même jour par un peloton d’exécution de six soldats.
La sentence peut s’expliquer par la volonté des chefs du maquis de faire un exemple et de montrer aux hommes du maquis qu’avec l’arrivée récente d’une trentaine d’anciens Gardes Mobiles (GM) passés au maquis, il était nécessaire de bannir certains excès. C’est un jugement du tribunal civil de Montbrison le 29 juin 1945 qui a établi son acte de décès sur requête de ses parents, ces derniers habitant alors Calais (Pas-de-Calais). Le rapport de gendarmerie avait permis d’établir qu’il était mort au lieu dit de Château Gaillard, commune de Roche, le 5 août 1944. Un procès eut lieu en 1948, les parents de Lucien Dérain demandant 800 000 francs de dommage. Les prévenus bénéficièrent de l’indulgence des juges bien qu’au sein même de la Résistance, cette exécution avait été considérée par certains -le capitaine A. Boirayon et le sous-lieutenant Pierre Bory en particulier, du SOE (groupe Ange)- comme un assassinat. Un officier instructeur de l’AS, passé récemment avec son détachement complet de Gardes Mobiles dans la Résistance, fut particulièrement pointé du doigt pour son rôle au sein du Conseil de guerre décidant la mort.

Les parents ne purent obtenir la réhabilitation de leur fils.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240323, notice DÉRAIN Lucien, Victor, Alfred par Bruno Peyron, version mise en ligne le 27 novembre 2021, dernière modification le 18 février 2022.

Par Bruno Peyron

SOURCES : Jugement du tribunal civil de Montbrison du 29 juin 1945. — Requête de maître Arnaud, avoué à Saint-Étienne, 6 octobre 1948. — Témoignages du lieutenant Raymond Ado, de Pierre Bory et A. Boyrayon. — État civil Roche.

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