ROBIC Alain [alias « Sirocco » dans la clandestinité]

Par Clotilde Bigot

Né le 17 octobre 1917 à Lignol (Morbihan), fusillé le 14 août 1944 à Nant (Aveyron) ; résistant ; maquis des Corsaires, Organisation de résistance de l’Armée (ORA).

Alain Robic était le fils de François Robic, né en 1876, et de Marie Le Liboux, née en 1874. Nous ne connaissons pas son parcours avant sa mort en l’état de la documentation consultée.

Alain Robic fit partie des membres du maquis des Corsaires tués les 14-15 août 1944 par les Allemands alors qu’ils rentraient d’une mission de sabotage au Pas de l’Escalette (Hérault) le 14 août. Le camion des Corsaires regagnait son quartier général, le mas des Pommiers, où il était cantonné depuis le début du mois. Vers 14 heures, les occupants du véhicule décidèrent de faire un détour pour traverser le village de Nant. Les jeunes gens, une trentaine au total, laissèrent librement exprimer leur joie et leur fierté (bien que la mission en elle-même n’ait été que partiellement réussie) : c’est en chantant et en laissant flotter le drapeau tricolore qu’ils traversèrent le village, transgressant ainsi les ordres stricts en matière de sécurité. Alain Robic se trouvait dans ce camion avec le reste du groupe, sous le commandement du lieutenant Cassanas, dit « Roger ». Ce changement d’itinéraire à la dernière minute marqua le début de deux journées particulièrement violentes à Nant, petit village au pied du Larzac. En effet, le détachement de la 11e colonne blindée allemande, partie d’Albi (Tarn) et en reconnaissance sur la route du Larzac, aperçut le camion depuis la route des Liquisses (actuelle D 999) qui descend du Larzac et surplombe Nant. Les jeunes maquisards, tout à leur joie ne virent pas les Allemands arriver droit sur eux.

Le lieutenant Cassanas raconte la scène dans un compte-rendu, non daté : « À la sortie Nord de Nant, à 300 mètres du cimetière sur le chemin du camp, vers 14h15 une première rafale de mitrailleuses vient s’écraser sur un mur de clôture à une dizaine de mètres en avant du camion. Je donne ordre de stopper et de descendre du camion pendant que les deux fusils mitrailleurs se mettent batterie sur le mur protégé de replis des autres éléments de la section. Un seul FM exécuta l’ordre, car le second attaché au dessus de la cabine ne put être descendu à temps ». Lors de l’affrontement initial, Manuel Cuenca fut abattu et Boudon Jean blessé puis achevé. Le reste du groupe se scinda en deux, l’un partant avec Roger Cassanas, l’autre essayant de se cacher dans les champs environnants.

Alain Robic fut fait prisonnier avec deux autres corsaires, Joseph Quéhec et Fontana qui fut relâché le soir même. Interrogé avec ses camarades par les Allemands dans un café du village, il refusa de donner le lieu du cantonnement du maquis. Il fut fusillé avec Joseph Quéhec dans la soirée sur la place du village, en présence des hommes de Nant. Un rapport sur le maquis des Corsaires faisant état de l’organisation et des activités du maquis souligne la conduite des deux condamnés : « Ils sont adossés à un mur puis fusillés. Leur courage devant la mort impose le respect à tous ceux qui ont assisté à la fusillade. Dès le moment où ils sont placés le long du mur, ils se mettent au garde à vous et attendent courageusement la mort ».

Selon son acte de décès, la constatation de la mort fut faite par le capitaine Raoul Malaval, commandant du 28e groupement d’infanterie d’Albi, membre du bataillon Puget (ORA) depuis le 18 juin 1944. Le 17 août 1944, le sous-préfet de Millau transmit au maire de Nant, sur autorisation des autorités allemandes, le droit d’inhumer les corps des victimes. Sa dépouille est aujourd’hui dans le caveau familial au cimetière communal de Lignol (Morbihan).

Son nom figure sur la plaque apposée à Nant, place du Claux, commémorant les victimes des combats de Nant, les 14-15 août 1944 et sur le monument des résistants du Rouergue de Sainte-Radegonde (Aveyron). Il est également inscrit sur le monument aux morts de Lignol (Morbihan). Il a obtenu la mention Mort pour la France.
Voir Nant (Aveyron) 14-15 août 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240328, notice ROBIC Alain [alias « Sirocco » dans la clandestinité] par Clotilde Bigot, version mise en ligne le 3 mai 2021, dernière modification le 3 mai 2021.

Par Clotilde Bigot

SOURCES : Arch. Dép. Aveyron : 217 W 36 — Arch. mun. Nant : acte de décès n° 28 (registre état civil 1936-1945) — Service hi.storique de la Défense, Vincennes : GR 19 P 12/25, GR 19 P 30/11. — Christian Font et Henri Moizet, Construire l’histoire de la Résistance. Aveyron 1944, CDDP Rodez – CDIHP Aveyron, CRDP Midi-Pyrénées, 1997, pp. 212-213 — Gérard Bouladou, Les maquis du Massif Central méridional : Ardèche, Aude, Aveyron, Gard, Hérault, Lozère, Tarn, 1943-1944, Nîmes, éd. C. Lacour, 2006, pp. 402-405. — Gaston Laurans, Nant au mois d’août 1944, 1969, Rodez, Imprimerie Carrère, pp. 24-25. — Aimé Vielzeuf, Ardente Cévenne, Nîmes, Imprimerie Bené, 1973, p.99. — sites internet : memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le 16 mars 2021), monumentsmorts.univ-lille.fr (consulté le 16 mars 2021), memorialgenweb.org (consulté le 30 mars 2021), geneanet.org (consulté le 3 mai 2021).

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