LE COMPASSEUR DE CRÉQUI-MONTFORT DE COURTIVRON dit De CRÉQUI Roger, Stanislas, Marie, Camille

Par Michel Aguettaz

Né le 4 octobre 1916 à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine), exécuté le 23 ou 24 août 1944 à Saint-Michel-de-Maurienne (Savoie) ; ingénieur ; résistant de l’Armée secrète.

Forêt de Fontainebleau en 1940.
Forêt de Fontainebleau en 1940.

Fils de Henri Marie Georges Le Compasseur de Créqui-Montfort de Courtivron, marquis, et de Agnès Hélène de Polignac, fille du prince Camille de Polignac, Roger Stanislas, titré comte, était dénommé Roger de Créqui. La famille paternelle appartenait à la noblesse de Côte d’Or, du village de Courtivron près de Dijon. Son père (1877-1966) était un explorateur, il dirigea la mission scientifique française « Créqui-Montfort » chargé d’explorer les hauts plateaux andins en 1903, un anthropologue, officier, diplomate, en 1917 au haut-commissariat de la République française aux États-Unis à Washington, et membre de différents conseils d’administration. Roger avait une sœur, Camille née en 1906 et un frère, Jacques né en 1911 qui décéda en 1920.
Mobilisé en 1939, Roger de Créqui fut intégré au 312e régiment d’artillerie de position et rejoignit l’École d’application de l’artillerie de Fontainebleau (photo). Après sa démobilisation, il reprit ses cours à l’École Centrale et fit partie de la promotion 1941. À travers sa correspondance, il faisait régulièrement part de son refus de la défaite. En 1942, il entra comme ingénieur stagiaire chez Allais-Froges-et-Camargue (futur groupe Péchiney) et fut nommé à l’usine de production d’aluminium de la Saussaz de Saint-Michel de Maurienne (Savoie).
En tout début de 1943, il fut muté à l’usine de Saint-Jean de Maurienne. C’est à cette époque qu’il se lia d’amitié avec Henri Willard, jeune lieutenant nouvellement arrivé dans la petite sous-préfecture. Ce dernier travailla dès lors avec un autre officier, Michel, à la formation d’un groupe de l’Armée secrète (AS). Alors que Roger de Créqui souhaitait apporter son aide, Willard préféra « le tenir en dehors de notre travail, car j’estimai inutile d’engager dans la lutte clandestine tous les futurs chefs de l’insurrection que nous préparions. » (lettre au père de Roger du 10 février 1945). Toutefois, il le tint au courant, lui faisant part d’un parachutage en mai 1944 de deux pièces antichars « lui réservant le soin de les utiliser, l’heure voulue ».
En août 1944, le jeune ingénieur, nommé à nouveau à l’usine de la Saussaz depuis le mois d‘avril, voulait ardemment rejoindre les rangs de la résistance. Il parvint à contacter Henri Willard qui avait rejoint le camp des Rochilles (Valloire) en juin et se trouvait seul officier pour une centaine d’hommes. Il voulait que Henri Willard lui délivre un ordre de mission afin de pouvoir régulariser sa situation vis-à-vis de sa hiérarchie. Ce n’est que le 22 août que Willard parvint à lui faire parvenir un courrier alors que la vallée était déjà le théâtre d’affrontements et que l’occupant contrôlait étroitement les déplacements. Ce même jour Roger de Créqui se rendit donc à Saint-Jean-de-Maurienne afin de signaler à son directeur général qu’il allait rejoindre le maquis. En chemin, il fut même pris pour cible par des soldats allemands et dût abandonner son vélo pour continuer. En rentrant à Saint-Michel, il s’arrêta à Saint-Julien afin de se confesser auprès du curé avec lequel il s’était lié d’amitié. En fin d’après-midi, ses collègues le virent à la cantine de l’usine où il leur signala qu’il allait passer une dernière fois à la Saussaz pour voir si tout allait bien puis qu’il partirait rejoindre le camp des Rochilles.
Il fut arrêté peu après son départ par des motocyclistes allemands. Fouillé, on trouva dans son sac tyrolien son arme d’ordonnance. Il fut emmené à la Kommandantur et dès lors ne fut plus revu vivant.
À la mi-septembre le père de Roger de Créqui se rendit à Saint-Michel de Maurienne afin de retrouver la trace de son fils. Ce n’est que le 28 septembre qu’un ami de Roger, sollicité par le père de ce dernier pour poursuivre les recherches, retrouva le corps du jeune homme dans une tranchée creusée à proximité du cimetière de Saint-Michel. C’est là qu’il avait été exécuté le 23 ou le 24 août.

Son corp fut inhumé dans la chapelle familiale du cimetière de Passy, Paris (XVIe arr.).
Le premier mai 1945, Roger de Créqui fut nommé à titre posthume chevalier de la Légion d’Honneur. Il fut également décoré de la Croix de guerre avec étoile de vermeil et reçut une citation à l’ordre du corps d’armée en tant que chef de secteur de la 1ère Compagnie du 1er bataillon de l’Armée secrète de Saint-Jean-de-Maurienne.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Saint-Michel-de-Maurienne, sur la plaque commémorative de l’ECAM (École Centrale des Arts et Manufactures) et sur la Liste des Morts pour la France de l’École Centrale, à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine).

Saint-Michel-de-Maurienne (Savoie) : 23 août 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240338, notice LE COMPASSEUR DE CRÉQUI-MONTFORT DE COURTIVRON dit De CRÉQUI Roger, Stanislas, Marie, Camille par Michel Aguettaz, version mise en ligne le 11 mai 2021, dernière modification le 6 février 2022.

Par Michel Aguettaz

Forêt de Fontainebleau en 1940.
Forêt de Fontainebleau en 1940.

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3808 W 1306. — Arch. Dép. Savoie. — État civil, mairie de Saint-Michel-de-Maurienne.— SHD Vincennes, pas de dossier résistant. — Base Leonor, absent. — Archives, photo, de M. Michel de Liller (neveu de Roger de Créqui) . — MémorialGenweb. —Wikipedia, notice Georges de Créqui-Montfort. — Notes Annie Pennetier.

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