BAUDOUR Floris, Albert.

Par Jean Neuville. Notice complétée par Renée Dresse

Audregnies (aujourd’hui commune de Quiévrain, pr. Hainaut, arr. Mons), 29 décembre 1914 – juin 1992. Employé puis ouvrier, dirigeant régional puis national de la Jeunesse ouvrière chrétienne, secrétaire fédéral des syndicats chrétiens de Mons-Borinage, démocrate-chrétien, conseiller communal de Nimy (aujourd’hui commune de Mons), président fédéral du Mouvement ouvrier chrétien de Mons-Borinage, militant wallon, militant d’Amnesty international.

Floris Baudour est le fils de Jean-Baptiste-Floriste Baudour (Angre (pr. Hainaut), 20 juin 1872 – Audregnies, juin 1955), ouvrier agricole et ensuite menuisier charpentier aux Ateliers du Nord de la France, catholique non pratiquant, anticapitaliste (selon la réponse de Floris Baudour au questionnaire d’enquête : voir SOURCES), et de Virginie-Eugénie Alglave (Audregnies, 22 août 1875 – Audregnies, janvier 1951), repasseuse, puis ménagère, qui devient catholique pratiquante sous l’influence de Floris, militant jociste. Après avoir commencé ses études primaires à Audregnies, Floris Baudour les poursuit chez les Frères des écoles chrétiennes à Dour (pr. Hainaut) à l’Institut Saint-Victor jusqu’à la fin de 1928. En janvier 1929, il suit les humanités modernes à l’Institut Saint-Ferdinand à Jemappes (pr. Hainaut).

Au cours des vacances 1929, 1930 et 1931, Floris Baudour travaille comme employé de bureau ou comme ouvrier dans le Nord de la France (il obtient sa carte de frontalier le 13 août 1930) aux Ateliers Crespin et aux Ateliers de Blanc-Misseron à Quiévrechain. À partir de juillet 1933, il est successivement ouvrier du bâtiment dans le secteur privé pendant trois mois puis pour le compte du Ministère des Travaux publics, et chômeur. Durant cette période, il suit également les cours de l’école sociale régionale mise en place par la Ligue des travailleurs chrétiens de l’arrondissement de Mons. De juillet 1934 à la fin août 1935, il effectue son service militaire.

En mars 1930, Floris Baudour s’affilie à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) de sa commune natale. Il y milite rapidement et participe au congrès du mouvement d’avril 1930. Il est notamment membre du Comité fédéral du Borinage (Mons-pr. Hainaut) d’août 1933 à août 1935. Il en devient le permanent régional en septembre 1935. De septembre 1937 à septembre 1939, il est propagandiste à la JOC nationale : il y est responsable du Bulletin des dirigeants de la JOC. Il collabore pendant quatre ans aux périodiques Jeunesse ouvrière et JOC.

Mobilisé à plusieurs reprises, Floris Baudour est en captivité en Allemagne de 1940 à 1945, période durant laquelle il est bucheron puis ouvrier agricole.
De retour en Belgique, Baudour devient, en septembre 1945, permanent à la Fédération des syndicats chrétiens de Mons-Borinage. En octobre 1946, il est engagé comme permanent de la Centrale chrétienne de la pierre, du ciment, de la céramique et du verre pour le Hainaut. Il est responsable national du service de documentation de cette Centrale de 1951 à juillet 1952, date à laquelle il est nommé secrétaire de la Fédération des syndicats chrétiens de Mons-Borinage (interprofessionnelle). Il assume cette fonction jusqu’à sa retraite en mai 1974.

Floris Baudour, secrétaire fédéral de Mons-Borinage, participe à tous les mouvements sociaux, particulièrement ceux dus à la fermeture des charbonnages borains de 1954 à 1966. En 1957, arrêté parce que piquet de grève, il est retenu deux heures à la gendarmerie de Frameries (pr. Hainaut, arr. Mons) avant d’être relâché. Il joue un rôle déterminant dans la mise en place du Front commun syndical Fédération générale du travail de Belgique (FGTB) - Confédération des syndicats chrétiens (CSC) dans la région de Mons entre 1966 et 1969.

La Guerre scolaire (1954-1958) incite l’ensemble des organisations sociales chrétiennes et le Parti social-chrétien (PSC) à collaborer afin de défendre les intérêts de l’enseignement libre. Le Mouvement ouvrier chrétien (MOC), qui, depuis 1945, ne veut plus faire de l’action politique directe, revoit sa position. Il faut encourager le PSC à se tourner dans la voie démocrate-chrétienne. Divers dirigeants du mouvement, syndicalistes ou responsables d’une fédération MOC ou d’une section locale, s’affilient au parti. De 1958 à 1965, Floris Baudour, qui est président de la Fédération du MOC de Mons-Borinage de 1946 à 1952, est membre du comité du PSC de l’arrondissement de Mons. Il est conseiller communal à Nimy (aujourd’hui commune de Mons) de 1965 à 1971.

De 1961 (au lendemain de la grève contre la « loi unique » portée par la FGTB wallonne) à 1967, Floris Baudour œuvre sans relâche, avec d’autres responsables fédéraux de la CSC, en faveur de l’organisation d’un syndicalisme wallon à l’intérieur de la Confédération.
Le déclin industriel de la Wallonie se fait douloureusement sentir. Beaucoup, y compris au sein du mouvement ouvrier chrétien, reprochent au gouvernement belge son manque de perspective économique. Floris Baudour se révèle un ardent défenseur de la cause wallonne. Entre 1962 et 1968, il participe activement à la défense des idées fédéralistes au sein du MOC national et du MOC de Mons-Borinage, poussant notamment à la collaboration avec les autres mouvements wallons de l’arrondissement.
Floris Baudour, comme d’autres responsables du mouvement ouvrier chrétien, s’investit dans la fondation d’une section de Rénovation wallonne, organisation acquise au fédéralisme à Mons. Il est secrétaire du bureau de la régionale de Mons-Borinage en 1963, membre du comité exécutif du mouvement en 1966. Il est l’auteur d’un rapport sur les problèmes économiques de la Wallonie et les solutions à y apporter, présenté lors du 5e Congrès de Rénovation wallonne.
Avec Willy Paermentier*, secrétaire de la Fédération des syndicats chrétiens du Centre (La Louvière), Floris Baudour est membre du Conseil économique wallon (fondé en 1944) qui se dénomme à partir de 1971 le Conseil économique régional wallon (CERW).

Floris Baudour fonde le groupe montois d’Amnesty international dont il est un militant actif jusqu’en 1975. Il participe aux mouvements de défense de la Paix. Il est présent aux congrès de la Conférence des catholiques européens à Berlin-Est (République démocratique allemande) de 1967 à 1971. Au moment de l’affaire tchécoslovaque, il rompt avec les communistes, René Noël* et Isabelle Blume, avec qui il collabore au sein de l’Union belge pour la défense de la paix (UBDP) de 1964 à 1968.

Malgré l’opposition du PSC régional, Floris Baudour devient, dans les années 1960, membre du Conseil d’administration et du Comité d’IDEA, la Société intercommunale de développement économique et de l’aménagement des régions du Centre et du Borinage. Il est également membre des commissions administratives de l’Office national de l’emploi (ONEM) et de l’Institut national de l’assurance maladie-invalidité (INAMI) de 1952 à 1970, membre du Conseil des prud’hommes d’appel de Mons de 1967 à 1970, conseiller social à la section de Mons de la Cour du travail de Bruxelles de 1970 à 1975, conseiller social à la Cour du travail de Mons de 1975 à 1984.

Le 8 mai 1948, Floris Baudour épouse Johanna Rickert (Westphalie, Allemagne, 15 décembre 1917 - Nimy (pr. Hainaut), 30 mars 1977), rencontrée lors de sa captivité. Trois filles naissent de cette union.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240374, notice BAUDOUR Floris, Albert. par Jean Neuville. Notice complétée par Renée Dresse, version mise en ligne le 7 mai 2021, dernière modification le 14 juin 2021.

Par Jean Neuville. Notice complétée par Renée Dresse

SOURCES : CARHOP, fonds Jean Neuville, dossier « Baudour Floris », réponses de Floris Baudour au questionnaire d’enquête, 18 décembre 1983 – « Secrétaire fédéral pendant 22 ans, Floris Baudour quitte la Fédération de Mons », Au travail, 16 novembre 1974, p. 2 – FILBICHE J., « Merci, Floris Baudour », Info CSC, 8 juin 1992, p. 8 – DE SADELEER F., Les débuts de la JOC à Mons et dans le Borinage (1924-1935), Mémoire de licence UCL, Louvain, 1977, p. XXII – WYNANTS P., La campagne de la JOC en faveur des jeunes chômeurs (1930-1936), Mémoire de licence UCL, Louvain, 1976, p. 239 – DELFORGE P., « Baudour Floris », dans DELFORGE P., DESTATTE P., LIBON M. (dir.), Encyclopédie du mouvement wallon, t. I, Charleroi, 2000, p. 127.

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