CABANE Georges, Armand alias d’Assas dans la résistance

Par Eric Panthou

Né le 20 octobre 1911 au Vigan (Gard), mort le 20 décembre 1983 à Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches-du-Rhône) ; expert comptable ; membre du Parti communiste (PCF) ; résistant, responsable départemental du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (FN) de l’Isère en 1944.

Georges Cabane décoré de la Légion d’Honneur par François Mitterrand le 8 mai 1983.

Fils de Louis Alfred Cabane, négociant, né en 1886, et de Marie-Françoise Razigade, née en 1868, Georges Cabane se maria le 9 février 1939 à Paris (ex Seine, XVII° arr.) avec Emma Ricquebourg dont il divorça en 1947 suite à décision du tribunal civil d’Aix en Provence. Le couple eut une fille.
Diplômé de l’école des Hautes études Commerciales (HEC) dont il était élève en 1932, il habitait Paris. Il adhéra au Parti communiste à une date qu’on ignore. Il aurait été candidat du PCF au Vigan (Gard) dans une élection avant guerre.
Il fut condamné à Marseille le 28 août 1942 à 8 ans de Travaux forcés pour activité communiste. On ignore où et dans quel cadre il fut arrêté. Il fut emprisonné à Lodève puis Mauzac et enfin Le Puy (Haute-Loire), retrouvant dans sa cellule trois de ses camarades avec lui depuis Lodève : Philomen Mioch, son frère François et Pierre Maraval. Les conditions de détention étaient particulièrement dures. Les hommes couchaient sur la paille à même le sol ; ils ont froid en cet hiver 1942. Il fut l’un des rares à pouvoir bénéficier de la visite d’un proche, son père.
Georges Cabane fut membre du triangle de direction du collectif des détenus -majoritairement communistes- avec Clovis Chirin et Antoine Rey, jusqu’au 24 avril 1943, date à laquelle il s’évada avec 25 autres prisonniers : Emile Bochet, Jean Burles, Clovis Chirin, Louis Coissac, Vasco Corsi, Jean Dousson, Raymond Duvignac, Camille Elzière, Robert Imbert, Salvatore Jannello, Henri Julien, Camille Labrux, Joseph Lamouroux, André Lecourt, Philomen Mioch, Hippolyte Mouroux, Michel Navarro, Pierre Petitot, Max Puzenat, Antoine Rey, Louis Rol, Franck Roucaute, Sanchez, Fortuné Sirca, Oscar Vannini.
La liste des 7 cellules de quatre devant être ouvertes avait été fixée par le triangle de direction. Paul Maraval était pressenti, mais il refusa de s’évader, comme François Mioch, le frère de l’un des principaux cadres communistes, Philomen Mioch, devenu l’ami de Georges Cabane.

16 parmi eux furent rapidement repris mais pas Georges Cabane qui avait prévu avec Mioch de rejoindre un maquis de L’Aigoual (limite Hérault - Gard). Il aurait ensuite été à Marseille, puis à Lyon, Grenoble avant de rejoindre le maquis du Vercors où il prit le nom de d’Assas. En Isère, il accéda à partir du 10 novembre 1943 à la tête du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (FN), mouvement créé et animé par des militants communistes. Il fut ensuite membre du Comité départemental de Libération Nationale de l’Isère et fut homologué membre de la Résistance intérieure française (RIF). Il aurait été décoré de la Légion d’Honneur pour faits de résistance par François Mitterrand le 8 Mai 1983 à l’Arc de Triomphe.
Après la Libération, il fit un cours au sein de la nouvelle école militaire d’Uriage, une école des cadres FFI créée en 1944, transformée après les combats en école d’humanisme militaire, entendant mettre les militaires au contact des réalités politiques et sociales et rapprocher l’armée de la nation. Cette école reçut le soutien du Parti communiste et du Front National. Dans son exposé devant les stagiaires de la deuxième promotion, George Cabane insista sur le caractère tolérant et ouvert du PC (groupant aussi bien selon lui des Catholiques que des ”libres-penseurs”), en appelant à l’élimination des divisions entre les résistants. Il se fait ici le porte parole de la politique d’union nationale de la direction du Parti.
Après la guerre, lorsque Georges Cabane rentra à Paris, il découvrit son appartement entièrement dévasté. En effet, celui-ci avait été réquisitionné et occupé par les allemands de 1941 à 1944. C’est son ami rencontré dans la résistance du Vercors, l’architecte genevois Pierre Jeanneret qui l’aida alors.
Il vécut à Paris après guerre où il devint expert comptable. En 1964, il fut à l’origine de la création à Lyon, de la Société d’experts comptables Cabane et Meric. Il habitait dans le XVII° arrondissement de Paris en 1973.
Il a publié en 1975 un livre de souvenirs, Le temps n’emportera pas tout, qu’il avait commencé en prison et achevé en 1945 avant d’être publié sans relecture ni modifications. Cet ouvrage présenté à la fois comme ayant un caractère romancé mais évoquant aussi des souvenirs précis fut assez vivement critiqué à sa sortie par l’Association nationale des pionniers et combattants volontaires du Vercors. On lui reprocha ce mélange des genres et les critiques portées contre certains dirigeants de la Résistance non membres des FTP.
Il resta l’ami de Philomen Mioch, avec qui il s’était évadé du Puy et serait resté membre du PCF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240403, notice CABANE Georges, Armand alias d'Assas dans la résistance par Eric Panthou, version mise en ligne le 8 mai 2021, dernière modification le 23 mai 2021.

Par Eric Panthou

Georges Cabane décoré de la Légion d’Honneur par François Mitterrand le 8 mai 1983.

Le temps n’emportera pas tout, Paris, Monte-Carlo, éd. Regain 1975, 475 p.

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 98998, dossier résistant pour Georges Cabane (nc). — Arch. dép. de la Haute-Loire : Évasion Le Puy. — Philomen Mioch, Les tribulations d’un ouvrier agricole, Nîmes, 1984, 254 p. — Olivier Cogne, Gil Emprin, sous la dir. de, Histoire des Francs-tireurs et partisans. Isère, Savoie, Hautes-Alpes. Grenoble, Presses universitaire de Grenoble, 2017 — David Colon, Une expérience d’humanisme militaire à la Libération : l’école militaire d’Uriage (1944-1946), Mémoire IEP Paris, 1994, 253 p.->https://spire.sciencespo.fr/hdl:/2441/3cr7jj61bs68cvg99agqjj1r7/resources/uriage.pdf]. — Présentation de l’ouvrage de Georges Cabane, Le temps n’emportera as tout, Le Pionnier du Vecors, n°13, décembre 1975. — Lettre de Joseph Lamouroux à Philomen Mioch, 24 novembre 1973. Copie transmise par Rose Blin-Mioch. — Mail de Rose Blin- Mioch, le 7 mai 2021. — Généanet.

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