Né le 6 septembre 1890 à Caen (Calvados), mort le 22 mai 1971 au Havre (Seine-Maritime) ; prêtre et aumônier de l’Action catholique ; résistant dans le réseau Marathon ; CDLL ; membre du comité de libération du Havre ; COSOR.
Vocation tardive, Gaston Varignon fut ordonné prêtre en 1921 et nommé à Notre-Dame au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime). L’été, il anima des colonies de vacances à Sainte Adresse et accueillit de nombreux enfants issus des quartiers populaires du Havre. Animé d’une foi profonde et ardente, il ne s’embarrassait pas de précautions oratoires. Cette fougue plut aux jeunes. En 1933, il fut nommé curé à Aplemont, secteur qui connut une expansion urbaine importante. A partir d’une grange, l’abbé Varignon améliora le lieu de culte et les locaux de catéchisme et ainsi fonda la paroisse St Paul d‘Applemont.
Ardent patriote, lors de la défaite de 1940, immédiatement, il se dressa contre l’occupant. Il créa son propre réseau de résistance baptisé « Famille Martin ». Puis rejoignit le réseau « Marathon » comme agent P1. Il cacha des réfractaires au Service du travail obligatoire (STO) puis des parachutistes anglais. Il créa un restaurant populaire pour pallier aux difficultés de la population de son secteur. Il embaucha des jeunes munis de faux papier pour les empêcher de partir en Allemagne et leur fit cultiver des légumes sur les terres libres du plateau. Il fut suspecté et très surveillé par les services allemands. Arrêté et interrogé plusieurs fois par la Kommandantur au Havre, son assurance et son courage permit à l’Abbé Varignon de s’en tirer. Dans les dernières heures du siège du Havre, il obtint la reddition sur Caucriauville d’une centaine de polonais enrôlés de force par la Wehrmacht, ce qui entraîna l’effondrement de la résistance des blockhaus du secteur à l’avance alliée.
Il fut membre du mouvement Ceux de la libération (CDLL), du Comité de libération du Havre et l’un des créateurs du Comité social des œuvres de la résistance (COSOR). Il ne se présenta pas lors des élections municipales, retournant en paroisse. Son attitude face à l’ennemi lui valut d’être décoré de la Légion d’honneur. Le 23 juillet 1945, il prononça une homélie en l’église Ste Marie à la mémoire des jocistes havrais Bernard Lemaire et Maurice Grandet, morts tragiquement au camp de concentration de Buchenwald (Allemagne). Le conseil municipal du Havre donna son nom à une rue du quartier d’Aplemont. En 1956, il fut nommé curé de la Mailleraye (Seine-Maritime).
Mort en 1971, il fut inhumé dans l’église d’Aplemont, reconstruite par les paroissiens, avec les pierres de l’Hôtel de ville du Havre et de la Bourse, détruits pendant la guerre.
SOURCES : Pierre Hamet, Du Havre à Buchenwald. — Eddy Florentin, Le Havre à feu et à sang. — Archives Marathon (Michel Baldenweck). — Archives municipales du Havre. — Service historique de la défense. — havrais-résistance.fr.