SOURY Jean (alias le Broussailleur)

Par Christian Faucompré

Né le 11 février 1927 à Saint-Maurice-des-Lions (Charente)  ; résistant  ; militant communiste et syndicaliste de la Haute-Vienne et de l’Indre-et-Loire.

Jean Soury le 10 octobre 2020
(Photo P. Carreau)

Le père de Jean Soury était garde-chasse et sa mère était femme au foyer. Victime d’un accident de travail, le père de Jean fut hospitalisé et se retrouva plusieurs années sans travail. Ce fut une période difficile durant laquelle Jean Soury passa de famille en famille avant de retrouver ses parents à Limoges (Haute-Vienne). Son père qui avait suivi une formation fut nommé en 1938 secrétaire de Mairie à Compreignac (Haute-Vienne), avant de se retrouver deux ans plus tard de nouveau au chômage après son licenciement par l’administration de Vichy.
Jean avait douze ans ans quand éclata la guerre, domestique dans une ferme à la fin de 1940. Son père entra dans la Résistance dès 1941. Jean avait quinze ans quand le Limousin et Compreignac, jusqu’alors en zone libre, furent occupés par les Allemands. Jean Soury apprit que son père faisait partie de la Résistance, ce qui entraîna son engagement personnel comme il le relate lui-même : « Ma première mission a consisté à aider mon père à cacher une arme à notre domicile. Quelqu’un l’avait dénoncé, les policiers allaient débarquer, nous devions faire vite ».
Son jeune âge fit de Jean Soury un précieux agent de liaison et non moins précieux diffuseur de tracts et de journaux clandestins contre l’occupant nazi et ses complices de Vichy. Il participa également à la récupération d’armes et à leur camouflage. En 1944, les maquis furent de mieux en mieux organisés et Jean et son père participèrent à la Résistance armée. Jean Soury fut incorporé dans la 2401e compagnie des FTP sous le pseudonyme « le Broussailleur ». « C’était notre guerre à nous. Nos seuls moyens d’actions étaient des embuscades. Nous détruisions des ponts et des voies ferrées, tout était calculé pour ne pas toucher les civils ».
Le 10 juin 1944, Jean Soury fit partie d’un groupe d’éclaireurs qui furent parmi les premiers à entrer dans Oradour-sur-Glane, village massacré par les soldats SS de la division « Das Reich ». Cela le marqua à vie « J’étais l’un des éclaireurs de la mission, il y avait un silence de mort, un sentiment difficile à décrire. Nous avons entendu les Allemands revenir, nous sommes donc partis sans comprendre que les habitants avaient été tués dans l’église, dans les granges et d’autres lieux. Nous l’avons appris à notre retour de mission. On ne pensait pas que l’armée allemande serait capable d’une telle cruauté. »
Le Broussailleur (Jean Soury) participa à différentes actions et à tous les combats menés par la 2401e Cie. Blessé sur le Front de Royan, à sa sortie de l’hôpital de Cognac, il fut sollicité pour signer un engagement ce pour la durée de la guerre, ce qu’il ne fit pas car il n’avait pas encore dix-huit ans âge légal pour entrer dans l’armée Française. C’est aussi dans le maquis le 10 août 1944 que Jean Soury adhéra au Parti Communiste Français dont il devint un militant actif, et au sein duquel il exerça d’importantes responsabilités.
A la fin de la guerre, Jean Soury exerça divers métiers : bûcheron à Compreignac, tourneur dans une usine d’armement à Limoges, ouvrier dans la porcelaine au sein de l’entreprise Robert Havilland. Après avoir été licencié pour cause de grève et d’activité politique, il fut sans travail. C’est alors qu’il entra faire un stage en plâtrerie – seule place restant disponible – au centre de formation professionnelle pour adulte de Limoges d’où il sortit en 1948 avec le CAP de plâtrier. Il exerça ce métier sur différents chantiers, tels que la rénovation de l’arsenal de Limoges, et surtout, la construction à partir de 1949 du nouveau village d’Oradour. La cantinière est jolie et bien agréable, elle s’appelle Hélène. Il l’épousa en 1950, à Oradour, mariage qui donna très vite naissance à des jumeaux, Jean-Claude et Jean-Louis, suivis de Danielle, Christian et Martine.
En 1954, il passa le concours pour devenir formateur en bâtiment à l’AFPA. Reçu, il suivit une formation pédagogique à Paris. Après avoir occupé plusieurs postes de remplaçant à travers la France, il fut nommé à Tours en 1955 comme professeur plâtrier. Il enseigna le dessin industriel en bâtiment.
Parallèlement à ces différents engagements professionnels, Jean Soury, enfant de la Résistance, resta un militant syndical et politique très actif. En pleine guerre froide, il participa avec le mouvement de la Paix et à l’Appel des cents à rassembler les français contre les dangers d’un conflit nucléaire. Cela le conduisit dans les années 1967 à 1973 à être candidat aux élections législatives, puis permanent à la fédération du Parti Communiste Français, comme responsable du travail du Parti à la campagne. Il fut membre de la section agraire du Comité Central du PCF.
En 1968, Jean intégra les services de la Mairie de Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) pour s’occuper un temps de l’information auprès de Jacques Vigier (maire PCF de Saint-Pierre-des-Corps), avant de reprendre son métier dans le bâtiment au sein des services techniques comme chef de travaux, fonction qu’il occupa jusqu’à sa retraite en 1988.
En 2009, il se vit décerner la Médaille militaire pour son passé de résistant et enfin par décret du Président de la République du 30 octobre 2019 il fut fait Chevalier de la Légion d’Honneur. Cette dernière distinction lui fut remise officiellement le 10 octobre 2020 par son camarade et ami Jacques Marsaud. A propos de cette distinction Jean Soury déclara : « J’ai été surpris lorsqu’on m’a informé que j’allais recevoir cette distinction. C’est un honneur d’avoir cette reconnaissance-là. J’ai une pensée à tous mes copains de la Résistance, ainsi qu’à mon épouse Hélène ».
Jean Soury, en tant que Président de l’ANACR (Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance) transmet son histoire aux plus jeunes, notamment par des interventions dans les collèges et les lycées pour comme il le dit : « qu’ils puissent comprendre ce que nous avons vécu, expliquer ce qu’est le fascisme et surtout pour ne pas oublier ces combattants de l’ombre qui se sont battus il y a plus de 80 ans pour libérer la France ».

Jean SOURY le 10 octobre 2020
(Photo P. Carreau)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240483, notice SOURY Jean (alias le Broussailleur) par Christian Faucompré, version mise en ligne le 15 mai 2021, dernière modification le 23 septembre 2021.

Par Christian Faucompré

Jean Soury le 10 octobre 2020
(Photo P. Carreau)

SOURCES : Discours prononcé par J. Marsaud lors de la remise de sa Légion d’Honneur et article paru dans Clarté journal municipal de Saint-Pierre-des-Corps.

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