GUISIER Achille, Germain. Dans la Résistance : Guy Deslair.

Par Michel Croguennec

Né le 6 janvier 1920 à Rouen (Seine-Inférieure, Maritime), mort le 4 mars 2012 à Mont-Saint-Aignan (près de Rouen) ; monteur-électricien à la Compagnie Centrale d’Energie Electrique à Rouen ; franc-tireur FTP en 1943 groupe Lorraine du Maquis de Barneville, matricule FTP n° 1628 ; Déporté à Mauthausen en avril 1944.

Célibataire, il habitait chez ses parents jusqu’en 1939, 13 rue de la Forêt Verte à Bois-Guillaume (Seine-Inférieure).
Engagé volontaire le 30 octobre 1939, il effectua ses classes dans la Marine nationale à Rochefort puis à Toulon à bord du navire amiral Strasbourg au grade de matelot. Au bout de ses trois années d’engagement, il fut libéré le 6 aout 1942 et revint à Rouen. Le jeune homme va alors rejoindre la Résistance pour continuer le combat et peut-être venger sa sœur arrêtée par la Gestapo faisant partie d’un réseau d’évasion de pilotes alliés. Achille Guisier intègra le groupe Lorraine le 15 mai 1943. Au sein de celui-ci, il participa à au moins cinq coups de main entre le 10 et le 24 août 1943.
Arrêté le 24 août par la police suite à une dénonciation faite par un témoin de l’attaque du centre de distribution de cartes de ravitaillement de Grand-Quevilly à laquelle Guisier participait et qui a reconnu le jeune homme. Entre les mains de la police française et sous la contrainte, celui-ci finit par avouer que ses camarades se cachaient à Barneville dans une grotte du Bois de la Fromagerie près de Bourg-Achard (Eure). Cet aveux obtenu sous la pression des policiers de Rouen provoqua le soir-même l’attaque allemande de la grotte de Barneville et l’écrasement du groupe FTP Lorraine.
Ses camarades arrêtés et internés à la prison Bonne-Nouvelle le seront séparément de Achille Guisier qui, « ayant parlé » fut aussitôt considéré comme un traître. Il restera sept mois interné à part à Bonne-Nouvelle avant d’être déporté. Parti de Compiègne par le convoi du 6 avril 1944, il arriva au camp de concentration de Mauthausen en Autriche le 8 avril 1944 où il fut enregistré sous le matricule 62512. Dans un second temps il fut transféré au camp de travail de Gusen. Achille Guisier revint de déportation en mai 1945. Comme beaucoup de déportés, il gardera de son expérience concentrationnaire des séquelles jusqu’à la fin de ses jours. Celles-ci se manifesteront par diverses maladies dont l’asthénie des déportés et une invalidité à 75 %.
Il est probable que pour avoir craqué et parlé le 24 août 1943 (sous les brutalités de la police française, les menaces de représailles sur sa famille...), Achille Guisier n’a pas été fusillé comme l’ont été sept de ses camarades francs-tireurs arrêtés à Barneville.
De retour de déportation en 1945, les rescapés du maquis demandèrent des comptes à Achille Guisier ainsi qu’à Christian Sénard, autre FTP du groupe qui, lui, s’évada de la prison de Rouen avec l’interrégional FTP Albert Leroy une dizaine de jours avant la fusillade du 8 novembre 1943 au champ de tir du Madrillet où huit FTP périrent sous les balles nazies. En 1949, Achille Guisier fut assigné en justice au tribunal militaire de Metz chargé de juger de sa culpabilité le jour de son arrestation du 24 août 1943. Tenant compte de son réel engagement dans la Résistance et de son aveu obtenu sous la contrainte, les jurés militaires tranchèrent en faveur de sa non culpabilité.
Voir à Maquis de Barneville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240484, notice GUISIER Achille, Germain. Dans la Résistance : Guy Deslair. par Michel Croguennec, version mise en ligne le 16 mai 2021, dernière modification le 5 août 2021.

Par Michel Croguennec

Maquis de Barneville-sur-Seine (Eure) 24 août 1943

SOURCES : Archives Départementales de Seine-Maritime : 51W fonds préfecture.—
54W fonds police judiciaire de Rouen.— 3868W office national des anciens combattants.— AVCC Caen Témoignages oraux des ADSM : Ernest Dargent, André Duroméa, Henri Lefrançais, Henri Levillain, Christian Sénard, enregistré le 12 juin 1991.— Michel Croguennec 1943 le maquis de Barneville Editions L’echo des vagues mars 2017.— Notice biographique Christian Sénard par Michel Croguennec in opus cité précédemment.— Notes de Jean-Paul Nicolas en 2015 pour Maitron des fusillés : les fusillés de Barneville au champ de tir du Madrillet, 8 novembre 1943.

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