MÉNÉTRIER Jean, René, Émile

Par François Ménétrier

Né le 29 août 1920 à Dole (Jura), mort le 4 juillet 1991 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) ; séminariste ; membre de la Mission de Paris ; conseiller municipal de Neuilly-Plaisance (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis) en 1953 et 1959 ; syndicaliste CGC ; conseiller prud’hommes CGC ; militant associatif.

Jean Ménétrier en 1945

Jean Ménétrier était le fils aîné de Félix, René, Léon Ménétrier et de Marguerite, Maria, Léa Theuriet. En 1919, son père était employé de la société PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) en 1919 à Dole. Il termina sa carrière en 1945 comme sous-ingénieur à la SNCF à Lyon. Il était membre de l’Union catholique des cheminots et du tiers ordre de Saint François. Sa mère était dans sa jeunesse infirmière bénévole à la Croix-Rouge française. Aîné de quatre enfants, Jean Ménétrier participa dans les années trente à de nombreux camps des scouts de France à Lons-le-Saunier (Jura) puis à Chambéry (Savoie) jusqu’en 1946. Son nom de totem étant « Cigogne dévouée ».

À la suite de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il effectua un stage de deux mois (septembre et octobre) comme infirmier volontaire à l’hôpital de Lons-le-Saunier, puis fut engagé, toujours comme volontaire, pour la durée de la guerre. Affecté au 28e régiment de génie à Montpellier comme sapeur-infirmier en novembre 1939, il dut affronter des bombardements à Gien (Loiret). Démobilisé le 27 juillet 1940 (canton d’Ardentes dans l’Indre), il décida de se soustraire au STO en entrant au grand séminaire à Chambéry en juillet 1943. En 1946, il décide d’interrompre ses études de théologie et de rejoindre une équipe de la Mission de Paris dans le XIIe arrondissement de Paris animée par Jean-Marie Marzio, à proximité des entrepôts de Bercy. Il était alors sous-diacre. Son immersion immédiate dans le monde ouvrier allait être décisive. Comme nombre de séminaristes et de prêtres-ouvriers, il changea plusieurs fois d’entreprises entre 1946 et 1948.

En juillet 1946, il fut embauché aux Alliages d’étain et dérivés où il exerça le métier d’ouvrier fondeur dans une usine de Montreuil, commune où André Depierre animait une communauté que le livre de Gilbert Cesbron, Les saints vont en enfer, paru en 1952, a fait connaître. André Depierre évoque son souvenir dans un courrier adressé, en 2002, à l’un des fils de Jean Ménétrier : « En effet, je l’ai connu un peu à cette époque, aux débuts de la Mission de Paris. Je me rappelle de lui, comme d’un jeune homme sympathique. […] Je ne l’ai pas vu souvent et ne me rappelle plus s’il envisageait le sacerdoce ou non. » Il travailla ensuite dans une entreprise d’alimentation du XIIe arrondissement de Paris, tout en habitant chez Jean-Marie Marzio au 288, rue de Charenton. Il fut aussi embauché dans un atelier de bois et contreplaqués dans le XIe arrondissement pendant en 1947 et, enfin, dans une autre entreprise d’alimentation à Charenton jusqu’au début de 1948. Il termina cette période de salarié en reprenant une activité de cordonnier-bottier en 1948, dans un local du XIe arrondissement situé au 114, rue Saint-Maur où il apprit le métier sous la conduite de Pierre Riche, un autre prêtre-ouvrier de la Mission de Paris.

Jean Ménétrier était alors domicilié au 33, rue Claude Decaen à Paris XIIe, des immeubles HLM modèles que Jean-Marie Marzio surnommait « les cases » dans lesquels étaient logés plusieurs jeunes garçons et filles fréquentant les prêtres-ouvriers. C’est au sein de cette équipe de clercs et de laïcs de la Mission de Paris du XIIe arrondissement, qu’il rencontre Anne-Marie Pinaud, jeune guide de France de dix-neuf ans domiciliée au même endroit. Il allait l’épouser le 13 novembre 1948 à la mairie du XIIe puis à l’église du Saint-Esprit où Jean-Marie Marzio les maria. Ce fut à cette époque, qu’ils rencontrèrent l’abbé Pierre qui recherchait auprès des équipes de la Mission de Paris un jeune couple pour l’aider dans son installation à Neuilly-Plaisance.

À partir de la fin de 1948, ils habitèrent au 38, avenue Paul Doumer, là où l’abbé Pierre allait ouvrir une auberge de jeunesse affiliée à l’OCCAJ (Organisation centrale des camps et activités de jeunesse) et un centre de rencontres culturelles internationales, prémisses de l’accueil des futurs compagnons et du mouvement Emmaüs.

Si Jean Ménétrier s’embaucha comme agent technique dans une nouvelle entreprise du XIIe arrondissement de Paris (la Maison du papier gommé), son épouse participa à l’accueil des groupes qui fréquentèrent l’auberge de jeunesse et le foyer Emmaüs et assura des fonctions de femme de service pendant quelques années.
Les trois enfants du couple, nés en 1949, 1951 et 1954, passèrent leurs premières années dans la grande maison de Neuilly-Plaisance qui, comme l’évoque notamment Axelle Brodiez-Dolino, « à partir de mai 1948 au fil des travaux de réfection et de construction […] devint l’hiver, un lieu de réunion et d’étude pour des prêtres-ouvriers et prêtres des environs, la Mission de Paris, les équipes ouvrières du MRP, des séminaristes […] l’été une auberge de jeunesse pour jocistes, jécistes et scouts ». À l’été 1951, la maison accueillit les cinq premiers compagnons d’Emmaüs.

Photographe amateur, Jean Ménétrier témoigna de cette période par différentes photographies, notamment celle d’un pique-nique d’une vingtaine de personnes avec l’abbé Pierre, celles du chantier de construction de logements à Pontault-Combault (Seine-et-Marne) par les compagnons et volontaires d’Emmaüs en juillet 1953, celle encore du portrait d’un des premiers compagnons nommé Philibert à la Pentecôte 1952.

Aux élections municipales d’avril 1953, Jean Ménétrier fut élu conseiller municipal de Neuilly-Plaisance sur une liste « Entente républicaine » de Charles Cathala, membre du MRP. Il fut nommé délégué pour l’élection au Conseil de la République en juin 1958 puis délégué comme membre du collège électoral à l’élection du Président de la République en décembre 1958. Réélu aux élections municipales de mars 1959, il fut de nouveau délégué pour l’élection des sénateurs en avril 1959.

Adhérent de la CGC depuis 1962 – Fédération des syndicats de cadres de la métallurgie –, il poursuivit une carrière de technicien puis de cadre dans différentes usines de la métallurgie, du textile et enfin de la chimie dans la région parisienne. Il fut aussi élu conseiller prud’homal CGC au conseil de Boulogne de 1979 à 1987.
Tout au long de son parcours professionnel, il se forma en suivant des cours de comptabilité (1958-1959), d’informatique (1968-1969) et des cours au CNAM (1977-1978). Il prit sa retraite en août 1985 tout en poursuivant son engagement associatif auprès du Secours catholique – délégation d’Asnières depuis 1980 – de l’association TRAMPLEIM-92 où il fut trésorier en 1987, d’aide aux chômeurs de longue durée, une des premières associations intermédiaires des Hauts-de-Seine. Jean ménétrier fut de ceux qui s’engagèrent au nom de l’Évangile, comme le soulignait le texte inscrit sur une croix scoute faisant office d’en-tête de son papier à lettres : « À la suite du Christ sur la route des hommes leur apportant Lumière-Amour-Joie. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240523, notice MÉNÉTRIER Jean, René, Émile par François Ménétrier, version mise en ligne le 18 mai 2021, dernière modification le 21 mai 2021.

Par François Ménétrier

Jean Ménétrier en 1945

SOURCES  : Archives familiales. – Archives de l’archevêché de Paris, service des archives de catholicité, 2017. – Archives municipales de Neuilly-Plaisance, KE1 bis et KE7. – Le Réveil-La Liberté, grand quotidien du sud-est, 13 août 1948. – Le Courrier, 1er octobre 1987. – Émile Poulat, Naissance des prêtres-ouvriers, Paris-Casterman, 1965. – La Mission de Paris. Cinq prêtres-ouvriers insoumis témoignent. Récits de Jean-Marie Marzio, Marie Barreau, Yvonne Besnard, Jean Olhagaray et Jean Desailly rassemblés par Nathalie Viet-Depaule, Paris, Karthala, 2002. – Charles Suaud, Nathalie Viet-Depaule, Prêtres et ouvriers. Une double fidélité mise à l’épreuve (1944-1969), Paris, Karthala, 2004. – Lettres d’André Depierre, 5 mars 2002 et 27 janvier 2005. – Axelle Brodiez-Dolino, Emmaüs et l’abbé Pierre, Paris, Édition Science Po, 2008. — Notes de Nathalie Viet-Depaule.

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