KAMARA Fako

Par Michel Thébault

Né vers 1913 en Guinée (Afrique Occidentale française, aujourd’hui République de Guinée), mort en action le 13 août 1944 à Champagné-Saint-Hilaire (Vienne) ; soldat colonial évadé ; résistant AS de la Vienne, maquis D3.

Selon son acte de décès, Fako Kamara était « âgé d’environ 31 ans, époux de Malolo Traoré, domicilié à Soukouldou, canton de Zinki, cercle de Kissidougou, Guinée française, Afrique Occidentale française ». Sa fiche Mémoire des Hommes indique qu’il avait été mobilisé dans le 16ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais (16e RTS). Ce régiment cantonné à Montauban fut incorporé en septembre 1939 à la 4e division d’infanterie coloniale (D.I.C.). Après avoir stationné en Alsace pendant la Drôle de guerre, la division fut, le 16 mai 1940, après la percée de Sedan, dirigée vers la Somme tenant position à l’est d’Amiens dans le secteur d’Aubigny. Après de violents combats des 26 et 27 mai 1940 qui se soldèrent par le repli français et l’exécution par les Allemands de leurs prisonniers africains, le 16e R.T.S. fit retraite dans l’Oise à Cressonsacq pour couvrir le flanc gauche des armées françaises en retraite. Là encore après de durs combats où les troupes coloniales résistèrent à la poussée allemande, le massacre de tirailleurs sénégalais se poursuivit les 9 et 10 juin à Erquinvillers. Fako Kamara échappa à ces massacres et fut fait prisonnier vraisemblablement un peu plus tard. Il fut interné au Frontstalag 230 de Poitiers. Celui-ci fut fermé en février 1942 mais les Kommandos de prisonniers répartis en en fonction des besoins de l’armée d’occupation furent pris en charge par le Frontstalag 221 de Bordeaux. Il existait alors sur la commune de Champagné-Saint-Hilaire (Vienne) un haras appartenant à Maurice de Rothschild, qui l’utilisait comme haras naisseur pour ses écuries de course. Dès l’été 1940, le lieu fut occupé par l’armée allemande qui y installa une garnison. Les haras devinrent à partir de l’automne 1941 un lieu de repos pour des compagnies retirées du front russe. Une vingtaine de tirailleurs sénégalais dont Fako Kamara furent ainsi dirigés vers les Haras de Champagné-Saint-Hilaire au service des officiers et pour le soin des chevaux.

En août 1944, la situation militaire de l’armée allemande sur le front de l’ouest se dégrada brutalement et l’État-major allemand, en prévision d’un repli devenu prévisible (l’ordre de repli général fut donné le 19 août aux unités allemandes stationnées dans le sud-ouest) ordonna l’évacuation des petites garnisons du sud du département de la Vienne et leur regroupement sur les grands axes de circulation. La préparation du retrait de la garnison installée au haras de Champagné-Saint-Hilaire au lieu-dit « La Villa de Rothschild » n’échappa pas à la Résistance qui attaqua le 13 août 1944 la garnison allemande. Les tirailleurs prisonniers, prévenus la veille, furent rapidement délivrés. Fako Kamara choisit de reprendre aussitôt le combat au côté des maquisards du groupement D3 de l’AS mais fut tué peu de temps après vers 14 heures.

Il obtint la mention Mort pour la France. Son nom est inscrit (mais avec une inversion des ses nom et prénom FAKO K.) sur un monument installé après la guerre à Champagné-Saint-Hilaire, sur le lieu de l’affrontement, pour commémorer la mémoire des résistants morts au combat.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240606, notice KAMARA Fako par Michel Thébault, version mise en ligne le 27 mai 2021, dernière modification le 27 mai 2021.

Par Michel Thébault

SOURCES : SHD Caen AC 21 P 125268 (nc). — Louis Vibrac. « Ce fut la guerre à Champagné-Saint-Hilaire ». Geste Éditions 2012. — Louis Vibrac bulletin municipal Champagné-Saint-Hilairesite VRID (Vienne-Résistance-Internement-Déportation). Durs combats aux haras de Champagné-Saint-Hilaire — Mémoire des Hommes. — Mémorial genweb. — État civil, mairie de Champagné-Saint-Hilaire, registre des décès 1944 acte n° 28.

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