BOURGOIS Émile, Henri, Jules

Par Jean-Louis Ponnavoy

Né le 21 février 1915 à Roubaix (Nord), exécuté sommairement le 30 janvier 1945 à Sonnenburg (aujourd’hui Slonsk, Pologne) ; cheminot ; résistant de l’OCM et des Forces françaises combattantes (FFC).

Émile Bourgeois était le fils d’Émile Joseph, tisserand et militaire réserviste et de Marie Charlotte Cornélie Godaux, garnisseuse. Il fut adopté par la Nation par jugement du Tribunal de Lille le 16 janvier 1920 et se maria le 6 novembre 1939 à Roubaix avec Gilberte Marie Paule Narring. Il suivit une formation d’ingénieur à l’École nationale supérieure des arts et métiers de Lille et en sortit ingénieur dans la promotion 1933. Il effectua ensuite son service militaire au 507e régiment de chars de combat (507e RCC) du 18 octobre 1936 au 10 avril 1938. Il rentra dans ses foyers avec le grade de lieutenant et fut embauché à la SNCF le 21 novembre 1938 comme attaché à l’essai. Il fut mobilisé le 21 août 1939 au 507e RCC avec lequel il fit toute la campagne de 1940. Il fut démobilisé le 16 juillet 1940 et reprit son travail d’attaché groupe III au service de l’Exploitation SNCF au PC du 2e Arrondissement Exploitation, à Saint-André-lez-Lille en août 1942 puis à Lille en 1943. Il fut alors promu inspecteur de la SNCF à Lille. Il était domicilié à Saint-André-lez-Lille avec sa femme et leurs deux enfants.
Émile Bourgeois qui était un fervent patriote était entré à l’Organisation civile et militaire (OCM) en novembre 1940. En décembre 1942, il rejoignit la branche renseignement du réseau Centurie. En 1943, il devint responsable d’arrondissement et fut alors chargé de l’acheminement de la correspondance, de la fourniture de fausses cartes d’identité, du recrutement et de la formation des groupes. Il s’occupa également de la centralisation et de la communication de renseignements sur les transports de l’armée allemande par fer, sur les concentrations de troupes, les dépôts de munitions et l’importance des terrains d’aviation. Émile Bourgeois était également membre du grand réseau belge Zéro-France.
Le 20 juillet 1943, une première opération de répression frappa les cadres départementaux de l’OCM. Les arrestations opérées à cette occasion conduisirent à celle d’Émile Bourgeois le 6 septembre suivant. Il fut interné à la prison de Loos. Le 12 décembre, il fut jugé pour espionnage par le tribunal militaire OFK 670 de Lille en compagnie d’autres responsables de l’OCM, parmi lesquels Eugène d’Hallendre, également cheminot et responsable départemental.
Sur huit hommes jugés, sept furent condamnés à mort dont quatre seront fusillés au fort de Bondues près de Lille. Quant à Émile Bourgeois, il obtint un recours en grâce et à la demande transmise à Berlin, il fut répondu le 22 janvier 1944 que « la peine de mort est levée et que le détenu devra être transféré en Allemagne dans une forteresse et traité comme détenu de réclusion », en clair une condamnation aux travaux forcés à perpétuité.
Le 14 mars 1944, il fut déporté à la prison Saint-Gilles, à Bruxelles avant de partir pour l’Allemagne et d’être interné à la prison de Bruchsal le 22 mai. Le 7 septembre 1944, il fut envoyé à la forteresse de Schwäbisch-Hall puis à la prison de Brandebourg et en janvier 1945, il rejoignit la forteresse de Sonnenburg en Prusse. A l’approche des troupes soviétiques, les 823 détenus de Sonnenburg qui allaient être évacués furent abattus à la mitraillette par groupes de 10, dans la nuit du 30 au 31 janvier 1945 par un kommando de 20 SS et leurs corps furent ensuite incinérés au lance-flammes. Le 1er février des unités de la VIIIe armée soviétique découvrirent le massacre. Léon Faye fut enterré au cimetière de Sonnenburg, aujourd’hui Slonsk (Pologne).
Il obtint la mention « Mort pour la France » et la mention « Mort en déportation » par arrêté du 16 octobre 2009 ainsi que le titre de "Déporté et interné résistant" (DIR) et fut homologué soldat des Forces françaises combattantes (FFC).
Son nom est cité dans le "Livre Mémorial des Déportés de France" de la F.M.D. tome 2 page 343. Il figure sur les plaques commémoratives de l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Métiers, 8 boulevard Louis XIV, à Lille et sur le monument aux morts, à Saint-André-lez-Lille (Nord).
Il reçut à titre posthume la Croix de Chevalier de l’Ordre de Léopold avec palmes, la Croix de guerre 1939-1945 avec palmes et la Médaille de la Résistance par décret du 11/03/1947 publié au JO du 27/03/1947.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240686, notice BOURGOIS Émile, Henri, Jules par Jean-Louis Ponnavoy, version mise en ligne le 5 juin 2021, dernière modification le 5 juin 2021.

Par Jean-Louis Ponnavoy

SOURCES : dossier SHD Vincennes GR 16 P 85527 (nc).— Laurent Thiery dans Cheminots victimes de la répression 1940-1945 Mémorial, sous la direction de Thomas Fontaine, Perrin/SNCF, Paris, 2017.— État civil (acte de naissance).

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