BAUDRY Victor, François alias Mercier et Aubin dans la résistance

Par Eric Panthou

Né le 4 novembre 1914 à Hauville (Eure), mort le 23 août 1998 à Libourne (Gironde) ; membre du Parti communiste (PCF) ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP).

Fils de François Jean Baudry, 40 ans, retraité militaire, et d’Augustine Leclercq, 34 ans, receveuse des Postes, Victor Baudry se maria le 9 avril 1938 à Dadonville (Loiret) avec Camille Armande Bréau, mariage dissous le 14 novembre 1961.
Il milita dès l’âge de 16 ans. Il rejoignit le Parti communiste en 1934 et milita contre la montée du fascisme. Il s’engagea plus tard au soutien à la jeune république espagnole attaquée par le coup d’État de Franco.
Mobilisé en août 1939 au sein du 131ème RI, il fut fait prisonnier le 18 juin 1940 et parvint à s’évader trois jours plus tard. En octobre 1940, après avoir repris contact avec ses camarades communistes, il a rejoint l’Organisation spéciale (OS) du PCF clandestin, reconnue ensuite unité combattante.
Traqué par le SD et la Police de Pétain, il dut rejoindre le Loiret début 1941 où il prit contact avec René Gandrille, Henri Gaget et André Robillard. Ils organisèrent la distribution de la presse clandestine, des sabotages et attentats contre les installations du régime de Pétain. Il fut à l’origine des premiers groupes FTP du Loiret.
Fuyant les polices allemandes et françaises qui avaient déclenché des recherches contre lui jusqu’en région parisienne, il rejoignit le Puy-de-Dôme en novembre 1942, se réfugiant chez son père et son frère qui habitaient Clermont-Ferrand.
Par l’intermédiaire de son frère il put être embauché à la Compagnie hydro-électrique d’Auvergne (CHEA) dans son antenne de Thiers. Cet emploi constituait pour lui un alibi pour ne pas être réquisitionné pour partir en Allemagne.
Sous son faux nom de Mercier, il fut mis en relation par sa logeuse avec un homme qu’elle lui présenta comme un patriote de toute confiance : Adrien Legay. Baudry découvrit alors de Legay tout comme lui était membre du Parti communiste. Très vite, les deux hommes mirent en place l’organisation clandestine des FTP à Thiers avec des groupes en triangle. Le commandement des sédentaires de Thiers lui fut confié. Il organisa ainsi plusieurs actions sur Dorat, Courpière, Pont-de-Dore et Chabreloche en 1943.
Il a appartenu à la formation FTP Guy Moquet. Il était membre de l’état major de la 10éme Compagnie du 103e Bataillon FTP comme lieutenant à la 4éme section, pseudo Aubin. Il fut ensuite homologué sous-lieutenant.
Dans un rapport déposé en 1980 à la mairie d’Aubière (Puy-de-Dôme), Victor Baudry a présenté son parcours et rappelé en quoi la mort de Charles Hainchelin, responsable du Front national à Thiers, avait été une perte importante pour la Résistance mais aussi en quoi l’absence de son témoignage pouvait nuire à une histoire sujette à de nombreuses polémiques.
Dans ce document, Victor Baudry dénie à René Beaujeu le droit de se présenter comme l’un des responsables des FTP après que ce dernier ait rédigé un document intitulé Vérité sur la Libération de la Ville de Thiers.
Baudry indique que la décision de libérer Thiers par les armes avait été prise car plusieurs informations indiquaient que le commandement allemand voulait raser la ville. Dans ses mémoires manuscrites, Alphonse Rozier précise que c’est parce que Thiers était la concurrente de la capitale allemande de la coutellerie, Solingen, qu’Hitler aurait pris une telle décision rapportée à Darnand puis à un FTP infiltré dans la Milice. Ces combats eurent lieu les 25 et 26 août 1944, conduisant à la reddition des éléments du 18e Grenadiers SS de la Division "Horst Wessel".
Baudry déplora le fait que le commandant Victoire ait figé sur place ses troupes aux portes de la Ville sans intervenir.
Après la Libération, il s’engagea au sein de la 1ère Armée et se battit en Alsace et en Allemagne où il fut démobilisé le 10 mai 1945.

Il reçut la Croix de guerre avec étoile, remise lors des cérémonies place de Jaude à Clermont-Ferrand le 24 septembre 1944. Il reçu également la médaille de la Résistance (JO du 11/07/1946) et la Médaille militaire le 5 août 1983 à Thiers. Il fut nommé Chevalier de la Légion d’Honneur le 25 août 1991. Il fut membre de l’ANACR depuis sa fondation jusqu’à sa mort.
Il vécut à Colombes (Hauts-de-Seine) après-guerre et habitait Castillon-la-Bataille (Gironde) en 1980.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240757, notice BAUDRY Victor, François alias Mercier et Aubin dans la résistance par Eric Panthou, version mise en ligne le 4 juin 2021, dernière modification le 13 juin 2021.

Par Eric Panthou

SOURCES : Victor Baudry. Rétablir la vérité. Sur la Résistance par les FTPF. Sur les combats de la Libération à Thiers. Face aux falsifications ou contre vérité d’où qu’elles viennent, 30 janvier 1980, 6 p. dactyl. Archives Philomen Mioch. Copie transmise par Rose Blin-Mioch. — « Du haut de ses 16 ans et demi, Marcel Guillaume a lui aussi apporté sa (petite) pierre à l’édifice », La Montagne Thiers-Ambert, lundi 25 août 2014. — Témoignage oral de Marguerite Arlaud à Eric Panthou. — "Victor Baudry. Chef des Groupes FTPF de Thiers", Résistance d’Auvergne, n°111, 3ème semestre 1998. — SHD Vincennes, dossier 19 P 63/6 : historique camp FTP Guy Moquet. — Archives privée Martine Besset. —Pour la France, organe des FTPF du Puy-de-Dôme, n°2, 28 septembre 1944. — État civil Hauville (en ligne). — Généanet.

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