Par Jean-Marie Guillon
Né le 9 juillet 1900 à Turin (Piémont, Italie), mort en 1980 à Vénissieux (Rhône) ; mécanicien, chauffeur, maçon ; communiste italien et français ; volontaire Brigades internationales ; Francs-Tireurs et partisans-Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI).
Fils de Filippo Piacenza et d’Angela Candellero, mécanicien et chauffeur de profession, Charles Piacenza avait adhéré au parti communiste italien (PCI) d’emblée, en janvier 1921. Il fut arrêté en 1923 après une bagarre avec les fascistes et inculpé de coups et blessures. Il fut condamné à trois mois de prison, mais aussitôt amnistié. Il émigra de façon légale en France en 1924 et s’établit à Grenoble (Isère). Il fut arrêté au Luxembourg en 1928, probablement envoyé là par le parti. Il en fut expulsé pour raisons politiques. Il déménagea l’année suivante et s’installa à Villeurbanne (Rhône), 68 rue Hippolyte Khan. Repéré par le consulat d’Italie à Lyon comme propagandiste et abonné à La vie Prolétarienne, il fut noté comme à arrêter s’il passait la frontière. Naturalisé français, membre du PCF, il fit partie du groupe de langue italienne de la région lyonnaise, principalement chargé du comité prolétarien antifasciste et de l’aide apportée par le Secours rouge aux victimes du fascisme et à leurs familles. Marié avec Françoise Bertinotti et père d’un enfant, il s’engagea comme volontaire pour l’Espagne républicaine au début décembre 1936. Il fut dirigé, via Figueras (Catalogne), sur Albacete (Castille-La Mancha), siège de l’état-major des Brigades internationales et s’y engagea le 12 décembre. D’abord affecté comme chauffeur au parc des Brigades à Albacete, envoyé ensuite dans un régiment de la XIVe Brigade La Marseillaise, puis déplacé à Almansa (province de Murcie, Andalousie) à la base de l’artillerie internationale, il fut enfin intégré à la XIIe Brigade Garibaldi lorsque l’état-major décida de regrouper les volontaires sur une base nationale et linguistique. Il s’inscrivit au Parti communiste espagnol (PCE) en juin 1938. Il rentra en France à la démobilisation des Brigades fin octobre 1938 et s’installa à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône). Il travaillait comme maçon. Beaucoup de ses connaissances le croyaient espagnol. Cependant, il présidait la section locale de l’Union populaire italienne (UPI). Il joua un rôle important dans la Résistance communiste locale, dont il fonda le premier noyau. Il était vraisemblablement en contact avec le parti communiste italien reconstitué dans la clandestinité et avec la MOI. Il recruta de jeunes militants – certains d’origine italienne - dont Olivier Menicucci qui le remplaça avant d’être interné. Les frères Bonein, Marcel et Rémy, les frères Vivaldi, Lucien et Serge, Gaston Viens faisaient, entre autres, partie de ce groupe. Il dirigea ces recrues vers les FTP et les FTP-MOI de Marseille (Bouches-du-Rhône). Ce fut le cas en 1943, en particulier, de Menicucci après son évasion et d’Albéric D’Alessandri. Il quitta son domicile le 4 juin 1943, la veille de l’attentat contre les soldats allemands que Korzec, D’Alessandri et Marcel Bonein effectuèrent à Marseille sur la Canebière à la sortie du cinéma Le Capitole. Après l’arrestation de ces derniers, la police française remonta jusqu’à lui. Son domicile fut perquisitionné, la police découvrit un fanion des Brigades internationales et des documents communistes datant d’avant la dissolution du PC. Son épouse prétexta une brouille entre eux provoquée par la découverte d’un billet signé Louise pour expliquer son départ. Un mandat d’arrêt fut délivré contre lui le 10 novembre 1943. Sans doute avait-il rejoint à Marseille les groupes FTP-MOI qui allaient constituer la compagnie Marat. On ne sait précisément ce que furent son action et ses responsabilités, mais il est probable que Piacenza se confonde avec le Dino qui était l’un des responsables FTP-MOI des Alpes-Maritimes.
Après la Libération, Charles Piacenza revint vivre à Villeurbanne, puis déménagea pour Vénissieux où son épouse, Françoise, décéda. Lui-même mourut assassiné au Maroc et y fut enterré.
Par Jean-Marie Guillon
SOURCES : Arch. dép. Bouches-du-Rhône 8 W 64 (dossier Section spéciale cour appel Aix-en-Provence). —SHD Mémoire des hommes Vincennes GR 16 P 474693 (nc). — Site AICVAS (Banca dati delle biografie dei volontari et Con la Spagna nel nostro cuore 1936-1939, Rome, 1996, p. 361. — Max Burlando, Le Parti communiste et ses militants dans la Résistance des Alpes-Maritimes, La Trinité, Fédération PCF des Alpes-Maritimes, 1974, p. 79. ⎯ Grégoire Georges-Picot, L’Innocence et la ruse. Des étrangers dans la Résistance en Provence 1940-1944, Paris, Éditions Tirésias, 2000, p. 97-98 (témoignage Olivier Menicucci). — Casimir-Pierre Mathieu, La résistance à l’oppression. La Première et la deuxième guerre mondiale. La Résistance, Cavaillon, imprimerie Mistral, 1978, p. 209-210. - Renseignements Manon Besset.