LABIDIE Mohamed ou Ben Mohamed

Par Michel Thébault

Né en 1916 dans la région de Kairouan (Tunisie), exécuté sommairement le 27 juillet 1944 à Antigny (Vienne) ; soldat colonial évadé ; résistant FTPF de la Vienne, maquis Cram.

Mohamed Labidie était originaire de Tunisie, né à 30 kilomètres de Kairouan. Mobilisé en septembre 1939, il fut incorporé dans le 28ème Régiment de Tirailleurs Tunisiens en garnison à Montélimar (Drôme). Ce régiment appartint en 1940 à la 1ère DINA (Division d’Infanterie Nord-Africaine) placée en réserve générale du GQG (Grand Quartier Général). Elle fut engagée le 15 mai 1940 à la frontière franco-belge, au sud de Maubeuge pour tenter de fermer la trouée de Trelon (Nord). Le 28ème RTT placé au nord de Trelon résista deux jours les 16 et 17 mai à la poussée allemande avant de devoir faire retraite vers le nord combattant dans l’Avesnois, à La Bassée et à Béthune. Pratiquement anéanti, il n’en restait pratiquement rien fin mai et seuls quelques éléments purent se rembarquer à Dunkerque. Il est vraisemblable que ce fut dans ces circonstances que Mohamed Labidie fut fait prisonnier. Il fut interné comme la plupart des prisonniers coloniaux dans un Frontstalag : le Frontstalag 221 de Bordeaux puis transféré au Frontstalag 230 de Poitiers (Vienne). Celui-ci fut fermé en février 1942 mais les Kommandos de prisonniers répartis en fonction des besoins de l’armée d’occupation restèrent dans la Vienne et furent pris en charge par le Frontstalag 221 de Bordeaux. Mohamed Labidie resta manifestement dans la Vienne jusqu’en 1944. Il s’évada à une date qui reste à préciser et s’engagea dans la Résistance rejoignant dans l’est du département de la Vienne le maquis FTPF Cram. Ce maquis formé par le lieutenant Farineau le 6 juin 1944 à partir d’éléments sélectionnés dans plusieurs autres groupes de maquisards vint d’abord s’établir dans la région de Bourg-Archambault à proximité de l’Indre et de la Haute-Vienne. Fin juin le maquis avait un effectif de 45 hommes.

Un récit contenu dans le dossier d’homologation du groupe Cram (Mémoire des Hommes op. cit.) relate les circonstances de la mort de Mohamed Labidie et de deux de ses camarades Antoine Domagalski et Émile Berger : « Le 25 juillet le groupe reçoit l’ordre de se porter dans la région de Paizay-le-Sec, afin d’interdire la route de Poitiers à Châteauroux entre Saint-Savin et Paizay. Le 27 il attaque un convoi de SS à Sioulvres [lieu-dit sur la commune de Saint-Savin]. L’ennemi est agressif et bien armé mais après un combat de deux heures il est obligé d’abandonner sur place ses véhicules et la majeure partie de son armement, il bat en retraite à travers champs, laissant sur le terrain une dizaine de morts et trois prisonniers aux mains du groupe. Trois patriotes du groupe tombés aux mains de l’ennemi furent atrocement mutilés, tués et laissés sur place. Cette attaque valut au groupe une citation à l’ordre de la brigade ». L’acte de décès de Labidie Ben Mohamed enregistré à Antigny commune voisine de Saint-Savin (et transcrit le 26 octobre 1944 à l’état civil de Paris Ier arrondissement, acte n° 560), indique qu’il a été tué à 15 heures 30 minutes au lieu-dit Le bois des Buissons, sur la commune d’Antigny (le lieu-dit Les Buissons se situe au sud de la route de Saint-Savin à Poitiers). Il fut inhumé dans le cimetière communal d’Antigny.

Il obtint la mention mort pour la France et fut homologué FFI. Son nom est inscrit sur une stèle offerte par le Parti Communiste, à la sortie ouest de Saint-Savin : "A la mémoire des F.F.I. tombés glorieusement le 27 juillet 1944 ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240955, notice LABIDIE Mohamed ou Ben Mohamed par Michel Thébault, version mise en ligne le 12 juin 2021, dernière modification le 5 août 2021.

Par Michel Thébault

SOURCES : SHD Vincennes GR 16 P 325414 (nc). — Archives collectives des Forces françaises de l’intérieur (site Mémoire des Hommes) FTPF groupe Cram GR 19 P 86/40. — Mémoire des Hommes. — Mémorial genweb. — État civil, mairie d’Antigny, registre des décès 1944 acte n° 9.

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