FARAUD Roger

Par Yves Dauriac, Gilles Morin

Né le 7 mai 1903 au Pin (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), mort le 8 avril 1987 à Saintes (Charente-Maritime) ; instituteur ; résistant ; président du Comité départemental de Libération de la Charente-Maritime ; militant et élu socialiste SFIO puis PS de Charente-Maritime, membre du comité directeur de la SFIO (1958-1969) ; conseiller général, député (1945-1958).

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946]

Fils d’un paysan sabotier du canton de Jonzac (Charente-Inférieure), Roger Faraud obtint le brevet supérieur. À l’issue de ses études à l’École normale d’instituteurs de La Rochelle, il fut nommé en 1923 instituteur au Quesnoy (Nord). Revenu en Charente-Inférieure, il occupa successivement des postes à Montguyon, Thenac, Saint-Thomas-de-Cônac et Clérac. Le 16 avril 1925, Roger Faraud s’était marié à Vilerac (Charente-Inférieure) ; il était père de deux enfants.

Militant de la Ligue des droits de l’Homme dès sa jeunesse, Roger Faraud adhéra à la SFIO en janvier 1928 et devint le porte-parole du parti dans le sud du département. Il fut candidat SFIO au conseil général en octobre 1931 dans le canton de Mirambeau. En 1932 et en 1936, il se présenta aux élections législatives à Jonzac. En 1932, à l’unique tour de scrutin qui vit l’élection du député radical Sclafer, Roger Faraud obtint 2 262 voix sur 17 138 inscrits, là où, en 1928, le candidat SFIO n’en avait recueilli que 326. En 1936, sur 20 198 inscrits, il se plaça, avec 5 003 voix, derrière Sclafer, se maintint au second tour mais dut s’incliner devant le député sortant avec 5 502 suffrages contre 8 465. Lors d’une élection partielle à Mirambeau, le 17 octobre 1936, Roger Faraud fut élu conseiller général mais fut battu lors du renouvellement de 1937. Il échoua encore l’année suivante à Monthieu.

Le gouvernement de Vichy le déplaça en Charente. Dès le début de 1943, Roger Faraud participa de manière très active à la Résistance et devint le responsable de l’« armée secrète » (AS) pour la région de Jonzac. Aprè avoir échappé le 16 octobre 1943 à la Gestapo venue pour l’arrêter, il poursuivit la lutte en Poitou-Charentes comme responsable du mouvement « Libération-Nord ». Il réorganisa en même temps le Parti socialiste clandestin. Chargé de mission pour le CNR dans la région Poitou-Charentes, Roger Faraud présida le Comité départemental de Libération de Charente-Maritime. Son action de résistant lui valut la Croix de guerre avec palmes, la Légion d’honneur et la médaille de la Résistance.

Directeur politique du journal socialiste local de La Voix socialiste, Roger Faraud ne parvint pas à redevenir conseiller général de Mirambeau en 1945 car il fut battu par le radical Moreau. Il siégea par contre au Palais-Bourbon de 1945 jusqu’en 1958. Le congrès de la fédération socialiste de Charente-Maritime avait désigné André Maudet* comme tête de liste pour les élections à l’Assemblée constituante d’octobre 1945. Mais ne souhaitant pas être parlementaire, ce dernier se désista en faveur de Roger Faraud, placé en seconde position sur la liste. Tous deux furent élus. Roger Faraud fut réélu en juin 1946 à la seconde assemblée constituante, puis à toutes les assemblées législatives de la IVe République. Il fut secrétaire de l’Assemblée nationale et siégea régulièrement à la commission de l’Éducation nationale.

Roger Faraud, qui dénonçait le danger « totalitariste » représenté par le Parti communiste et le RPF du général de Gaulle, participa au plan local à la formation de la Troisième force. Sa profession de foi pour les élections de 1951, où sa liste était apparentée avec celles du RGR et du MRP, était explicite : « Le général Boulanger a été balayé de la scène politique ; le colonel de La Rocque a été balayé de la scène politique ; le maréchal Pétain a été balayé de la scène politique. Les deux premiers par une vague de bon sens populaire ; le vieillard sénile, par le magnifique sursaut de Résistance populaire. C’étaient tous des officiers supérieurs ! Réfléchissez ! Tous des officiers supérieurs comme le maréchal Pidsulski, comme le général Franco, comme le général Péron, comme le maréchal Staline. Réfléchissez !! Continuerons-nous à nous gouverner nous-mêmes ? Serons-nous dirigés par une caste militaire dictatoriale ? Notre armée sera-t-elle commandée, comme en Pologne, par un général soviétique ? Tous ces militaires nous entraîneront-ils dans la guerre ? »

Après les élections et la rupture de l’alliance, Roger Faraud s’éleva vivement à la tribune de l’Assemblée nationale contre la loi Barangé d’aide à l’enseignement privé et intervint régulièrement sur les questions de la jeunesse et des sports (pour son action parlementaire, voir le Dictionnaire des Parlementaires français, 1945-1958). Après la dissolution de décembre 1955, il mit surtout l’accent sur la défense de la laïcité et présenta sur sa liste Germaine Martin-Combes, son amie de Résistance et la fille du président du conseil anticlérical Émile Combes. Il soulignait qu’elle constituait « un symbole auquel les Républicains seront sensibles ». Sa liste perdit pourtant encore des voix et il ne dut sa réélection de janvier 1956 qu’à l’invalidation du poujadiste Armandon.

Roger Faraud se montra toujours un militant discipliné, suivant les décisions des congrès même quand le groupe socialiste se divisait. Il vota notamment en faveur de la Communauté européenne de défense (CED) et des Accords de Paris, approuva les pouvoirs spéciaux en Algérie (il avait signé la motion majoritaire présenté par Pierre Commin au congrès de 1956) puis leur renouvellement. Après s’être prononcé contre le principe de la liberté de vote pour le groupe socialiste, Roger Faraud vota l’investiture du Général de Gaulle le 1er juin 1958. Le lendemain, il accorda les pleins pouvoirs au gouvernement et approuva la révision constitutionnelle.

Battu aux élections législatives de novembre 1958, Roger Faraud déposa une plainte en réponse aux violences dont il avait fait l’objet de la part de manifestants poujadistes le 17 novembre lors d’une réunion électorale à Montendre.

En 1956 et 1957, Roger Faraud s’était présenté sans succès à l’élection du comité directeur de la SFIO. Il y entra au congrès d’Issy-les-Moulineaux en 1958 et y siégea jusqu’à la disparition de la SFIO en 1969. Il participa donc à pratiquement tous les congrès et conseils nationaux du parti. Il appartint ainsi par exemple à la commission « Socialisme-Laïcité-Éducation » des Journées nationales d’études des 7 au 10 mai 1959, à la commission des résolutions du conseil national du 11 avril 1960 et à la commission de réintégration au congrès de 1965.

Vice-président de la FGDS du département lors de sa constitution en mai 1966, Roger Faraud était membre de la tendance « Bataille socialiste » du Parti socialiste en 1971.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24104, notice FARAUD Roger par Yves Dauriac, Gilles Morin, version mise en ligne le 2 janvier 2009, dernière modification le 3 juillet 2009.

Par Yves Dauriac, Gilles Morin

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946]
[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956]

SOURCES : Arch. Nat., F/1a/4027 ; F/1cII/217, 552, 568 ; CAC, 19830172, art. 87. — Arch. OURS, dossiers Charente-Maritime, F9/26MM ; fichier « Bataille socialiste », fonds Claude Fuzier. — Conseils généraux, élections, résultats officiels, octobre 1931 J.L.L. D’Artrey directeur. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Bulletin intérieur de la SFIO, n° 111. — Profession de foi aux élections législatives de 1958. — La Voix socialiste, 1931-1936. — La Vie socialiste, 14 mai 1932. — Les Cahiers d’information du militant, n° 16, mai 1936. — Dictionnaire des Parlementaires français, 1945-1958. — Notes de Justinien Raymond. — État civil du Pin.

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