ASTIÉ DE VALSAYRE Marie-Rose [pseudonyme de TASTAYRE Claire]

Par Julien Chuzeville

Née le 30 août 1846 à Paris, morte le 8 juin 1915 à Paris (XIIIe arr.) ; musicienne et compositrice, puis écrivaine et journaliste ; militante féministe et socialiste.

Marie-Rose Astié de Valsayre dans La Presse du 4 mars 1893.

Marie-Rose Astié de Valsayre se fit d’abord connaître comme violoniste et compositrice, sous le nom de Marie de Valsayre. Elle épousa ensuite le docteur Astié, et mena des études médicales.
À partir de 1885, Marie-Rose Astié de Valsayre écrivit régulièrement dans le journal La Citoyenne, d’Hubertine Auclert. En juillet 1887, elle publia une pétition aux députés pour leur demander « d’éliminer la loi routinière qui interdit aux femmes de porter le costume masculin, tout aussi décent, quoi qu’on en puisse dire, surtout incontestablement plus hygiénique ». Elle appelait ainsi les parlementaires à « décréter la liberté du costume ».

En 1887, la « citoyenne Astié de Valsayre » était militante de la Fédération des travailleurs socialistes de France. Elle prit part en août 1887 puis en juin 1888 aux congrès de l’Union fédérative du Centre de la FTSF. Elle représentait le groupe « Le Droit des Femmes, société du suffrage des femmes ». Après la scission de ce parti en 1890, elle milita au Parti ouvrier socialiste révolutionnaire (courant dit allemaniste, voir Jean Allemane).
Marie-Rose Astié de Valsayre travailla à la création de syndicats de travailleuses. Le 15 novembre 1888, elle prit la parole lors d’une réunion à la Bourse du Travail de Paris, affirmant que « le syndicat serait le meilleur moyen de permettre aux intéressées de revendiquer leurs droits et d’obtenir à travail égal un salaire égal ».

En septembre 1889, elle participa à la création de la Ligue socialiste des femmes (également appelée Ligue des femmes socialistes), puis de la Ligue de l’affranchissement des Femmes (dont elle était secrétaire en 1890). En juin 1891, Astié de Valsayre fut l’une des trois déléguées de la Ligue de l’affranchissement des Femmes au congrès national du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire, aux côtés des citoyennes J. Charrière et Marette. Elle était également membre de la Libre pensée.
En novembre 1891, elle cosigna en tant que secrétaire de la Ligue de l’affranchissement des Femmes un appel pour « le droit de l’avortement ».

Elle se déclara candidate aux élections législatives de septembre 1889 dans le XVIIIe arrondissement de Paris, mais les bulletins à son nom ne furent pas comptabilisés.
En 1893, elle fut candidate aux élections municipales à Paris avec quatre autres femmes, dont l’ouvrière Jarrethout. Leur programme s’inspirait de l’orientation « socialiste révolutionnaire pour la conquête de la République sociale », et prévoyait « l’égalité absolue de l’homme et de la femme ».
Elle tenta de nouveau d’être candidate pour les législatives d’août 1893, mais renonça devant le refus du maire du VIIe arrondissement. Au nom de la Ligue socialiste-révolutionnaire pour l’affranchissement des femmes, elle appela les électeurs à voter « pour le triomphe de la Révolution sociale ».
Astié de Valsayre fut de nouveau candidate en janvier 1894, cette fois pour les élections au Sénat.

De 1897 à 1901, Marie Astié de Valsayre publia La Femme de l’avenir, qui se présentait comme « journal indépendant, littéraire, scientifique et de défense des intérêts féminins ». Elle écrivit en 1899 dans L’Action féminine de Maximilienne Biais. Elle participait encore à des réunions publiques socialistes au début du XXe siècle.

Son nom est parfois écrit par erreur « Mme Astié de Valayre » ou « Astier de Valsayre ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article241128, notice ASTIÉ DE VALSAYRE Marie-Rose [pseudonyme de TASTAYRE Claire] par Julien Chuzeville, version mise en ligne le 19 juin 2021, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Julien Chuzeville

Marie-Rose Astié de Valsayre dans La Presse du 4 mars 1893.

ŒUVRE : Mémoire sur l’utilité de l’enseignement de grammaire dans l’instruction de la femme, 1883. — Sous le pseudonyme de Jehan Des Etrivières : Les Amazones du siècle, 1882. — Sous le pseudonyme de Fernand Marceau : Le Secret d’Hermine, 1896. — Une nouvelle de Marie-Rose Astié de Valsayre intitulée Pas de chance ! fut publiée en deux parties dans Le Cri du Peuple, alors dirigé par Jean Allemane, en novembre 1901 ; une courte nouvelle, La Rafle, dans L’Humanité du 7 août 1912.

SOURCES : Nicole Cadène, « Une féministe de papier ? Astié de Valsayre, des feux de l’actualité au temps de l’histoire », dans Pleins feux sur les femmes (in)visibles, Presses universitaires de Nancy, 2021. — Notice de Charles Sowerwine et Nicole Cadène dans Christine Bard et Sylvie Chaperon (dir.), Dictionnaire des féministes, France, XVIIIe-XXIe siècle, PUF, 2017. — Notice de la BNF. — Christine Bard, Une Histoire politique du pantalon, Seuil, 2014. — Parti ouvrier socialiste révolutionnaire, Compte rendu du Xe Congrès national tenu à Paris du 21 au 29 juin 1891, p. 6. — Le Figaro, 8 novembre 1874. — Le Cri du Peuple, 9 août 1887. — Le Prolétariat, 13 août 1887. — La Petite République, 17 novembre 1888. — Le XIXe siècle, 19 septembre 1889. — Journal des débats politiques et littéraires, 20 septembre 1889 et 1er septembre 1893. — Le Soir, 25 septembre 1889. — Le Temps, 15 juillet 1890 et 21 décembre 1893. — L’Événement, 21 novembre 1891, p. 1. — L’Univers, 4 mars 1893. — Le Parti ouvrier, 1888-1894.

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