MORA Pierre, Paul

Par Daniel Grason

Né le 9 octobre 1919 à Paris (VIIIe arr.), mort le 18 juillet 2005 à Colombes (Hauts-de-Seine) ; résistant ; déporté.

Fils d’Annette Rosaz, trente-trois ans, ménagère, domiciliée à Clichy-la-Garenne (Seine, Hauts-de-Seine) il naquit au 208 rue du faubourg Saint-Honoré à Paris (VIIIe arr.). Il fut reconnu par Pierre Mora le 6 mai 1932.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il vivait 74 avenue de la République à Nanterre (Seine, Hauts-de-Seine). Il loua un local pour stocker des tracts et des brochures au 56 rue de la Roquette à Paris (XIe arr.). Il assurait le transport du matériel avec une remorque qu’il accrochait derrière sa bicyclette. Il fut arrêté par des policiers le 15 juillet 1942, des brochures furent saisies.
Après huit jours passés dans les locaux des Brigades spéciales, il a été transféré au dépôt, puis incarcéré à la prison de la Santé. Il comparut le 1943 devant la Section spéciale qui le condamna à trois ans de prison. Il fut successivement incarcéré à la centrale de Poissy, puis à Melun, Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne).
Pierre Mora était dans le convoi de 2 073 hommes qui partit le 12 mai 1944 de Compiègne à destination de Buchenwald en Allemagne. Il y transita et fut affecté au kommando de travail de Schönebeck, à vingt kilomètres au sud de Magdebourg. Les déportés travaillaient pour la firme Junkers à la fabrication de pièces d’avion. Les prisonniers furent envoyés à Mühlhausen où ils travaillèrent pour la même firme à la fabrication de fuselages et de pièces de gouvernes.
De retour à Buchenwald, il participa aux actions de solidarité à l’intérieur du camp qui étaient autant d’actes de résistance à la barbarie. Le 11 avril 1945 dans l’après-midi, l’armée américaine conduite par le général Patton libérait Buchenwald. Le Comité militaire clandestin international l’accueillit. Le Comité des intérêts français était composé de : Frédéric-Henri Manhès, Albert Forcinal, Marcel Paul, Robert Darsonville et Jean Lloubes représentaient les français au sein de ce comité précisa Olivier Lalieu dans son ouvrage La zone grise ? La résistance française à Buchenwald.
Dans 1945 La découverte, Annette Wieviorka soulignait : « c’est avec l’arrivée du résistant communiste Marcel Paul, en mai 1944, qui devient l’interlocuteur des dirigeants allemands, que le parti communiste français s’organise véritablement à Buchenwald et qu’il rassemble d’autres courants de la Résistance dans le Comité des intérêts français. Désormais, le Comité est à présent dans l’organisation de résistance du camp et peut protéger certains détenus. »
Le 4 juin 1945 il témoigna devant la commission rogatoire qui examinait l’activité de l’inspecteur A. Il déclara avoir été interpellé à son domicile par quatre inspecteurs. Sur photographie, il en reconnaissait un. Il fit part des mauvais traitements que lui infligèrent les policiers : « J’ai été interrogé et frappé par D. et ses collègues, à coups de poing au visage et dans le ventre. »
Il mentionna que sa bicyclette et sa remorque avaient été saisies, il déposa plainte contre les inspecteurs qui l’arrêtèrent, et contre ceux qui le frappèrent.
Pierre Mora épousa Nérina Magnan le 5 juillet 1947 en mairie du VIIIe arrondissement de Paris. Il a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déporté, interné, résistant (DIR).
Il mourut le 18 juillet 2005 à Colombes (Hauts-de-Seine).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article241153, notice MORA Pierre, Paul par Daniel Grason, version mise en ligne le 20 juin 2021, dernière modification le 20 juin 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. PCF carton 13 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 27 juillet 1942, 77 W 3115-301486. – Bureau Résistance GR 16 P 428650. – Annette Wieviorka, 1945 La découverte, Éd. Seuil, 2015. – Olivier Lalieu, La zone grise ? La résistance française à Buchenwald, préface de Jorge Semprun, Éd. Tallandier, 2005. – Pierre Durand, Les Français à Buchenwald et à Dora, Éd. Sociales, 1977. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – FMD base des Hauts-de-Seine. – État civil numérisé 8N 180 acte n° 1615 Paris (VIIIe arr.).

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