MIGNATON Fernand, Eugène, Adrien (« Dupré » dans la Résistance)

Par Michel Gorand

Né le 6 novembre 1900 à Saint-Georges-la-Pouge (Creuse), mort le 18 septembre 1970 à Saint-Georges-la-Pouge ; instituteur (1924-1944) puis directeur d’École (1935-1944). Commandant AS puis FFI. maire de Saint-Georges-la-Pouge (1959-1970).

Fils de Jules, Joseph et de Marie, Georgette Mounot, son épouse, morte en 1903. Fernand Mignaton vécut son enfance à la Rougerie commune de Saint-Georges-la-Pouge et il obtint son certificat d’études primaires en juin 1913 ; ensuite il fut interne à l’école primaire supérieur de Bourganeuf (Creuse) où quatre ans plus tard il obtint le brevet élémentaire puis le concours d’entrée à l’École Normale de Châteauroux. Appelé au service militaire en 1920, il suivit l’école des officiers de réserve à Saint-Maixent, puis nommé Lieutenant, il fut incorporé en 1921 au 94ème régiment d’infanterie à Bar-le-Duc (Meuse) ; il fut envoyé en janvier 1923, pour l’occupation de la Rhur, dans la ville d’Hattinguen où il termina son service en septembre. Il fut alors nommé, en octobre 1923, instituteur à Lignerolles (Indre) puis en 1935, Directeur de l’école de Briantes (Indre). Il était Capitaine de réserve et ses sentiments anti-collaborationnistes étaient connus : fin juin 1943 Gaston Langlois, par l’intermédiaire des résistants de Briantes, prit rendez-vous avec lui et lui proposa de s’engager dans la résistance Armée secrète (AS) comme chef militaire du secteur de La-Châtre, ce qu’il accepta spontanément. Au cours des premiers mois de 1944 il rencontra le capitaine Robert Vollet chargé de la formation des hommes qui devront assurer l’encadrement des troupes. A partir de mars 1944 Mignaton devint officiellement le Capitaine « Dupré » (son nom dans la résistance) chef militaire de l’Armée Secrète pour le secteur de La-Châtre. Il assista G. Langlois le 6 avril 1944 lors de l’opération de réception de trois officiers de Londres (Mission Beaudoin) qu’il cacha pendant trois semaines. Le 23 avril, avec Robert Monestier, il élabora l’organisation militaire du secteur AS de La-Châtre en 3 unités qui deviendront, en juin 1944, les 3 bataillons légers du Groupe Indre-Est (GIE). Fernand Mignaton échappa de peu à la Gestapo le 8 mai 1944 et entra alors dans la clandestinité, dans l’Indre et la Creuse ; il prépara alors la constitution du noyau des 3 bataillons du GIE puis, le Commandant Mignaton, des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) réapparut le 7 juin 1944 : il prit le commandement du cantonnement du Virolan, près de Briantes où furent regroupés les premiers éléments qui formèrent la 1ère compagnie du 1er bataillon du Groupe Indre-Est (GIE) commandé par Robert Vollet.

Le 12 juin, Fernand Mignaton, accompagné du Chef de bataillon Dubreuil, rencontra les deux émissaires de la Sous-Préfecture de Saint-Amand-Montrond (Cher) à la recherche de Madame Bout-de-L’An, prisonnière de la résistance, et épouse du secrétaire général de la Milice de Vichy qui était un adjoint de Darnand : le 6 juin 1944 une action commune de résistants AS et FTP (Francs-Tireurs et Partisans) avait pris d’assaut le siège de la Milice de Saint-Amand mettant des miliciens hors de combat et faisant des prisonnières dont Madame Bout-de-l’An et quatre miliciennes ; les résistants avaient quitté la ville dès le lendemain en direction du Sud, mais en réaction, un fort contingent de soldats allemands, en provenance d’Orléans et de Moulins, était venu occuper Saint-Amand dans la journée du 8 juin, faisant une vingtaine de victimes civiles et militaires . Dès le 9 juin la Milice arrêta 54 otages devant être fusillés si Madame Bout-de-l’An n’était pas libérée. A la rencontre du 12 juin Mignaton rédigea une lettre précisant que « Le chef de l’AS du secteur de La-Châtre, Mignaton alias Dupré, répond de la vie de Madame Bout-de-l’An….. » et qu’il met tout en œuvre pour sa liberté mais qu’il exige que les otages soient libérés et la ville de St-Amand épargnée. La lettre fut signée en présence du Maire-Adjoint d’Urciers (Indre), et marquée du cachet de cette commune ; elle fut portée ensuite au maquis de Saint-Amand replié au château de Mérignat près de Bourganeuf (Creuse) qui détenait les prisonnières ; une copie fut remise aux émissaires, destinée à M. Bout de l’An. Quelques jours après le 17 juin, une voiture vint à Dun-le-Palestel (Creuse) pour récupérer Mme Bout de l’An et les quatre miliciennes ; les 54 otages furent libérés le 24 juin. (Voir Saint-Amand-Montrond 8 juin 1944).

Le 19 juin Mignaton, accompagné d’un officier alla reconnaître le site de Puybarbeau sur la commune de Lignerolles (Indre) pour y transférer le campement du Virolan. A partir du 20 juin Mignaton rejoignit l’État-Major du groupe Indre-Est (GIE) où il figura jusqu’au 10 septembre. En juillet il devint responsable des gardes patriotiques (c’était une police aux ordres des comités de Libération) du secteur de La-Châtre puis Chef départemental à Châteauroux. (Les « milices » ou « gardes » patriotiques furent supprimées par décret en octobre 1944). Pendant la fin des années 40 il participa à la constitution des dossiers sur la résistance, et l’on retrouve sa signature en juillet 1947, avec le grade de Chef de Bataillon, sur le dossier du secteur La-Châtre (Chateaumeillant et Le-Chatelet rattachés), puis il présida (au moins à partir) de 1949 jusqu’à 1952 la Commission départementale de l’Indre pour l’homologation des unités FFI. Lors des élections municipales de 1953 il fut élu conseiller municipal dans son village de Saint-Georges-la-Pouge ; réélu en mars 1959 conseiller municipal puis élu Maire de Saint-Georges-la-Pouge ; il fut réélu lors des élections de 1965 et reconduit comme maire jusqu’à son décès le 18 septembre 1970 à son domicile de la Rougerie, commune de Saint-Georges-la-Pouge. Il était marié à Irène, Marie Saint-Just.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article241196, notice MIGNATON Fernand, Eugène, Adrien (« Dupré » dans la Résistance) par Michel Gorand, version mise en ligne le 22 juin 2021, dernière modification le 22 juin 2021.

Par Michel Gorand

SOURCES : n° 4 du registre de décès de Saint-Georges-la-Pouge. — Archives de l’ANACR de La-Châtre. — Michel Jouanneau, Mémoire d’une Époque-Indre 1940-1944, 1995, Badel-Châteauroux. — Homologué FFI - GR 16P n° 418583. — Mémoire des Hommes SHD GR 19 P 146 p/AS. — Émile Dervillers et Gaston Langlois, Le premier bataillon du groupe Indre-Est des FFI, 1994, Imprimerie George Sand.

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