MALPET Jeanne [compagne d’Alexandre Pivier] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Dominique Petit

Couturière ; anarchiste parisienne.

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.

D’après sa fiche établie par le service anthropométrique de la Préfecture de police, elle serait née à Paris en mai 1842 mais l’état civil n’en portait aucune trace. La Préfecture de police orthographiait son nom de différentes façons : Malpet, Malpait, Mailfait, marquant ainsi le peu d’intérêt accordé aux dossiers de femmes, d’ailleurs inclus dans celui de leur compagnon ou mari, avec le même numéro.
En 1886, Jeanne Malpet avait participé aux activités de la Commission de secours aux familles des détenus politiques. Le 9 février 1886, salle Horel, 13 rue Aumaire, lors d’une réunion convoquée par Gallais et Joseph de nationalité russe, elle fut interrogée au sujet de la recette de trois meetings qu’elle avait été chargée de faire, en qualité de caissière, salle Rivoli et salle Molière. Elle demanda tout d’abord si elle se trouvait au milieu de juges ou parmi des socialistes, cet argument ne plut pas beaucoup. Elle répondit qu’elle avait donné 50 francs à Castaignède, quant au reste de l’argent, elle expliqua qu’il avait été dépensé. Concernant le salle Molière, elle avait soutenu que « les anarchistes s’étaient conduits comme des lâches, car au moment où les bourgeois sont venus s’emparer de la recette, il n’y avait personne pour me défendre. » Puis elle finit par convenir que c’était Couchot qui avait pris l’argent.
Gallais et Joseph firent remarquer que la location de la salle Rivoli n’avait pas été payée et que les affiches avaient été réglées par Leclerc qui n’avait pas été remboursé.
Au sujet de cette salle, elle répondit : « Je n’ai pas à dire ici à qui j’ai donné l’argent et je ne le dirai pour rien au monde, parce que je sais que cet argent doit être employé à faire de l’action révolutionnaire. »
Cette déclaration fit l’objet de huées et on lui répondit de la salle : « Oui, c’est pour faire sauter des bouchons. »
Il semblait en fait que Gros et Montant avaient reçu 147 francs, produit du meeting de la salle Rivoli, avec lequel ils étaient partis depuis quelques jours à Montargis, faire une tournée de conférences dans la région de Blois. Tortelier s’était opposé à ce qu’on donnât cet argent à Montant qui était un bon compagnon et un bon orateur mais bien trop mou pour l’action, il ajouta que Gros était dans le même cas.
Il fut décidé de passer l’éponge sur ces faits, mais d’empêcher qu’ils se renouvellent à l’avenir. Jeanne Malpet ne s’occuperait plus de la caisse, Pennelier et Diamisis devant s’arrurer auprès de Castataignède qu’elle lui avait remis 50 francs.
Jeanne Malpet était signalée dans les réunions en décembre 1891, notamment avec Alexandre Pivier, en particulier dans celles tenues rue Greneta par le groupe Les Peinards.
Elle figurait en 1892, sur une liste de femmes assistant aux réunions anarchistes ou signalées comme anarchistes.
Le 4 mars 1893, le couple Pivier assistait à la réunion salle du Commerce, organisée par les anarchistes du XXe arrondissement. L’ordre du jour portait sur la misère et ses conséquences, la suppression des bureaux de placement, les grands financiers du Panama.
Le 25 novembre 1893, le couple Pivier était présent au meeting anarchiste de la salle du Commerce.
Le 1er juillet 1894, lors d’une rafle contre les anarchistes, leur domicile 32 rue de Cléry était perquisitionné, sans résultat, par le commissaire Orsatti. Elle était arrêtée avec Alexandre Pivier, pour association de malfaiteurs.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article241215, notice MALPET Jeanne [compagne d'Alexandre Pivier] [Dictionnaire des anarchistes] par Dominique Petit, version mise en ligne le 23 juin 2021, dernière modification le 14 décembre 2021.

Par Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York.

SOURCES :
Archives de la Préfecture de police Ba 74, 78, 1500 — Notice Alexandre Pivier du Dictionnaire des militants anarchistes.

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