FAVRE Lucien. Pseudonyme : Jean-Jacques

Par Jean-Claude Paul-Dejean

Né le 14 août 1906 à Mers-les-Bains (Somme), mort en janvier 1948 à Pau (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques) ; professeur ; militant socialiste ; conseiller général du canton d’Arzacq (Basses-Pyrénées).

Ce petit-neveu de Jules Favre, élève de l’École normale de Beauvais (Oise), fut reçu au concours d’entrée à l’École normale supérieure de Saint-Cloud en 1926. Nommé professeur à sa sortie en 1928, il mena la plus grande partie de sa carrière d’enseignant dans les Basses-Pyrénées (École normale de Lescar et collège moderne de Saint-Cricq) ; pendant les années 1930-1932, il exerça à Beauvais. Il milita à la section socialiste de Pau dont il devint le secrétaire en 1934 ; il fut membre de la commission exécutive fédérale, puis secrétaire fédéral adjoint en 1937. Il collaborait régulièrement à l’hebdomadaire de la fédération Le Travail : il en fut le rédacteur en chef en juin 1934, à la disparition de Paul Noguez*, mais il dut abandonner cette responsabilité fin 1937 pour raison de santé.

Spécialiste des questions de doctrine, Lucien Favre exposa dans ses articles, dans la plus pure tradition jauressiste, une pensée qui est « cette conciliation harmonieuse du matérialisme et de l’idéologie » : « la doctrine socialiste ne contredit pas la doctrine républicaine : elle la développe et la dépasse ; la démocratie sociale sera l’achèvement, l’épanouissement de la pensée démocratique ; elle en fera ce qu’elle n’est pas encore : une réalité ». Il critiqua vivement la politique économique menée par le gouvernement jusqu’en 1935 ; il fut un instant séduit par les théories planistes : « le programme socialiste ne peut être réalisé d’un coup ; il ne peut l’être que par étapes. Aussi faut-il déterminer les buts provisoires, concevoir des régimes mixtes qui ne sont plus le capitalisme sans être encore le socialisme. Il faut un Plan enfin et, autour de ce plan, rassembler les énergies, unir les enthousiasmes » (février 1934).

Lors des élections municipales de 1935, il fut candidat sur une liste socialiste homogène et recueillit 1 354 voix (20 % des suffrages exprimés) ; il se présenta en 1937 au siège de conseiller général du canton de Pau-est.

Lucien Favre n’approuva qu’avec réticences les clauses de l’accord de Munich : « Je comprends fort bien qu’on les trouve scandaleuses ; elles sont imparfaites et douloureuses. Mais qu’on n’oublie pas en revanche ce à quoi, grâce à elles, nous avons échappé » (9 octobre 1938). Au début de 1939, il fut nommé inspecteur de l’enseignement primaire à Mende (Lozère). Rétrogradé en 1940, il fut professeur à l’EPS de Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; il fut déchu de ses fonctions en 1941 et admis à faire valoir ses droits à la retraite ; il devint alors secrétaire d’un industriel de Nay (Basses-Pyrénées).

Sous le pseudonyme de « Jean-Jacques », Lucien Favre participa au mouvement de Résistance et rédigea une feuille La Voix du Maquis qui allait devenir Quarante-quatre puis la Quatrième République des Pyrénées dont il fut directeur politique et rédacteur en chef. En cette qualité il siégea à la commission exécutive de la Fédération nationale de la presse française.

À la Libération, il fut adjoint au maire de Pau ; en septembre 1945, il fut élu conseiller général du canton d’Arzacq et réélu conseiller municipal de Pau en 1947.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24124, notice FAVRE Lucien. Pseudonyme : Jean-Jacques par Jean-Claude Paul-Dejean, version mise en ligne le 2 janvier 2009, dernière modification le 2 janvier 2009.

Par Jean-Claude Paul-Dejean

SOURCES : Le Travail. — La Quatrième République des Pyrénées.

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