FARRÉ Ulysse, Jérôme

Par André Balent

Né le 3 août 1882 à Toulouges (Pyrénées-Orientales), mort le 8 avril 1967 à Toulouges ; employé des transports parisiens, puis ouvrier agricole à Toulouges ; militant communiste et syndicaliste CGTU puis CGT des Pyrénées-Orientales ; résistant (Front national, FTPF "légal")

Ulysse Farré était le fils de François Farré, boulanger et de Thérèse Marty, âgés respectivement de trente-sept et vingt-cinq ans en 1882. Ne trouvant pas du travail dans son village natal, situé dans la plaine viticole roussillonnaise, il s’engagea, le 9 juin 1903, pour trois ans à Toulon (Var) comme ouvrier de la 5e compagnie d’Artillerie coloniale. Il fut affecté à Madagascar du 10 avril 1904 au 14 juin 1905. Un début de tuberculose justifia une réforma temporaire par la commission de réforme de Toulon le 14 novembre 1905. Il fut définitivement réformé pour « bronchite chronique » à Perpignan, le 25 septembre 1906. Mais, à son retour, son village était très éprouvé par la crise viticole et la situation de l’emploi, précaire, le décida à tout tenter pour s’engager à nouveau.

Il s’engagea à nouveau à Perpignan le 5 mars 1907, sous une fausse identité – celle d’Oms, de nationalité espagnole –, dans les troupes coloniales. Il participa à diverses campagnes au Maroc et effectua plusieurs séjours dans les garnisons algériennes (8 mars 1907-16 juin 1914). Après avoir participé à la Première Guerre mondiale dans plusieurs régiments coloniaux, il fut démobilisé le 14 octobre 1919. Il avait été promu caporal le 23 octobre 1914. Il fut blessé, une fois en Afrique du Nord, et trois fois en France. Il fut élevé au grade de chevalier de l’ordre alaouite et décoré de la médaille commémorative du Maroc, de la médaille coloniale, agrafe Maroc et de la médaille militaire.

Ulysse Farré s’installa aux Ormes-sur-Voulzie (Seine-et-Marne) puis à Bagnolet (Seine, Seine-Saint-Denis) et se maria. En avril 1920, il fut embauché par la RATP mais, adhérent de la CGT, fut révoqué de cette entreprise pour avoir participé à la grève générale de mai 1920. Il revint donc à Toulouges et quitta son village natal pour Toulon où il resta peu de temps. Au cours d’un nouveau séjour à Toulouges, sa fille Paulette naquit le 23 janvier 1921 : elle adhéra en 1934 à l’UJFF et eut quelques responsabilités, avant 1939, dans un cercle de cette organisation. Ulysse Farré entra aux PTT en 1923 et fut nommé facteur à Troyes (Aube). En 1928, il s’installa définitivement à Toulouges où il hérita de son père, boulanger, trois parcelles de vignes et un jardin totalisant une superficie de 81 ares. Ces terres ne suffisant pas pour subvenir aux besoins de sa famille, il dut également s’embaucher comme ouvrier agricole.

Ulysse Farré avait adhéré au Parti communiste dans les années 1920. Il milita dans les rangs de la CGTU puis de la CGT. Il fut secrétaire du syndicat CGT des ouvriers agricoles de Toulouges de 1936 à 1939. Le 9 mai 1939, il quitta le secrétariat de son syndicat et fut élu secrétaire adjoint. Il fut également élu membre de la commission paritaire locale. Membre de la commission administrative des syndicats CGT des ouvriers agricoles des Pyrénées-Orientales, il fut, à la suite des grèves du printemps 1936, chargé de négocier un accord avec les patrons.

Ulysse Farré participa, le 15 novembre 1936, au congrès constitutif de la fédération départementale (CGT) des syndicats d’ouvriers agricoles et fut élu au poste de trésorier général de cet organisme (voir Joseph Capdet*). À cette date, il y avait 43 syndicats d’ouvriers agricoles affiliés à la CGT dans les Pyrénées-Orientales.

Au sein de la cellule communiste de Toulouges, Ulysse Farré occupa divers postes de responsabilité. Selon son témoignage, il fut perquisitionné à plusieurs reprises en octobre 1939.

Ulysse Farré participa à la reconstitution clandestine du Parti communiste à Toulouges pendant les années 1940-1945. Résistant très actif, il prit l’initiative de constituer dans sa commune, le 12 juin 1942, un « comité de défense populaire » ; un groupe local de Francs-tireurs et partisans (FTP) fut créé peu après. Ulysse Farré fut secrétaire du « comité de défense populaire » de Toulouges et il rédigea systématiquement les procès-verbaux des séances de cette organisation clandestine ’rattachée au Front national) qu’il conserva par la suite et qui donnent de précieuses informations sur la Résistance à Toulouges. Il fut également responsable local du groupe FTP créé à son initiative. En 1944, il indiqua aux frères Panchot (voir Barthélemy Panchot* et Julien Panchot*) la filière qui leur permit de rejoindre le maquis FTP du Canigou.

Membre du Comité local de Libération, Ulysse Farré fut premier adjoint au maire (voir Louis Lacaze*) de Toulouges d’août 1944 à mai 1945. Il fut ensuite battu aux élections municipales. Jusqu’à sa mort il ne cessa de militer au sein du PCF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24136, notice FARRÉ Ulysse, Jérôme par André Balent, version mise en ligne le 2 janvier 2009, dernière modification le 24 août 2019.

Par André Balent

ŒUVRE : Rapports du comité de défense populaire de Toulouges (12 juin 1942-12 décembre 1942), in Georges Sentis (dir.), op. cit. dans les Sources, 1982, p. 2-11.

SOURCES : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, 1 R 462, registre matricule ; 5 Mi 685, état civil de Toulouges, acte de naissance d’Ulysse Farré. — Le Travailleur catalan, hebdomadaire de la Région catalane du Parti communiste, 29 août 1936, 21 novembre 1936. — L’Action syndicale (bulletin mensuel des syndicats confédérés de Perpignan et des Pyrénées-Orientales), août-septembre 1936, décembre 1936. — Annuaire-Guide des Pyrénées-Orientales, Nîmes, Chastanier et Alméras, 1937. — Le Socialiste des Pyrénées-Orientales, hebdomadaire de la Fédération socialiste SFIO des Pyrénées-Orientales, 9 décembre 1938, 16 mai 1939. — Georges Sentis, Les Communistes et la Résistance dans les Pyrénées-Orientales, t. 1, Dans la tourmente, février 1939-novembre 1942, Lille, Marxisme/Régions, 1983, p. 54. — Georges Sentis (dir.), Le Comité de défense populaire (FN) de Toulouges, 1942, Perpignan, Comité d’Histoire de la résistance catalane, 1982, en particulier, p. 18. —Georges Sentis, Les communistes et la Résistance dans les Pyrénées-Orientales. Biographies, Lille, Marxisme/Régions, 1994, p. 122-123. — Étienne Frénay : « Les communistes et les débuts de la Résistance en Roussillon », Le Travailleur Catalan, hebdomadaire de la Fédération communiste des Pyrénées-Orientales, 26 mai 1972. — Renseignements communiqués par Albin Abelanet, maire socialiste de Toulouges.

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