ESSEL André. Pseudonymes : LESSART, LENOTRE, DUNOYER

Par Rodolphe Prager

Né le 4 septembre 1918 à Toulouse (Haute-Garonne), mort le 31 janvier 2005 à Paris (Ve arr.) ; représentant de commerce puis chef de vente, co-créateur de la chaîne des magasins FNAC ; militant de la Jeunesse socialiste, résistant, militant du Parti ouvrier internationaliste.

André Essel à la FNAC
André Essel à la FNAC

Fils de Maurice Essel négociant et de Raymonde née Etinger (Etingher sur l’acte de naissance), sans profession, André Essel fit ses études au lycée Rollin de Paris et à la Faculté des lettres de Paris. Membre de la Jeunesse socialiste depuis 1935, il se rallia à la tendance de gauche, majoritaire dans la fédération de la Seine, dirigée par Fred Zeller. Après l’exclusion de cette tendance en juillet 1935, il fit partie de la Jeunesse socialiste révolutionnaire (JSR) et fut élu à son comité régional parisien. Il parla à ce titre dans plusieurs meetings et manifestations, puis siégea au Comité central.

Libéré des obligations militaires à Limoges, il milita, pendant l’occupation allemande, dans le milieu des Auberges de jeunesse de la zone sud. Sous le couvert de cette organisation, il travailla avec Henri Roger et Marc Paillet à la constitution de groupes clandestins antifascistes et à la diffusion des documents et journaux trotskystes. Découvert en octobre 1943 par la police de Vichy et échappant de peu à l’arrestation, il fut appelé à Paris et coopté à la direction du Parti ouvrier internationaliste (POI) clandestin. Il contribua, après la vague d’arrestations de l’automne 1943, à la réorganisation du mouvement avec Yvan Craipeau, puis à la fusion avec les autres groupes se réclamant du trotskysme.

À la Libération, d’accord avec les thèses d’Yvan Craipeau qui concluaient à la renaissance des organisations traditionnelles, il en tira les conclusions et rejoignit la Jeunesse socialiste en voie de reconstitution. Militant très actif, Essel devint dirigeant de la Fédération de la Seine et créa des écoles de cadres, indispensables pour les jeunes après cinq ans de vide politique. En 1946, au congrès national de Perpignan, il gagna, à la tête de la tendance gauche, la majorité, et devint secrétaire national chargé de la propagande et de la presse. Il était membre de la fraction du PCI sous le nom de Lenôtre.
En 1947, sous son impulsion, le bureau national des Jeunesses socialistes prit position contre la politique du gouvernement dirigé par le socialiste Ramadier, en particulier contre son refus de céder au mouvement de grèves Renault d’avril-mai 1947 soutenu par le JS et surtout contre la volonté de poursuivre les opérations militaires au Vietnam. Le bureau national fut exclu dans son entier malgré le soutien de la majorité du mouvement. André Essel et ses amis ne rejoignirent pas l’organisation trotskyste alors en pleine crise intérieure. Ils participèrent à la création de l’Action socialiste révolutionnaire (ASR) aux côtés d’Yves Dechezelles, nouvel exclu du Parti socialiste pour les mêmes causes que les jeunes. L’ASR se fondit ensuite dans le Rassemblement démocratique révolutionnaire de Jean-Paul Sartre*, David Rousset et Gérard Rosenthal. Ce dernier mouvement eut une existence éphémère. En 1949, André Essel cessa toute action politique.

Il se maria en mars 1949 avec Marcelle Chevy, puis se remaria à Cannes (Alpes-Maritimes), le 12 juillet 1990 avec Viviane Guinand, dont il divorça en janvier 2004.

Représentant de commerce puis chef de vente (1948-1954), il créa en compagnie d’un autre militant, Max Théret, la chaîne de grands magasins la FNAC et en fut le Président-directeur général jusqu’en 1983. À son décès d’un cancer le 31 janvier 2005, la presse et les hommages évoquèrent à la fois l’ancien trotskyste, l’« inventeur du commerce moderne » et le « militant pour la démocratisation de la culture ». Ses obsèques eurent lieu au crématorium du Père-Lachaise le 7 février.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24148, notice ESSEL André. Pseudonymes : LESSART, LENOTRE, DUNOYER par Rodolphe Prager, version mise en ligne le 3 janvier 2009, dernière modification le 28 novembre 2022.

Par Rodolphe Prager

André Essel à la FNAC
André Essel à la FNAC

ŒUVRE : Je voulais changer le monde, Stock, 1985.

SOURCES : Témoignage autobiographique recueilli en mai 1979. — Contact, spécial 30 ans, supplément octobre 1983. — Lucette Heller-Godenberg, Histoire des auberges de jeunesse en France des origines à la Libération (1929-1945), 2 vol., 1985, Université de Nice. Voir index. — État civil de Toulouse.

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