MAZZOLDI Ernest, Frédéric, Jean-Baptiste [Dictionnaire des anarchistes]

Par Dominique Petit

Né le 23 mai 1839 à Ala (Autriche-Hongrie, aujourd’hui Trentin, Italie) ; chaudronnier, zingueur, ferblantier ; anarchiste à Paris et en Suisse.

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

Mazzoldi avait été condamné à Vienne pour "meurtre".
Frédéric Mazzoldi était venu s’établir à Villejuif au mois de juillet 1880 ; il y exerçait la profession de chaudronnier, zingueur.
Il habitait avec sa femme, ses deux enfants et son neveu Aristide Pitois une maison 77 avenue de Paris, dont il devait devenir propriétaire après le paiement de 25 annuités de 400 francs.
Ses affaires n’étaient pas prospères ; il avait des dettes et il n’avait pas pu solder intégralement la seconde annuité de la maison.
Quoique la maison fût déjà assurée par le propriétaire, Mazzoldi l’avait assurée en son nom a une autre compagnie pour une somme de 15 000 francs ; il avait eu même temps assuré son mobilier pour 6 000 francs.
Mais les assurances n’étaient pas sincères et Mazzoldi ne les avait contractées qu’en vue d’un incendie qu’il projetait d’allumer ; il fit à ce sujet des confidences à sa fille âgée de 12 ans et à son neveu qui devait être plus tard son complice, il n’attendait plus qu’une occasion propice pour soustraire sa famille aux dangers du feu et pour ne pas éveiller les soupçons. Il ne tarda pas a la trouver.
Il était en relation d’amitié avec Petithomme, demeurant à Paris, rue de Latran. Celui ci l’ayant invité à dîner avec sa famille pour le 20 novembre, il accepta et résolut de profiter de cette circonstance pour réaliser son projet. Au jour fixé il fit partir vers midi sa femme et ses deux enfants pour Paris et prétexta une affaire pour rester seul avec son neveu à la maison.
Après leur départ, il renferma avec l’aide d’Aristide Pitois des vêtements et des papiers qu’il voulait mettre à l’abri du feu dans une malle qu’ils enfouirent dans le sous-sol.
Ils dissimulèrent ensuite avec soin les traces de cette opération, rajustèrent le carrelage et se rendirent rue de Latran.
Après le dîner, qui s’était un peu prolongé Mazzoldi voulant, disait-il, éviter à sa femme et à ses enfants la fatigue d’un retour pendant la nuit a Villejuif, obtint de son ami de les garder jusqu’au lendemain matin ; pendant qu’on faisait les préparatifs nécessaires à cette installation, Mazzoldi et son neveu allèrent accompagner au tramway qui devait la reconduire chez elle, une nièce de Petithomme qui avait dîné avec eux.
Dès qu’elle elle fut partie au lieu de revenir rue de Latran, ils gagnèrent en toute hâte leur maison de Villejuif.
À peine arrivé, Mazzoldi remit dans le sous-sol de la paille et du bois sec qu’il arrosa de pétrole, et y mit le feu. Il monta ensuite au premier étage, imprégna également de pétrole les rideaux du lit de son plus jeune enfant et y mit aussi le feu ; pendant ce temps, Aristide Pitois l’assistait et l’aidait.
L’incendie allumé, les deux accusés s’éloignèrent en passant par une fenêtre du rez-de-chaussée, qu’ils refermèrent derrière eux, et ils revinrent à pied chez Petithomme, où ils arrivèrent vers trois heures du matin.
Ce n’est que vers cinq heures, que des passants aperçurent le feu et donnèrent l’alarme ; quand il fut éteint, le toit était entièrement brûlé, les planches intérieures et le mobilier l’étaient en partie : en visitant les lieux incendiés pour les besoins de son enquête, le commissaire de police remarquant une dépression dans le carrelage du sous-sol, fit faire des fouilles et découvrit la malle que les accusés avaient cachée ; on trouva également au pied du mur une police d’assurance que Mazzoldi avait dû laisser tomber dans sa précipitation.
Pendant ce temps, Aristide Pitois arrivait à Villejuif, envoyé par oncle, et il retournait bientôt le prévenir du résultat de leur crime. Mazzoldi, voyant son but atteint, se hâta d’accourir et il fut arrêté dès qu’il se présenta. Il nia d’abord avec énergie, mais en présence des preuves accablantes recueillies contre lui, il se décida à faire des aveux complets.
Mazzoldi avait déjà été deux fois condamné pour vol. Il fut condamné à cinq ans de réclusion.
Il avait été arrêté en Seine et Oise, le 27 février 1894 et avait été expulsé par arrêté du même jour. Selon la police il était de nationalité italienne. Il s’était alors réfugié au Luxembourg et figurait sur une liste d’anarchistes établie par la police des chemins de fer en vue de « surveillance aux frontières ». Il gagna par la suite la Suisse dont il fut expulsé le 23 septembre 1898 avec 35 autres anarchistes ou considérés comme tels, suite à l’assassinat de l’impératrice d’Autriche par Luccheni.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article241531, notice MAZZOLDI Ernest, Frédéric, Jean-Baptiste [Dictionnaire des anarchistes] par Dominique Petit, version mise en ligne le 13 juillet 2021, dernière modification le 14 juillet 2021.

Par Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

SOURCES :
Décret d’expulsion du conseil fédéral, 23 septembre 1898 — Arch. féd. suisses : E21 14002, Bundesanwaltschaft, Verzeichnis der Anarchisten 1889/1898 — Notice de G. Bottinelli in Chantier biographique des anarchistes en Suisse — Archives. Nationales F7/12508, 19940500 art.59 — Etat signalétique des anarchistes étrangers expulsés de France, n° 1, mars 1894 — La Loi 12 avril 1882 — Notice Mazzoldi Ernest du Dictionnaire des militants anarchistes — Note de Thomas Beugniet.

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