ELOY William, Pierre

Par Julien Cahon

Né le 27 novembre 1906 à Abbeville (Somme), mort le 25 juin 2004 à Salouel (Somme) ; instituteur, professeur à l’école d’agriculture du Paraclet (Somme) ; militant socialiste SFIO de la Somme, candidat aux élections sénatoriales de 1959.

Élève à l’École normale d’Amiens de 1922 à 1925, William Eloy obtint le brevet supérieur en 1925, puis le certificat d’aptitude pédagogique en 1926 et devint instituteur à Crécy-en-Ponthieu (1925), Nesle (1929), Licourt (1936) et Le Bosquel à la veille de l’occupation. Entre-temps, il s’était marié à Micheline Bordères à Beauvais (Oise) le 23 avril 1930 ; de cette union naquirent quatre enfants. Sa carrière dans l’enseignement primaire fut interrompue par la guerre.

Mobilisé le 25 août 1939, William Eloy fut incorporé au 28e R.A.L. de garde. Fait prisonnier par les Allemands à Amiens le 20 mai 1940, il fut libéré le 29 mars 1943, puis démobilisé le 13 avril 1943 à Compiègne (Oise). De retour à la vie civile, il obtint son certificat d’aptitude d’enseignement agricole en 1943, puis rentra à l’agriculture le 1er janvier 1944 en qualité de professeur adjoint.

William Eloy adhéra à la SFIO en décembre 1926. Lors du congrès fédéral socialiste de mars 1948, il participa aux travaux de la commission agricole, faisant une brève intervention sur les prix du lait. Il devint le chroniqueur agricole au Cri du peuple, hebdomadaire socialiste de la Somme, à partir de janvier 1949, en tant que correspondant bénévole, succédant ainsi à trois membres du bureau de la section agricole CGT-Somme, Louis Delbarre (PCF), président, Fernand Laffilez, secrétaire, et Paul Carpentier (PCF puis PSU), secrétaire adjoint, écrivant, après 1948, exclusivement pour l’hebdomadaire communiste local, Le Travailleur de la Somme (chronique agricole « dans nos campagnes »). Il semble en effet que William Eloy était l’auteur anonyme des chroniques agricoles du Cri du peuple à partir de cette date et pendant les cinq mois qui suivirent : son premier article intitulé « Guerre aux affameurs » était signé de ses initiales EW, puis un second article « pour l’éducation professionnel du prolétariat rural » fut publié sous le pseudonyme du « rat des champs », deux signatures qui étaient apposées alternativement ensuite, son nom apparaissant pour la première fois en juin 1949. William Eloy devint un spécialiste des questions agricoles à la SFIO dans le département, et à l’occasion du congrès administratif fédéral du 1er mai 1949, il intégra la commission agricole de la commission exécutive fédérale. Il intervint sur les problèmes posés par la crise agricole et l’effondrement de certains prix au cours de la présentation du rapport de cette commission par Gaëtan Sinoquet, secrétaire de la section d’Amiens. Lors du congrès fédéral d’Amiens du 3 juillet 1949, William Eloy commenta la tâche de la commission centrale agricole, sous la présidence d’Edouard Delozières et aux côtés d’Hélène Loeuillet* et de Gaëtan Sinoquet. Il exposa la mévente des produits agricoles, les déséquilibres entre les prix agricoles et les prix industriels, crise agricole qu’il préconisa de conjurer par l’arrêt des importations des produits non indispensables, par la diminution des impôts, des taxes et des frais de transport, par l’orientation des cultures vers des débouchés extérieurs (Allemagne, Autriche, Angleterre), et par la suppression des intermédiaires. Le 42e congrès fédéral du 21 mai 1950 donna lieu de nouveau à un large débat. Devenu secrétaire de la commission agricole, William Eloy commenta les décisions prises par ladite commission, en particulier celles se rapportant aux chambres d’agriculture et à l’office du blé. Le 27 avril 1952, il fut délégué de la fédération de la Somme à Amiens au congrès régional agricole socialiste qui, sous la présidence de Tanguy-Prigent, regroupait les représentants de onze départements chargés d’examiner le problème agricole et de définir le programme du parti. Suivi de ses camarades de la Somme, Clément Cauet, responsable JS aux jeunes paysans, et Pierre Godart, secrétaire adjoint de la fédération, il y intervint notamment sur les questions sociales (fermage et métayage, statut des baux ruraux, exploitations familiales) et sur le problème de l’enseignement agricole.

À travers ses chroniques agricoles dans les années 1950 et 1960 (jusqu’en 1971 au moins), William Eloy aborda des sujets variés : prix agricoles, prêts à l’installation pour les jeunes agriculteurs, réformes de l’enseignement agricole, droit rural et baux, équipements, explication des réformes agricoles, comptabilité agricole, aménagement du territoire et remembrements, exploitation forestière, compte rendu des manifestations paysannes en France, comme le rassemblement des agriculteurs des départements nordistes au Cirque d’Amiens le 28 janvier 1960, amélioration de l’habitat rural. Défenseur des ouvriers agricoles et plus largement du monde rural dont il relayait les inquiétudes et le malaise, Wiliam Eloy milita notamment en faveur d’une réorganisation de l’enseignement agricole et de l’installation d’un collège ou d’un lycée agricole dans chaque département. Favorable à une vulgarisation des nouvelles méthodes de culture, il se réjouit de l’installation dans de nouveaux locaux de la station d’agronomie d’Amiens qui avait été sinistrée pendant la Seconde Guerre mondiale.

En 1959, William Eloy fut candidat suppléant SFIO aux élections sénatoriales, scrutin où les voix d’origine paysanne et rurale furent très sollicitées. Sur les sept listes qui s’affrontaient, deux étaient officiellement « paysannes » (listes dites d’« union républicaine paysanne et sociale » et « pour la défense de l’agriculture et des exploitations familiales »). La SFIO joua elle aussi la carte agricole en présentant Gabriel Deray (conseiller général dans le canton spécifiquement agricole de Rue), Fernand Adriaenssens* (cultivateur et membre du conseil d’administration de la coopérative agricole de Proyart) et Paul Garçon (cultivateur, ancien maire de Camon et membre du conseil d’administration de la caisse régionale de Crédit Agricole. William Eloy fut le suppléant de Fernand Adriaenssens sur la liste SFIO emmenée par Gabriel Deray. Au premier tour, Fernand Adriaenssens et son suppléant William Eloy recueillit 296 voix (sur un collège sénatorial de 1521 délégués). Arrivés en cinquième position, ils ne purent se représenter au second tour.

Au congrès fédéral d’octobre 1966, William Eloy prit part aux discussions sur les rapports de la SFIO avec les autres familles politiques et les orientations politiques de la FGDS, autour de Léon Tellier*, Camille Goret* et Max Lejeune*. En février 1969, il rejoignit la fédération démocrate socialiste de la Somme (section d’Amiens), union des gauches à la base, devant préfigurer le NPS. Après 1971, sa chronique agricole disparaissait du Cri du peuple, son dernier article signé était daté du 20 juin 1971, même si la thématique agricole revint très épisodiquement dans quelques articles non signés : fallait-il y voir une conséquence du congrès d’Épinay et de la scission Max Lejeune qu’avait suivi William Eloy ?

Membre de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), William Eloy fut président de la section d’Amiens de 1967 à 1970 au moins. Il était encore trésorier fédéral de la LDH en 1977.

William Eloy eut des obsèques civiles et fut inhumé au cimetière de Saint-Sauflieu.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24169, notice ELOY William, Pierre par Julien Cahon, version mise en ligne le 5 janvier 2009, dernière modification le 28 avril 2014.

Par Julien Cahon

SOURCES : Le Cri du peuple. — Renseignements fournis par l’école du Paraclet. — Arch. OURS. — État civil d’Abbeville.

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