GEOFFROY Jean

Par Gilles Morin

Né le 7 janvier 1905 à Malaucène (Vaucluse), mort le 3 février 1991 à Saint-Saturnin-d’Apt (Vaucluse) ; militant et élu socialiste du Vaucluse ; maire de Saint-Saturnin-d’Apt (1933-1983), conseiller général, député à la première Assemblée nationale constituante (1945-1946), sénateur (1948-1986) ; résistant.

[Sénat]

Fils de Jean-Joseph Geoffroy, industriel, et de Laure née Desplans, Jean Geoffroy fit des études secondaires aux lycées d’Avignon (Drôme) puis de Valence (Drôme) et les poursuivit à la faculté de Grenoble (Isère). Docteur en droit, il exerça comme notaire à Apt, puis fut avocat de 1936 à 1960 au barreau d’Avignon et enfin notaire à Châteauneuf-du-Pape et à Saint-Saturnin-d’Apt de 1960 à 1982.

Jean Geoffroy hérita d’une tradition républicaine forte : son grand-père puis son père furent successivement maires et conseillers généraux de Malaucène, son village natal. Installé comme notaire à Apt en 1932, il adhéra au Parti socialiste et fut élu maire de Saint-Saturnin-d’Apt, le 26 mars 1933, puis gagna le siège de conseiller général du canton d’Apt en octobre 1937. Il obtint, au premier tour, 1 128 voix sur 2 430 votants et fut élu au second tour avec 1 376 voix. Son élection fut l’objet d’une violente polémique au sein du Front populaire. Édouard Daladier s’était déplacé pour soutenir son adversaire (le conseiller général sortant radical Baudoin) et les communistes se désistant en faveur de Geoffroy.

Déchu de ses mandats par Vichy en 1941, Jean Geoffroy fut un très actif organisateur du Comité d’action socialiste puis du Parti socialiste clandestin, avec Joseph Cluchier et Charles Lussy*, et fut l’un des chefs de la Résistance du Vaucluse, animant le réseau Vérité, puis Combat. Arrêté par la Gestapo le 7 août 1943, il fut déporté à Buchenwald le 17 janvier 1944. Il fut réélu maire de Saint-Saturnin alors qu’il n’était pas encore rentré de déportation. Non réélu en 1947, il retrouva son fauteuil mayoral en 1955 et le conserva jusqu’en 1983. À cette ultime élection, mis en ballottage, il ne se représenta pas au second tour.

En septembre 1945, Jean Geoffroy fut élu à nouveau au conseil général à Apt, sans concurrent à son retour de camp. Battu au renouvellement de 1949, il obtint 1 261 voix au premier tour, sur 6 596 inscrits et 4 345 exprimés, et fut battu au second tour dans une triangulaire, obtenant 1 783 voix, le communiste 1 282 et son adversaire radical étant élu avec 1 915 voix.

Jean Geoffroy fut un des quatre représentants du Vaucluse à l’Assemblée nationale constituante, d’octobre 1945 à juin 1946. Mais, placé derrière Charles Lussy* sur la liste socialiste qui perdit un siège, il fut en vain candidat à la deuxième Assemblée nationale constituante en juin 1946 et aux législatives de novembre 1946. À ces dernières élections, il disputa la tête de la liste à Charles Lussy* dont la position fut confirmée par le congrès fédéral. Placé en deuxième place, Jean Geoffroy ne fut pas réélu alors que Lussy* l’était.

Deux ans plus tard, Jean Geoffroy fut élu conseiller de la République puis sénateur du Vaucluse. Il siégea au Palais du Luxembourg durant trente-huit ans, élu le 7 novembre 1948 avec 260 voix sur 585 exprimés et gagnant le siège du communiste Lucien Grangeon*. Il fut réélu à cinq reprises, les 18 mai 1952, 8 juin 1958, 26 avril 1959, 22 septembre 1968 et 25 septembre 1977.

Jean Geoffroy semble avoir joué un rôle modeste dans la vie intérieure de la SFIO après 1945. Il était membre de la commission exécutive de la fédération du Vaucluse en février 1952 et se fit surtout remarquer pour ses indisciplines, sur les Accords de Londres et Paris qu’il rejeta en 1955 et sur le retour au pouvoir du général de Gaulle en juin 1958 contre lequel il vota. Il fut de nouveau indiscipliné lors du scrutin sur les pleins pouvoirs au gouvernement Debré du 2 février 1960, puis invita à voter « non » au référendum de 1961. Le bureau du parti du 11 janvier 1961 lui fit une remarque pour avoir publié un article dans Le Dauphiné libéré et envoyé une circulaire aux militants du Vaucluse en ce sens. Il fut secrétaire du Sénat et siégea à la Haute Cour de Justice à partir de 1980.

Jean Geoffroy était chevalier de la Légion d’honneur et médaillé de la résistance. Marié le 18 février 1926 avec Jeanne Roch, il eut trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24182, notice GEOFFROY Jean par Gilles Morin, version mise en ligne le 6 janvier 2009, dernière modification le 3 juillet 2009.

Par Gilles Morin

[Sénat]

ŒUVRE : Au temps des crématoires, Cavaillon, Impr. Mistral, 1948, 118 p.

SOURCES : Arch. Dép. Vaucluse, 3 M 311. — Arch. Nat., F/1a/3253 ; F1c/II/249, 270, 280, 316 ; F/1cIV/155. — Arch. OURS, dossiers Vaucluse et Hautes-Pyrénées. — Autrand, Le Département du Vaucluse de la défaite à la Libération, Aubanel, 1965. — PS-SFIO, Rapports du XXXIIe congrès national, Libairie populaire, 1938. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Who’s Who in France, 1985-1986. — Dictionnaire des parlementaires français, 1945-1958, op. cit. — Notice DBMOF par F. Roux.

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