DE PRYCK Jeanne, Gabrielle, épouse KERBASTARD

Née le 28 juin 1924 à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine), morte en février 2005 ; jeune communiste internée pendant la Seconde Guerre mondiale ; concierge d’école.

Six femmes du camp de La Lande : 3e en partant de la gauche, Jeanne De Pryck, 4e Marguerite Flavien Buffard, 5e la sœur de Jeanne, Lucette De Pryck.
Photographe inconnu. Communiqué par Céline Commergnat.

Jeanne De Pryck naquit dans une famille de douze enfants dont huit survécurent, sept filles et un garçon ; elle était la cadette. Fille de Théophile De Pryck d’origine belge, né en 1879 à Clichy, maçon, et de son épouse Léonie Jallot, Jeanne fut une bonne élève de l’école publique qui obtint le certificat d’études avec mention bien. La situation familiale ne lui permit pas de poursuivre des études mais elle garda une soif de lecture et de culture. Ses parents étaient apolitiques mais furent solidaires de leurs filles militantes.
Elle travailla comme aide-magasinière dans une fonderie de fer à Courbevoie.
Militante de l’Union des jeunes filles de France (UJFF) à quatorze ans avec sa sœur Lucette (née le 7 janvier 1920 à Paris) qui en avait dix-huit, elle participa aux collectes en faveur de l’Espagne républicaine.
Elle fut arrêtée comme communiste le 29 décembre 1940 avec sa sœur Lucette, , emprisonnée à Fresnes (3 janvier-11 mai 1941), condamnée à 4 mois de prison par la quinzième chambre. Elle fut à nouveau arrêtée le 24 septembre 1942 "motivées par son attitude politique, par la détention et la distribution de tracs clandestins" (commissaire de police d’Asnières) puis internée au camp de La Lande, à Monts, près de Tours (Indre-et-Loire), camps de femmes où elles furent consignées avec sa soeur au bâtiment 22. elles y côtoyèrent Marguerite Buffard et avec les "fortes têtes" revendiquèrent une meilleure alimentation et organisèrent une "université". Son père batailla pour la libération de ses deux filles et obtint le soutien écrit du maire (nommé par Vichy) de Gennevilliers et des anciens employeurs de Jeanne et de Lucette. Mais le 15 mars 1943, le préfet d’Indre-et-Loire signala le comportement des deux sœurs : "je tiens à vous signaler que ce deux personnes font preuve d’un très mauvais état d’esprit" et refusa la requête du père.
Le 29 août 1943, 25 "fortes têtes", les 25 meneuses, quittèrent La Lande au chant de La Marseillaise et furent conduites au camp de Mérignac (Gironde). Marguerite Buffard et Jeanne Brunschwig s’en évadèrent en décembre 1943.
Jeanne fut libérée en août 1944.
Son mari, Henri Kerbastard, ancien prisonnier de guerre, fut conseiller municipal communiste de Gennevilliers. Sa fille Michelle Commergnat, née Kerbastard, devint secrétaire générale de la Fédération CGT du commerce et membre du bureau confédéral CGT sous le secrétariat de Louis Vianney.
Après-guerre, concierge à l’école Joliot-Curie dans le quartier des Agnettes à Gennevilliers, elle fut syndicaliste CGT, lectrice et amie de l’Humanité, sympathisante communiste, soutien bénévole des colonies de vacances de Gennevilliers, Granville (Manche) et Cormont (Loiret) où elle fut lingère.
Elle mourut en février 2005 et ses obsèques se firent au son du Chant des partisans.
Sa sœur Lucette, mariée à un déporté de Mauthausen, n’évoquait jamais devant ses filles la Seconde Guerre mondiale. Sa fille survivante apprit les circonstances de l’internement de Lucette par Les souvenirs de Jeanne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article241830, notice DE PRYCK Jeanne, Gabrielle, épouse KERBASTARD, version mise en ligne le 30 juillet 2021, dernière modification le 2 août 2021.
Six femmes du camp de La Lande : 3e en partant de la gauche, Jeanne De Pryck, 4e Marguerite Flavien Buffard, 5e la sœur de Jeanne, Lucette De Pryck.
Photographe inconnu. Communiqué par Céline Commergnat.

SOURCES : Céline Commergnat, Les souvenirs de Jeanne, L’Harmattan, 2021. — Christian Langeois, Marguerite. Biographie de Marguerite Buffard-Flavien (1912-1944), Le Cherche Midi, 2009. — Christian Langeois, « Les plus fortes têtes », Le Patriote résistant, n° 894, fév. 2015.

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