QUILLAUD Gérard

Par Pierre Vandevoorde

Né le 29 novembre 1943 à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime)  ; chimiste ; militant du Parti communiste Internationaliste (PCI trotskyste), entriste dans le PCF, militant de la LC/LCR, du NPA, d’Ensemble  ; militant syndical CGT, puis CFDT puis à nouveau CGT, animateur de Ras l’ front.

Gérard Quillaud a grandi dans une famille ouvrière d’origine nantaise. Son père était ouvrier dans la métallurgie, sa mère « au foyer ». Son frère, de quinze ans son ainé, a dû renoncer au métier d’instituteur en raison d’une condamnation, l’excluant de la fonction publique, pour atteinte à la sureté intérieure de l’ Etat, suite à un collage d’affiches du PCI contre la guerre d’Indochine.

Lycéen, Gérard Quillaud s’intéressa à l’histoire du courant trotskyste et sollicita documents et renseignements auprès d’un vétéran trotskyste, le cheminot Charles Marie qui ne tarda pas à le recruter, tandis qu’il entamait des études à l’école de chimie de Rouen en 1962. C’est l’époque des attentats de l’OAS en fin de guerre d’ Algérie, il participa à la création du Collectif lycéen antifasciste en compagnie de Patrick Choupaut et de Claude Déron. Il poursuivit ses études de technicien chimiste à l’ Université d’ Angers de 1963 à 1964. Vice-président de l’ Agea -UNEF il devint également secrétaire de ville de l’ UEC et rencontra Alain Krivine, alors militant du secteur Sorbonne-lettres.

Sa première fille naquit en 1964. La seconde vit le jour en 1965. Sursitaire, il effectua son service militaire à Rouen pendant un an. Ensuite, en 1965, il adhéra, dans le cadre de la politique entriste du PCI, au PCF, où il milita avec son épouse Paulo dans la cellule de ville de Petit-Couronne.
En octobre 1965, il fut embauché comme surveillant de fabrication à l’usine d’engrais Péchiney-Saint Gobain de Grand-Quevilly5 ; il fut élu l’année suivante délégué du personnel suppléant CGT.
Parallèlement, il participa discrètement aux réunions de la cellule Rouen-Vallée de Seine du PCI qui comptait entre autres dans ses rangs des anciens du soutien au FLN algérien : Jeanine Choupaut et son fils Patrick, des journalistes de Paris-Normandie gagnés au PSU par Charles Marie ( Didier Dégremont, Pierre Lepape), puis des jeunes animateurs de la JCR et les futurs constructeurs de la Ligue communiste : Claude Déron, Gérard de Verbizier (responsable du suivi des entristes), Jean-Claude Laumonier, Denis Marx, Gérard Filoche.

Fin mai 1968, il fut embauché comme chimiste au Centre de recherche de la Compagnie de raffinage Shell Berre à Nanterre qui s’installa fin 1968 à proximité de la raffinerie de Petit-Couronne. Il adhéra alors à la CFDT, seul syndicat présent dans l’établissement.

Gérard Quillard démissionna du PCF en 1968 après l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques, et annonça son adhésion à la Ligue communiste. Les responsables locaux du PCF organisèrent la mise au ban du couple et de leurs filles, une rupture qui leur fut difficile à vivre.
Paulo, employée à la Caisse primaire de la Sécurité sociale, milita un temps à la Ligue dans la cellule d’ entreprise.

Les années qui suivirent furent marquées par l’activisme, de la construction d’une cellule chimie (nommée Rosmer) à la structuration d’une « commission ouvrière ». Même si à Rouen la jeune Ligue comptait dans ses rangs des militants ouvriers déjà expérimentés (Papeteries de la Chapelle, Renault Cléon, PTT, cheminots...), le rythme des activités était imprimé par la composition sociale majoritairement étudiante de l’organisation.
À l’élection législative du 4 mars 1973, il fut candidat dans la 5e circonscription de Seine-Maritime (Lillebonne Gonfreville-l’Orcher) qui comptait nombre d’entreprises de la pétro-chimie.

Le militantisme syndical occupait une part de plus en plus importante de son temps. Membre du bureau du syndicat CFDT chimie, il participa également aux activités de l’Union locale de l’agglomération rouennaise.
Du fait de la politique de « recentrage », se mit en place un regroupement des structures opposées à cette orientation, dite « gauche syndicale » ( PTT, cheminots, SGEN, santé, chimie...). Les années suivantes furent marquées par l’exclusion des syndicats PTT, la création de SUD en 1988, les départs successifs des structures oppositionnelles. À Shell Recherche, Gérard Quillaud et une partie de l’équipe qui animait la CFDT créèrent la CGT en 1991, bientôt majoritaire aux élections professionnelles.
En 1995, dans le cadre d’un plan « social », il quitta la société Shell au titre d’un congé de fin de carrière. Sollicité par l’ UD CGT 76 il anima quelques temps la structure Ugict (ingénieurs, techniciens, cadres).

Au début des années 1990, il devint trésorier de la section rouennaise de la LCR et responsable du service d’ordre local. Celui-ci organisa la protection de l’organisation, contribua à maintenir la vigilance sur les questions de sécurité et observa les activités des différents groupes d’extrême droite. La naissance du réseau « Ras l’front » lui ouvrit un nouveau champ d’activités dans lequel il s’investit pleinement, il devint le porte-parole du collectif de Rouen en 1997 et participa aux activités de la coordination nationale jusqu’à sa mise en sommeil autour de 2002.

Engagé dans le lancement du NPA, il le quitta en 2012 pour rejoindre la Gauche anticapitaliste en raison du refus de l’organisation de rejoindre le Front de gauche puis la campagne Mélenchon.

Il est en 2021 militant à Ensemble Insoumis et membre de la Quatrième Internationale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article241854, notice QUILLAUD Gérard par Pierre Vandevoorde, version mise en ligne le 31 juillet 2021, dernière modification le 31 juillet 2021.

Par Pierre Vandevoorde

SOURCES : entretiens avec Pierre Vandevoorde. — Paule Masson, coord., Syndicalistes ! De la CFDT à la CGT, Syllepse, 2008. ---Jean-Paul Salles, « De la LCR au NPA : l’impossible mutation ? », in Pascal Delwit, éditeur, Les partis politiques en France, Editions de l’université de Bruxelles, 2014.

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