ELHORGA Jean

Par Alain Dalançon, Jean-Jacques Le Masson

Né le 25 septembre 1930 à Anhaux (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques), mort le 9 avril 2020 à Lons (Pyrénées-Atlantiques) ; professeur de mathématiques ; militant syndicaliste du SNES, secrétaire du S2 des Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques (1962-1972), secrétaire pédagogique du S3 de Bordeaux ; militant des CEMEA, fondateur du Groupe d’entraînement et de recherche aux méthodes d’éducation active.

Jean Elhorga, colloque formation des maîtres 1971

Jean Elhorga était issu d’une famille basque républicaine et laïque. Son père, douanier, ancien combattant gazé au cours de la Première Guerre mondiale, était adhérent du Parti socialiste SFIO, sa mère institutrice, également adhérente de la SFIO et du Syndicat national des instituteurs, était la fille de Faustin Bentaberry, ami personnel d’Edmond Rostand, reconnu jusqu’à l’étranger comme musicien-danseur basque dans les années 1920. Ses deux parents s’investirent dans la Résistance et furent membres actifs du réseau COMETE qui faisait passer clandestinement des aviateurs alliés (Anglais, Canadiens, Américains, Polonais…) en Espagne ; lui-même, jeune adolescent, fut amené à transmettre des messages.

Baptisé par tradition, Jean Elhorga fut élevé avec son frère aîné, qui décéda à l’âge de 10 ans en 1936 et sa sœur, dans son village natal. Il suivit sa scolarité primaire dans l’école à classe unique de sa mère jusqu’en 1941. Muni du certificat d’études primaires, il entra alors en classe de 6e au lycée de garçons de Marracq à Bayonne, où il effectua ses études secondaires comme boursier et obtint le baccalauréat « mathématiques élémentaires » en 1948. Après une année en classe de mathématiques supérieures au lycée Montaigne de Bordeaux, il préféra se consacrer à la préparation du concours de l’École normale supérieure de Saint-Cloud au lycée Mondenard de Bordeaux, puis au lycée Chaptal de Paris. Jean Elhorga avait en effet décidé de devenir enseignant plutôt qu’ingénieur, notamment à la suite d’un séjour effectué comme animateur en 1950 dans un centre de vacances. Il intégra l’ENS de Saint-Cloud en 1952 et en sortit en 1957 avec le certificat d’aptitude à l’enseignement du second degré de mathématiques.

Marié le 19 novembre 1954 à Louise Blanchot, institutrice et formatrice aux Centre d’études aux méthodes d’éducation active, père de deux enfants, Jean Elhorga effectua son service militaire durant 18 mois en métropole comme enseignant à l’école militaire d’Autun, où il resta encore une année. Il réussit à éviter de devenir sous-officier. En mai 1958, il avait en effet manifesté son opposition au « putsch d’Alger ». En 1960, il fut muté au lycée Barthou de Pau où il demeura jusqu’à sa retraite en 1990. Il fut promu au grade d’agrégé en 1972 dès la première année de l’institution de la liste d’aptitude.

Adhérent au Syndicat national de l’enseignement secondaire dès 1952, membre du bureau de la section d’établissement (S1) et se reconnaissant dans le courant « B », auquel il resta toujours fidèle après sa transformation en courant « Unité et Action », Jean Elhorga commença sa carrière syndicale en devenant secrétaire de la section départementale (S2) du SNES en 1962. Il occupa cette responsabilité jusqu’en 1972 tout en étant secrétaire du S1 de son lycée. Grâce à sa forte personnalité et son dynamisme, le S2 des Basses-Pyrénées se développa et apporta une part importante des voix Unité et Action dans la section académique (S3) de Bordeaux, où la majorité autonome demeura bien implantée, particulièrement dans la Gironde, même après le changement de majorité au plan national dans le nouveau SNES (classique, moderne, technique). En 1968, Jean Elhorga maintint les liens avec les travailleurs, favorisa le débat avec les élèves et les parents, organisa l’information des S1, veillant au respect de la vie démocratique dans le syndicat.

Quand la liste « Unité et Action » conduite par Renée Augé-Orcié devint majoritaire dans le S3 aux élections de 1969, Jean Elhorga devint secrétaire de la commission pédagogique académique, apportant une contribution originale à la réflexion de la commission nationale dirigée par Jean Petite. Partisan d’une ouverture plus grande du SNES à la réflexion pédagogique et à l’Éducation nouvelle, il s’opposa très durement à la secrétaire du S3 dont il acceptait mal les comportements autoritaires ce qui le conduisit à démissionner de sa responsabilité en 1972. Jean Elhorga redevint secrétaire pédagogique en 1975-1976 après que Renée Augé-Orcié eut été remplacée au secrétariat du S3 par Michel Castaing, avec lequel il entretint d’excellents rapports. Dès lors, il fit fonctionner la commission pédagogique du S3 au sein d’une équipe de militants plus jeunes (Patrick Rayou, Jean-Claude Sallaberry, Ginette Poupard). Il s’intéressa notamment à la mise en place des Instituts universitaires de formation des maîtres à partir de 1988 et suivit le dossier jusqu’en 1992.

Jean Elhorga était passionné par l’action pédagogique et culturelle auprès des jeunes. Militant très actif des CEMEA depuis le début des années 1950, il organisa de nombreux stages et des séjours de vacances. En 1981, il postula pour un poste vacant de permanent national mais ne fut pas choisi. Quelques années plus tard, en 1983, souhaitant mettre en place un organisme d’animation culturelle militant dans la cité, Jean Elhorga fut à l’origine de la création du GERMEA à Pau, pour « promouvoir le service public et laïque d’éducation en favorisant la réflexion et l’action collectives, dans le courant dit d’Éducation nouvelle, notamment par des actions de formation et par des actions d’animation ». Dès lors ses relations avec les CEMEA s’envenimèrent et il fut exclu des cadres en 1989. En 2007-2008, le GERMEA, reconnu à Pau et toute la région, restait très actif en faisant fonctionner un centre de vacances maternel, en organisant des stages (mathématiques et astronomie) et des rencontres internationales de jeunes.

Jean Elhorga s’était toujours reconnu dans la gauche. Il milita longtemps au Mouvement de la paix et à France-URSS mais n’adhéra jamais à aucun parti.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24195, notice ELHORGA Jean par Alain Dalançon, Jean-Jacques Le Masson, version mise en ligne le 8 janvier 2009, dernière modification le 9 avril 2020.

Par Alain Dalançon, Jean-Jacques Le Masson

Jean Elhorga, colloque formation des maîtres 1971

SOURCES : Arch. IRHSES (S3 bordeaux, CA, congrès, L’Université syndicaliste. — Émilienne Eychenne, Les Fougères de la liberté : 1939-1945. Le franchissement clandestin de la frontière espagnole dans les Pyrénées-Atlantiques pendant la Seconde Guerre mondiale, Toulouse, Milan, 1987. — Entretien avec l’intéressé par Jean-Jacques Le Masson en 2007. — Sources familiales.

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