MARTY André, Pierre

Par Jean Maitron, Claude Pennetier (notice rédigée par Claude Pennetier après le décès de J. Maitron, mais avec le dossier qu’il avait constitué)

Né le 6 novembre 1886 à Perpignan (Pyrénées-Orientales), mort le 23 novembre 1956 à Toulouse (Haute-Garonne) ; ingénieur-mécanicien de la Marine nationale ; condamné aux travaux forcés comme mutin de la mer Noire (1919), libéré en 1923 ; élu au comité central (1925) puis au bureau politique (1931) du Parti communiste ; député (1924-1955) ; conseiller municipal de Paris ; secrétaire de l’Internationale communiste (1935-1943) ; chargé d’organiser les Brigades internationales puis délégué spécial du ministère espagnol de la Guerre (1936-1939) ; un des trois secrétaires de la délégation du comité central à Alger (1943-1944) ; un des secrétaires du PCF de 1945 à 1952 ; exclu du Parti communiste en janvier 1953, dans le cadre de l’affaire Marty-Tillon*.

André Marty dans son bureau du Komintern au milieu des années trente
André Marty dans son bureau du Komintern au milieu des années trente
RGASPI, Moscou, 517 3 1318.

Le destin exceptionnel d’André Marty prend racine dans un terreau familial populaire, militant et régional — la Catalogne — qui marqua sa sensibilité politique.

Le père d’André Marty, prénommé Isidore Bonaventure (1849-1918), condamné à mort par contumace en 1871 pour participation à la Commune de Narbonne, naquit à Fontpédrouse (Pyrénées-Orientales). Il était un des onze enfants d’une famille de montagnards, conducteurs de mulets, plus ou moins contrebandiers, qui effectuaient très souvent des trajets jusqu’en Espagne. Il épousa Angélique, une blanchisseuse perpignanaise, dont il aura trois garçons : André (1886), Michel (1890) et Jean (1893). Il alla travailler à la ville et devint apprenti cuisinier. Pendant la guerre de 1870, il fut affecté au dépôt de Narbonne puis son régiment rejoignit l’armée de la Loire. Revenu à Narbonne après l’armistice, il participa avec la majorité de son bataillon à la Commune de Narbonne proclamée le 24 mars 1871, puis, le mouvement ayant échoué le 31 mars, Isidore troqua son uniforme pour une soutane de prêtre et passa en Espagne. Cuisinier pendant quatre ans à Barcelone, il émigra à Buenos-Aires (Argentine), payant sa traversée en travaillant comme cuisinier auxiliaire. Quelques années plus tard — en 1879 — il revint à Barcelone où il reprit son travail de cuisinier puis, en 1881, passa en France empruntant l’identité d’un de ses frères et s’installa à Perpignan. Lors de la naissance d’André en 1886, il tenait depuis un an un débit de boissons qui allait devenir restaurant-hôtel dont l’arrière-salle accueillait des réunions politiques. “ Radical rouge ” selon certains témoignages, Isidore Marty était présenté par son fils comme “ toujours imbu de ses idées anarchisantes, (...) contre l’État, contre les politiciens, pour la révolution sans autre étiquette ” (document autobiographique du 22 octobre 1936, Bibliothèque marxiste de Paris [BMP], M 5). André fut influencé par les récits des ouvriers révolutionnaires anarchisants et “ catalanistes nationaux-révolutionnaires ”, souvent libertaires qui fréquentaient l’établissement paternel.

Au collège de Perpignan, André Marty fut d’abord un élève moyen, “ laborieux ” selon ses professeurs, puis en terminale mathématique, en 1905, un “ très bon élève ” qui conquit tous les premiers prix sauf en philosophie où il n’obtint que la troisième place (livret scolaire conservé dans les fonds de la BMP, M 5). Il fit état de tensions avec ses professeurs d’histoire et de philosophie qui se plaignaient de ses “ idées bizarres et fausses ” (document autobiographique du 22 octobre 1936, BMP, M 5). L’influence politique et personnelle de son père fut déterminante : c’est lui qui le poussait à faire des études et “ prêchait l’assiduité au travail ” scolaire tout en valorisant l’activité manuelle.

Bachelier es-sciences, pensionnaire dans une famille de Toulon (Var), André Marty fréquenta à partir d’octobre 1905 l’École supérieure professionnelle dite École Rouvière, afin de préparer l’École des matelots-élèves mécaniciens de la Marine. Tout son temps et ses lectures furent consacrés à la découverte passionnée de la mécanique pratique. Ses professeurs, en particulier celui de chaudronnerie, “ d’une habileté extraordinaire ”, lui laissèrent un souvenir impérissable (autobiographie de 1956, Arch. Marty). Pendant ces deux années, André Marty vibra au spectacle des mobilisations ouvrières de Toulon. Admissible aux épreuves écrites en septembre 1906, il ne put passer toutes les épreuves de la seconde partie du concours d’entrée, s’étant gravement brûlé la main droite au cours de l’essai de chaudronnerie passé à l’Arsenal de Puteaux. Cet échec l’affecta. Les biographies officielles passent sous silence cette tentative afin d’accentuer la version ouvrière de sa formation. Bien que ses études lui ouvrissent des perspectives professionnelles, il choisit d’être chaudronnier sur cuivre et fit son apprentissage chez un mécanicien établi à son compte à Perpignan. Celui-ci et un ingénieur des travaux publics, Mognier, l’introduisirent à la Loge maçonnique Saint-Jean des Arts et de la Régularité de Perpignan (Grande Loge de France).

En 1907, il assista au mouvement de révolte des travailleurs du Midi viticole (mai-juin 1907) et même participa, avec son jeune frère Michel, à la prise d’assaut de la préfecture de Perpignan le 20 juin. Il affirma avoir été dans les premiers à arracher les pavés pour élever une barricade. Le souvenir de cette révolte le marqua durablement. Il faisait remonter à cette date sa prise de conscience révolutionnaire.

Sursitaire, André Marty décida en janvier 1908, d’entrer dans la Marine militaire comme matelot mécanicien chaudronnier en cuivre en raison, devait-il dire plus tard, de l’aggravation de la situation économique paternelle. André Marty fut reçu premier au concours des matelots élèves mécaniciens en septembre 1908. Son engagement prévoyait sa présence dans la Marine pendant deux ans outre le temps de son service militaire : il y resta plus de dix ans. Ses voyages le conduisirent au large de la Chine, de l’Indochine, des Balkans et du Maroc. En 1911, il dirigea comme scaphandrier volontaire le renflouement du torpilleur Takou.

Selon son témoignage, Marty collabora sous un pseudonyme à l’hebdomadaire le Cri du marin, édité à Toulon en 1912-1913. Les gérants et directeurs légaux étaient membres du Parti socialiste mais la rédaction était composée de marins de la flotte militaire. Marty écrivit entre autres un article sur la catastrophe du cuirassé Masséna, article qui provoqua l’interdiction du journal. Autour de celui-ci s’était constituée une société secrète de mécaniciens de la flotte, organisation très centralisée dirigée par cinq personnes et disposant de noyaux sur plusieurs navires. Marty ne précise pas son rôle exact dans la société. Il affirme avoir été alors influencé par les idées syndicalistes révolutionnaires et hervéistes des ouvriers de l’Arsenal. Il participa aux travaux de la Loge l’Action Écossaise (Grande Loge de France) mais n’eut guère l’occasion de fréquenter les milieux maçonniques à partir d’août 1914, exception faite d’une conférence sur “ La guerre en mer ” à la Loge Saint-Jean des Arts et de la Régularité, de Perpignan.

Second-maître puis maître, il fut reçu premier en juin 1914 au concours des élèves officiers mécaniciens. Ainsi atteignit-il un grade qui le mettait en relation avec les officiers issus de milieux aisés et volontiers conservateurs. Il fit toute la guerre sur des unités combattantes et laissa à certains le souvenir d’un officier qui “ prenait toujours la défense de ses hommes ” (selon le témoignage de Paul Bouillet, l’Humanité, 18 mars 1922). Albert Carré souligne sa volonté de ne pas rompre avec ses origines : “ Au carré des officiers, pour déjeuner ou dîner, les convives doivent se mettre en tenue de ville ; Marty y venait toujours en bleus. Vieil esprit du milieu où il fut élevé ” (Contre le courant, 10 mars 1954). Il ne fumait pas, buvait peu et avait une réputation de solitaire. En juillet 1917, Marty fut promu ingénieur mécanicien et le mois suivant affecté comme chef du service “ machines ” au torpilleur d’escadre Protêt (division des flottilles de l’Adriatique) où il manifesta un esprit inventif en mettant au point un réchauffeur de turbine.

La Révolte de la mer Noire

Lorsque, après l’armistice du 11 novembre 1918, son navire fit partie de l’escadre envoyée devant Odessa pour combattre la Révolution russe, Marty — qui aurait demandé, sans succès, à quitter l’armée en novembre 1918 et en janvier 1919 — fut au cœur des mutineries connues sous le nom de Révolte de la mer Noire. Dès février 1919 des mouvements de refus d’obéissance apparurent dans l’armée de terre. En mars, une compagnie du génie refusa d’ouvrir le feu sur les “ rouges ” à Odessa. Le mécontentement s’affirmait également chez les matelots (souvent d’anciens ouvriers), las de la guerre, peu enclins à gêner la progression des bolcheviks — ceux-ci arrivèrent devant Odessa début avril — et qui réclamaient avec force l’amélioration de la nourriture ainsi que leur démobilisation.

L’arrestation de l’officier mécanicien André Marty à bord du Protêt, le 16 avril, précéda la révolte. Celui-ci avait projeté avec ses amis, dont Louis Badina*, de prendre le contrôle du torpilleur pour entrer, drapeau rouge au mât, dans le port d’Odessa et donner ainsi le signal d’un mouvement qui paralyserait l’intervention française. A défaut de pouvoir rencontrer des bolcheviks, il avait profité d’une escale à Galatz (Roumanie) pour discuter avec des sociaux-démocrates roumains. Le complot s’ébruita et Marty fut arrêté trois jours plus tard, avant d’avoir pu passer à sa réalisation.

La mutinerie proprement dite éclata le 19 avril 1919 sur le cuirassé France à l’instigation du matelot mécanicien Virgile Vuillemin* alors que l’évacuation d’Odessa se poursuivait depuis treize jours et que des navires français avaient tiré sur les troupes bolcheviques les 16 et 17 avril. D’abord emprisonné à terre, à Galatz, puis transféré le 23 avril à bord du Waldeck-Rousseau d’où il chercha à communiquer avec l’extérieur, Marty réussit à provoquer un mouvement de solidarité. Son transfert sur le Protêt fut suivi d’une révolte des marins du Waldeck-Rousseau. Il fut au centre de la mobilisation des mutins qui ajoutèrent à leurs revendications la volonté de sauver sa vie.
Selon Maurice Agulhon : “ C’est donc très tôt, et sans qu’il ait eu besoin, comme on l’a insinué, de se fabriquer une légende, que Marty fut considéré comme le symbole de la Mutinerie. Il y avait à cela deux raisons : la première est qu’il avait été le plus hardi dans la conception et dans l’organisation (encore qu’on ne connaisse celle-ci que par allusions), la seconde qu’il était le seul des mutins à avoir rang d’officier. ” (op. cit.) Ajoutons que le seul examen de la chronologie infirme les déclarations polémiques qui font de Marty un officier qui se serait contenté de suivre le mouvement.
Les documents, et en particulier la lettre qu’il écrivit à son frère Jean le 23 juin 1919, témoignent de son courage, de sa solidarité avec les autres inculpés et de sa volonté de lier le mouvement ouvrier français à la défense des mutins : “ J’insiste sur ce que, devant une condamnation à mort très probable, je me déclare plus que jamais solidaire de tous ceux impliqués dans les affaires de la mer Noire. Éclairez les ouvriers et les paysans sur cette énorme affaire. Les bolcheviks ne sont pas ce qu’on dit en France et on oblige les marins et les soldats à faire une besogne ignoble contre leur volonté. ” En tant qu’officier accusé d’avoir tenté de passer à l’ennemi avec son bâtiment, Marty risquait en effet la peine de mort. Il essaya de ne pas dévoiler l’intégralité de son projet et de feindre la sincérité (il le dit dans un document saisi sur Michel Marty) quitte à laisser passer, dans ses interrogatoires du 5 et du 24 mai 1919, des déclarations tendant à amoindrir sa responsabilité, comme la fameuse phrase : “ Cette chose épouvantable que j’ai imaginée a été causée par un surmenage cérébral intense ” (24 mai). Elle fut très tôt communiquée aux hommes politiques de droite (l’Action française la publiera la première) avant d’être utilisée par ses adversaires socialistes en 1950 (Max Lejeune et “ Paix et liberté ”) puis par les artisans de son exclusion du Parti communiste (Jacques Duclos, Cahiers du communisme, avril 1953, p. 435). Ses lettres transmises clandestinement montrent la pleine conscience qu’il avait de ses faiblesses tactiques : “ Il y a certes quelques points obscurs, je me réserve de vous les éclaircir plus tard (...) Ce que j’ai fait, je l’ai décidé en pleine raison et je ne renie rien. ” Marty put maintenir un système de défense qui lui sauva la vie.

Le 5 juillet 1919, après que Marty se fût dans sa déposition finale solidarisé avec tous les soldats et marins révoltés sur le front russe et en mer Noire, le conseil de guerre réuni à bord du Paris en rade de Constantinople le condamna à vingt ans de travaux forcés, vingt ans d’interdiction de séjour et à la dégradation militaire.
Il connut dès lors les “ prisons de la République ”, nom de son ouvrage publié en juin 1924, dans lequel il raconte la dureté des conditions de vie à Toulon, Marseille, Nîmes (où, en octobre 1920, il organisa la grève des 450 forçats), Nice, Thouars, Clairvaux en passant par les maisons d’arrêt de Saumur, Tours et Melun. Les souffrances qu’il partagea avec les autres prisonniers émurent les lecteurs de la presse ouvrière.

L’opinion se mobilisa pour l’amnistie des mutins de la mer Noire et en particulier celle d’André Marty. Dès août 1919, un Comité de défense des marins, proche du Comité de défense sociale de la CGT, avait été fondé et dirigé par les militants syndicalistes et libertaires, Albert Carré et Marius Grignon. Après le congrès de Tours (décembre 1920), le Parti communiste engagea une campagne qui alla crescendo et obtint le soutien des socialistes, des francs-maçons, des militants de la Ligue des droits de l’homme et des radicaux. Ainsi la plupart des forces se réclamant du mouvement ouvrier soutinrent la candidature de Marty “ héros et martyr du civisme républicain ” à l’élection municipale de Charonne du 2 octobre 1921. On prête l’idée de cette première opération électorale à L. O. Frossard, mais pour le Populaire du 28 septembre 1921 : “ L’éloge de Marty n’est plus à faire (…) pas de querelles de boutique. Faisons d’abord et avant tout triompher Marty. ” Le même jour l’Internationale publiait une photographie de Marty en habit d’officier qui mettait en valeur sa taille (il mesurait 1 mètre 82) et sa prestance, accompagnée d’un commentaire enthousiaste de Séverine : “ Regardez sa physionomie : elle est significative. Passons sur la beauté des traits, et cette grâce méridionale qui semble pétrir de lumière le visage de ses fils. Ne retenons des larges yeux que l’expression qui s’en dégage comme un jet de clarté. Tout rayonne dans cette figure dont le sourire est absent ”. La correspondance de Jean Mary avec L.-O. Frossard donne le ton de discussions privées : Jean Marty lui communique une lettre de Jean Longuet à Michel Marty du 5 septembre. Celui-ci dit qu’il est nécessaire de la candidature de Marty n’ait pas un caractère sectaire et qu’il soit “ le candidat commun de tous les socialistes ”, en rappelant que le sortant décédé, Reisz [Eugène Reisz, ouvrier métallurgiste, conseiller municipal de Charonne depuis 1912, mort le 30 juillet 1921] étant socialiste, il y quelques résistances dans les rangs du PS. La réponse de Michel est ferme : “ Je ne vois nullement d’esprit sectaire dans leur [celle des communistes] manière d’agir (…) Je ne puis admettre les “ résistances ” dont vous parlez (…) il n’est pas pour moi un candidat politique : il est candidat de tous ceux qui luttent pour une humanité meilleure ! Et je n’ai pas à la patronner auprès de tel au tel parti. ” Elle peut être soutenue par tous ceux qui sont véritablement socialistes ou même républicains ”. Les succès électoraux se multiplièrent pour ce “ héros ” et plusieurs autres emprisonnés comme Louis Badina* et Georges Wallet*. L’officier mécanicien Marty fut pour sa part élu quarante-deux fois entre octobre 1921 et juillet 1923 et le plus souvent invalidé. Il fut conseiller municipal de Paris (quartiers Charonne et de la Santé), de Vienne, d’Izeaux, d’Onnaing, d’Arcueil, d’Aubervilliers, d’Issy-les-Moulineaux, de Graulhet ; conseiller général d’Hyères, de Lyon, de Tourcoing, de Givors, du Havre, de Perpignan ; conseiller d’arrondissement d’Asnières, d’Aubervilliers, de Vanves, de Villejuif, de Noisy-le-Sec, de Prats-de-Mollo. À la même époque, les ouvriers de l’usine “ Dynamo ” l’élurent au Soviet de Moscou et il devint membre du Soviet de Pétrograd. Une première amnistie, le 27 juillet 1922, avait libéré tous les marins de la mer Noire à l’exception d’André Marty.

Devant la campagne populaire grandissante en sa faveur et l’intervention pressante de la Franc-maçonnerie (voir le Bulletin officiel de la Grande Loge de France, n° 21, mars 1923), le Conseil des ministres le gracia le 20 juillet 1923. Marty avait été libéré de Clairvaux en suspension de peine trois jours plus tôt et avait fait une entrée triomphale à Perpignan le 18 juillet 1923. Le 22 juillet, communistes, socialistes et syndicalistes rassemblèrent cinq mille personnes place de Catalogne. Cet événement filmé par la “ Maison d’édition des films populaires ” offre l’image émouvante des trois frères Marty entourant leur vieille mère hémiplégique, (veuve depuis le 30 septembre 1918) qui devait décéder trois mois plus tard, le 14 octobre 1923.

Quelles étaient alors les intentions politiques d’André Marty ? Nous disposons, outre son témoignage, d’un certain nombre de documents d’archives, en particulier de missives adressées à ses frères et saisies par la police. Sa lettre du 23 juin 1919 offre une première indication : Marty tient à se placer socialement du côté de la classe ouvrière (“ Ma profession (…) est celle que j’avais en rentrant au service : ouvrier mécanicien et c’est la seule que je revendique ”) et politiquement, à bénéficier du soutien des socialistes. Il en appelle, en effet, aux députés Émile Goude (ancien quartier maître mécanicien et franc-maçon) et Ernest Lafont (également franc-maçon). À son arrivée en France, c’est aux députés Pierre Brizon*, Jean Longuet*, Alexandre Blanc et Goude qu’il écrit pour crier “ Vive l’Internationale révolutionnaire ” (lettre du 22 juillet 1919). Dès le début du mois d’octobre 1920, André Marty manifeste sa volonté de voir le Parti socialiste adhérer à la IIIe Internationale. Faut-il accorder foi aux déclarations du directeur de l’administration pénitentiaire de Clairvaux, selon lequel Marty, le 22 mars 1922, aurait confié son peu de goût pour la carrière politique et aurait déclaré que, s’il était libéré, il démissionnerait de ses mandats électifs, accepterait éventuellement une nouvelle candidature mais en posant de telles conditions que les “ politiciens ” renonceraient à utiliser son nom ? Une lettre de Jean Marty à Cachin le confirme : “ L’esprit d’André est très mauvais, je ne veux pas vous le cacher. J’ai eu toutes les peines du monde à l’empêcher de démissionner de ses mandats (…) Il a très sévèrement critiqué les communistes Garchery, Dormoy [Dunois ?], Lafont. Ce fut un véritable réquisitoire. Je me hâte d’ajouter qu’il m’a dit : “ Remarque je n’envisage pas les dissidents ou autres parce qu’ils ne m’intéressent pas. Les SFIO venant me voir ont même oublié de me demander comment je me portais. Mais je ne réagis pas de même avec les communistes. ” Malgré cela, je crois fort que cet état d’esprit anarchiste d’André aille empirant et je veux que vous sachiez cela. André a préparé tout un questionnaire pour le CD à sa sortie et il jugera m’a-t-il dit. ” (Musée d’histoire vivante, 81 21086, communiqué par Eric Lafon.).

Un rapport du Parti communiste à l’IC, daté du 23 juillet 1923, permet de suivre avec précision ses contacts politiques : “ Notre camarade André Marty n’a pas encore donné son adhésion au Parti communiste. Par respect pour un sentiment quelque peu futile : il ne faut pas, dit-il, avoir l’air de donner son adhésion sans avoir eu le temps de réfléchir à sa sortie de prison (...). Aussitôt libéré, il a donné sa démission de la Franc-maçonnerie et malgré toutes les démarches qui ont été faites auprès de lui par le Grand Orient [en fait par la Grande Loge de France] pour le faire revenir sur sa décision, il a maintenu sa démission de façon absolument irrévocable. Les résistants [ceux qui résistent aux décisions du IVe congrès de l’IC] avaient délégué auprès de lui le citoyen Ernest Lafont qui l’avait défendu en tant qu’avocat. La bande Frossard employait le moyen le plus puissant pour influencer André Marty : il a résisté et il vient d’envoyer à Lafont une lettre extrêmement dure où il confirme par écrit ce qu’il avait déjà déclaré de vive voix, à savoir qu’il n’était pas du tout d’accord avec la position politique des résistants et qu’il jugeait au contraire que la ligne politique la plus droite était tenue par le Parti communiste. (...) Dans l’ensemble l’attitude d’André Marty est très bonne et nous avons ici l’impression que nous pouvons compter entièrement sur lui. Mais il sort de prison, après quatre années de prison et quatre années de service militaire. Ses connaissances du mouvement ouvrier français ne lui permettent pas encore bien d’étager dans son jugement l’importance et le rôle des différents groupements ouvriers ou révolutionnaires. C’est ainsi qu’il jugeait comme très important le rôle du Comité de défense sociale ou du Comité des Marins qui ne représentent en réalité à peu près rien du tout. ” Le rapport précisait également que d’un commun accord il n’était pas envisagé de représenter Marty aux élections municipales parisiennes (BMP, microfilm 43).

L’intense activité d’André Marty à Perpignan entre août et novembre 1923 présente un intérêt particulier. Il semble avoir été d’abord préoccupé par la recherche d’un emploi. Dans une lettre envoyée le 6 novembre 1923, il écrivait à un ancien mutin : “ Je suis toujours à l’hôtel de mon père. Il est bien tombé. Je m’occupe de le vendre car je ne puis le tenir. Malgré les difficultés suscitées par les capitalistes, je pense y arriver. Ensuite je verrai. J’ai déjà écrit pour avoir du travail. Ou on ne me répond pas, ou on dit non ! ” (Arch. Dép. Loire, M 541).

C’est de sa ville natale qu’André Marty adressa sa demande d’adhésion au Parti communiste par un texte que l’Humanité publia le 27 septembre 1923 : “ Je me suis demandé, écrit-il, s’il ne valait pas mieux rester encore neutre entre le Parti communiste et les groupes libertaires. Mais (...) le Parti communiste me paraît être le plus grand, le plus méthodique, le plus apte à mener le prolétariat à la révolution sociale. ” Il annonçait également que conformément aux décisions du IVe congrès de l’IC, il répudiait la Franc-maçonnerie. Son ancienneté dans le parti fut datée du 16 avril 1919, jour de son arrestation en mer Noire.

Pourquoi avoir franchi le pas à ce moment ? Une confidence, tardive, faite à Jean Maitron en 1955 mérite d’être signalée : “ Sa “grande faute”, selon Marty, aurait été d’avoir adhéré au parti. Seconde faute, se faire élire député. Il ne commit ces deux fautes que pour signer comme communiste un appel en faveur de la fraternisation dans la Ruhr (Garchery le lui demanda) et pour aider à gagner l’amnistie. ” (Notes de Jean Maitron, Courbevoie, 3 février 1955.) Ses motivations profondes étaient bien sûr moins conjoncturelles mais il est vrai que son activité s’organisa immédiatement autour de ces deux thèmes.
Obsédé par les souffrances dont il avait été témoin pendant son emprisonnement, il fit du combat pour la libération de toutes les “ victimes de la guerre ” une cause pour laquelle il s’engagea totalement. Le 2 octobre 1923, au cours d’une session du conseil général des Pyrénées-Orientales, il fit adopter trois vœux sur l’amnistie, un quatrième concernant la Ruhr étant repoussé. Alors qu’une procédure d’annulation de son élection était en cours, il démissionna avec éclat et porta le débat sur la place publique. Ainsi le 7 novembre, appuyé par son frère Michel, assista-t-il à une réunion publique du Parti socialiste SFIO pour tenter — sans succès — de rallier les socialistes à ses positions sur les questions de l’amnistie et de la Ruhr. Dès lors Marty ne manqua pas une occasion d’attaquer le Bloc des gauches et la SFIO.
Le congrès de la Fédération communiste des Pyrénées-Orientales tenu les 12 et 13 janvier 1924 fut marqué par le rôle de Marty – dont la tenue « débraillée » resta dans les mémoires – qui présenta les nouveaux statuts fédéraux. Une semaine plus tard, il fut invité au congrès national de Lyon et fêté par les participants. Très occupé par la rédaction de son ouvrage sur les prisons de la République, l’ancien mutin (qui venait de se marier avec Pauline Taurinya le 10 avril 1924 à Toulouse) se laissa convaincre, non sans hésitation, de développer sa propagande en faveur de l’amnistie dans le cadre de la campagne électorale législative de mai 1924. Pour être sûr de sa victoire, le Parti communiste lui demanda de prendre la tête de sa liste en Seine-et-Oise. Il fut élu avec un score très supérieur à celui de ses colistiers : 63 430 voix sur 256 329 inscrits et 60 925 seulement pour le second, Barbecot.

Dans cette Chambre majoritairement favorable au Cartel des gauches, André Marty se fit remarquer par son refus des normes vestimentaires (il portait casquette, chemise kaki et large ceinture de flanelle) et par sa violence. Ainsi le 20 juin 1924, il quitta, à Ivry, une réunion publique surchauffée, consacrée à “ l’amnistie générale des victimes de la guerre ”, pour se rendre à la Chambre. Lorsqu’il entra, Garchery qui lisait à la tribune la déclaration du groupe communiste venait d’être interrompu par les socialistes. L’orateur fut même bousculé en passant à côté des sièges socialistes et une bagarre s’en suivit. Marty marchant sur les pupitres sortit de sa poche un fouet de charretier (nerf de bœuf) noué à son extrémité et le fit tournoyer. Au congrès de Lille (juin 1926), il reconnut : “ Quand j’ai foutu des coups de fouet à la Chambre sur la tête des socialistes, ce fut une erreur (...) Mais cela se passait aussitôt après mon élection. ” (c.r. p. 154 et Arch. Marty, note de 1956.) Le Parti communiste en avait fait un de ses principaux représentants au Parlement en le désignant, le 16 mai 1924, comme délégué du groupe parlementaire auprès du Comité directeur (bien qu’il n’appartînt pas à cette instance élue au congrès de Lyon). Il était prévu que, dès la fin de la session parlementaire, le “ député-bagnard ” partirait en URSS. Il s’y rendit en octobre et fut reçu avec les honneurs dus au “ héros de la mer Noire ”. La délégation de marins rouges qui l’accueillit le 24 novembre à Moscou le traita en “ marin honoraire de la Flotte rouge ”. On ne dispose pas de renseignements sur ses entretiens politiques qui durent être déterminants. À son retour, il se prononça contre l’opposition et par la suite suivit fidèlement toutes les évolutions de la direction stalinienne. Pendant l’hiver 1924-1925, la violence de son attitude déçut ceux qui avaient été parmi les premiers artisans de la campagne pour la libération des marins de la mer Noire. Ainsi Pierre Monatte* situe sa rupture morale avec le mutin, au moment de la grève des pêcheurs de Concarneau, en janvier 1925, lorsque Marty déclara “ à la tribune à notre ami Allot (voir Emmanuel Allot*) qu’il pourrait bientôt mériter son nom ” (lettre à Jean Maitron, 7 mars 1955).

Marty se rendit à Moscou en mars-avril 1925 pour assister aux travaux du Ve plénum de l’IC qui adopta les thèses sur la bolchevisation et mit l’accent sur la lutte contre le trotskysme. Les Carnets Cachin témoignent de tensions persistantes avec le parti. À la date du vendredi 13 mars 1925, Marcel Cachin écrit que : “ Marty est outré que sa belle-mère ait été exclue du parti, et que Marty déclare qu’il ne rentrera au Parlement et dans le parti que si sa belle-mère est réintégrée. ” Il s’agit donc de la mère de Pauline Taurinya*, une femme lettrée (elle était titulaire du Brevet élémentaire) et qui a laissé le souvenir d’une « républicaine » (tome III, p. 255).

Installé à Cormeilles-en-Parisis (Seine-et-Oise), André Marty fut élu au Comité central du Parti communiste lors du congrès de Clichy (janvier 1925). La sous-section de propagande de l’agit-prop le chargea du contrôle de la presse de province. Pendant l’été 1925, il fit partie de la délégation du CC chargée d’organiser dans la région méditerranéenne la lutte contre la guerre du Maroc. Il prit la parole en août, dans l’Hérault, le Var et bien sûr au congrès ouvrier et paysan de Marseille le 23. Ses déclarations dans le Midi lui valurent d’ailleurs sa première condamnation depuis sa libération : quatre mois de prison.
Sa participation active à la conférence nationale d’Ivry le 20 octobre 1925 témoigne de son rôle grandissant dans le parti : après avoir présenté un rapport sur « Le Parti français et les paysans », il intervint sur les erreurs du groupe parlementaire et critiqua l’attitude de certains députés qui ne pensaient qu’à leur réélection. Le ton était donné : Marty se présentera dans le parti en révolutionnaire intransigeant, pur et dur, hors des coteries et prompt à la critique. Ainsi au congrès de Lille (juin 1926) affirma-t-il qu’il n’appartenait à aucune tendance et que, s’il se désolidarisait de l’oppositionnel Maurice Gautier*, il protestait contre l’absence de mobilisation contre la guerre du Maroc pendant l’hiver, contre la faiblesse de la solidarité avec la grève générale des mineurs de Grande-Bretagne, contre les changements de l’Humanité et contre le groupe parlementaire. « On nous a donné un rapport moral du comité central et je dis que c’est une erreur : cela ne peut être le rapport moral du CC, parce qu’il n’existe pas » affirma-t-il en ajoutant : « L’autre jour, j’ai dit quelques mots à la conférence de la région parisienne (...) Si vous aviez vu Doriot et Semard ! Cependant, je n’ai jamais rien fait sans prévenir le secrétariat du parti, je suis entièrement avec lui politiquement. »

Marty fut particulièrement chargé de suivre le Secours rouge international. En août 1927, le MOPR (comité exécutif du SRI) en fit un de ses présidents d’honneur. Trois mois plus tard, à l’occasion du congrès des Amis de l’Union soviétique (auquel il n’assistait pas), il fut décoré de l’Ordre du drapeau rouge.
Militant de l’Union fraternelle des marins et anciens marins (organisme affilié à l’ARAC), Marty ne manquait jamais d’apparaître comme leur meilleur défenseur. Le 30 décembre 1926, il proposa au Parlement de réduire à 8 heures la durée de travail dans la marine de guerre et le 20 juillet 1927, il interpella le ministre Leygues sur les incidents de la prison maritime de Toulon.
Lui-même allait connaître à nouveau le régime pénitentiaire. Condamné à sept reprises à un total de six ans de prison, en 1925 et 1926, pour propagande antimilitariste et pour son activité contre la guerre du Maroc, il refusa, en juillet 1927, d’exécuter la décision du Bureau politique de se rendre volontairement prisonnier à la Santé pour y subir sa peine avec les autres condamnés (dont Marcel Cachin*). Il passa donc dans la clandestinité mais fut arrêté le 13 août 1927 à Aubenas, conduit à Privas puis, le 15, au quartier politique de la Santé.
Quelques jours plus tard, le 24 août, l’ancien mutin de la mer Noire remit à l’administration pénitentiaire une lettre adressée au maréchal Foch, contenant une vive réponse à l’interview que ce dernier avait donnée à l’hebdomadaire conservateur anglais The Referee, le 21 août. L’ancien commandant en chef des armées alliées ayant prétendu que l’absence de moyens militaires au début de l’année 1919 avait empêché “ d’en finir une fois pour toutes avec la menace bolchevique ”, tout en appelant à un front franco-anglais pour refuser le commerce avec l’URSS, Marty répliqua en témoin de l’intervention alliée. Mais sa conclusion le plaçait sous le coup de la loi : « Et le jour où vous voudriez recommencer le crime de 1919, nous ferons tout, avec l’appui entier de notre Parti communiste, pour que cette fois-ci les soldats et les marins ne se contentent plus de refuser de marcher, mais pour qu’ils mettent leurs armes au service des ouvriers et des paysans afin d’abattre, par la Révolution sociale, votre régime capitaliste de guerre, de boue et de sang. » Dès le lendemain de la publication, le Conseil des ministres demanda au garde des Sceaux d’ouvrir une instruction et de priver le prisonnier du régime politique. À la suite d’une interpellation au Parlement et de la protestation des codétenus politiques parmi lesquels Cachin, Doriot, Monmousseau et Midol, et peut-être en raison de l’émotion provoquée par une telle mesure dans la population, on le laissa regagner le quartier politique le 10 septembre. Cependant, si l’on en croit Henri Barbé* (un adversaire de Marty mais dont le témoignage est trop précis pour être contesté), l’image du héros de la mer Noire fut ternie auprès des codétenus par son comportement lors de la grève de la faim des prisonniers politiques de la Santé, ceux-ci ayant découvert qu’il s’alimentait discrètement de bananes (Souvenirs, inédit, p. 122-125). Le 27 septembre, la 12e chambre correctionnelle le condamna à deux fois cinq ans de prison et deux fois 3 000 F d’amende pour des articles antimilitaristes. Marty à nouveau auréolé par son emprisonnement fut présenté comme candidat au conseil général dans un canton du Pas-de-Calais en octobre 1927. Un vote de la Chambre des députés permit sa libération (en suspension de peine) ainsi que celle de Doriot et de Duclos. La peine redevenant exécutoire pendant les intersessions, il jugea plus prudent de passer à la clandestinité le 23 décembre après avoir été à nouveau condamné à trois mois de prison le 5 décembre 1927. Finalement, le 11 janvier 1928, la Chambre des députés leva son immunité parlementaire ainsi que celles de Cachin et Vaillant-Couturier qui furent arrêtés à la sortie de la séance et de Duclos, également clandestin. Dès le 21 janvier, Marty fut arrêté à Boulogne-Billancourt et transféré à la prison civile de Toulon pour passer devant le tribunal correctionnel qui le condamna, le 10 février à deux ans de prison pour un article dénonçant le régime de la prison maritime. Ses démêlés avec la justice n’étaient pas terminés puisqu’il devait passer en jugement pour la lettre au maréchal Foch. Marty et son avocat Me Berthon tentèrent d’abord de récuser la compétence de la 12e chambre en réclamant en vain un procès en cour d’assises. Le 24 mars le tribunal condamna Marty à quatre ans de prison. L’affaire vint sur le fond devant la 12e chambre du tribunal correctionnel en novembre-décembre et eut un grand écho. Berthon réussit à faire porter le débat sur l’authenticité ou non de l’interview du maréchal Foch, puis à prouver que ses dénégations n’étaient pas fondées. Le tribunal condamna à nouveau Marty à quatre ans de prison puis, le 18 février 1929, la cour d’appel de Paris lui infligea le maximum de la peine : cinq ans de prison.

La popularité de Marty étant à son zénith, son échec lors des élections législatives d’avril 1928 dans la première circonscription de Versailles (Argenteuil-Bezons) fut durement ressenti. Largement en tête au premier tour avec 7 785 voix sur 25 861 inscrits et 21 850 votants, il fut devancé de moins de cent voix au second tour par le républicain de gauche De Fels bien qu’il ait bénéficié du report des 1 903 voix socialistes. Son conflit avec les instances communistes locales (conflit examiné par le Bureau politique du 28 mars 1928) n’avait peut-être pas facilité la campagne. Mais surtout ses adversaires avaient déployé de grands moyens pour empêcher sa réélection au Parlement. Son beau-frère, Gabriel Péri*, lui succéda comme candidat à Argenteuil en 1932.
Ses relations avec la direction (Barbé, Celor, Lozeray) du Parti communiste n’étaient pas des meilleures. Selon un rapport de police, Marty ne se réjouissait pas de la décision de présenter sa candidature à l’élection législative partielle de Puteaux (Seine), en janvier -février 1929, suite à l’invalidation de Ménétrier. “ Il estime que la direction du parti a mis son nom en avant pour “ l’amadouer ” et faire cesser ses critiques (...) il ne cache pas que s’il avait la possibilité d’assister au congrès du parti, il ne manquerait pas de donner libre cours à ses critiques. ” Il reprochait en particulier à l’Humanité, en pleine période de tactique classe contre classe, de ne pas avoir dénoncé suffisamment le rôle du Parti socialiste, au moment même où l’appel de la Fédération socialiste de la Seine en sa faveur assurait son élection au Parlement (Arch. Nat. F7/13260). Ces critiques ne l’empêchèrent pas d’être élu au Bureau politique lors du VIe congrès du Parti communiste (Saint-Denis, 31 mars-7 avril 1929) et d’être désigné comme tête de liste avec Raymond Barbet* aux élections municipales de Nanterre en mai.

De la prison de la Santé, Marty lança et mena, en août 1929, selon son témoignage, la campagne pour sauver l’Humanité menacée pour non paiement de 2 millions d’amende. Deux mois plus tard il succéda à Jean Colly, décédé, comme conseiller municipal communiste du XIIIe arr., responsabilité qui s’avéra particulièrement importante lorsqu’en novembre les autres conseillers communistes (les “Six” : Louis Castellaz*, Jean Garchery, Louis Gélis, Louis Sellier*, Charles Joly, Camille Renault, bientôt imités par Louis Duteil) quittèrent le Parti communiste.

Mais le conseiller Marty ne pouvait pas siéger à l’hôtel de ville. L’administration pénitentiaire l’avait transféré en mars 1930 au quartier politique de Clairvaux pour rendre plus difficiles ses contacts avec l’extérieur. Selon son témoignage, il combattait l’équipe dirigeante du parti. Ce n’est que le 21 janvier 1931 qu’il bénéficia d’une liberté en suspension de peine par un vote de la Chambre des députés. Agé de quarante-cinq ans, l’ancien mutin avait passé sept ans et demi de sa vie en prison.

Son séjour à la prison de la Santé avait à nouveau provoqué des rumeurs sur son comportement. Le 18 août 1930 la CCCP blâma Emile Bureau* pour avoir “ par ses bavardages, donné naissance à des rumeurs aussi regrettables que mal fondées [..] rien n’est à retenir des bruits qui ont un instant courus sur le compte d’André Marty, bruits qui ont reçus dès l’origine le démenti public du BP, et dont tous les militants ont aussitôt fait prompte justice. ” (dossier personnel d’Émile Bureau au Komintern).

Quelques jours après sa libération, il mena la campagne qui aboutit à l’acquittement par les conseils de guerre de Toulon de cinq marins dirigeants d’une “ mutinerie de la discipline ” à Calvi. Marty, encouragé par Pierre Semard, saisit l’occasion de mettre en cause les pratiques politiques du moment. À la conférence nationale de Clichy, le 1er février 1931, il expliqua que seule l’intense campagne de masse avait permis l’acquittement et conclut que les travailleurs, sans attendre la Révolution, pouvaient faire reculer la répression en régime capitaliste et de la même manière arracher des améliorations de salaires et de conditions de travail. Il fut réélu au Bureau politique sur proposition du délégué de l’Internationale communiste.
Cette confiance de l’IC en Marty se confirma dans les mois qui suivirent. On l’envoya, en mars 1931, en Espagne, d’où il fut expulsé en mai. Le 28 du même mois, il fut blessé lors des charges policières contre les manifestants qui se rendaient au Mur des fédérés. Lorsque le 8 mai 1931, Thorez présenta au bureau politique les grandes lignes d’une réorganisation du Parti, Marty protesta contre le maintien de Cachin comme responsable de l’Humanité et demanda qu’on “ examine la question à fond ” mais quatre jours plus tard ses attaques ne portèrent que sur le journal qui avait “ une ligne complètement fausse ” en atténuant les responsabilité de Cachin qui était “ trop pris ” (BMP, 380) ; en décembre, il sera nommé représentant du BP et du secrétariat pour suivre la ligne du journal. Représentant de la section française, en août, au XIIIe Exécutif de l’Internationale communiste, il devint le délégué de la France au Komintern. C’est à ce titre qu’il fut chargé le mois suivant de l’enquête sur le groupe “ Barbé-Celor ”, fonction considérable qui mettait entre ses mains (sous le contrôle de l’IC) le destin de nombreux cadres du parti. Son rapport publié par l’Humanité le 15 et le 19 décembre condamnait durement l’activité “ fractionnelle ” de “ l’équipe de la Jeunesse ” (“ Pas de diversion. Le Parti brisera l’idéologie du groupe Barbé-Celor-Lozeray” 19 décembre), tout en recommandant la modération envers les hommes. Ce n’est que le 8 octobre 1932 que, sous la signature de Marcel Cachin* parut un article — non rédigé par ce dernier — accusant le “ traître Celor ” d’avoir été tenu par la police.

Marty revint de Moscou fin 1931 pour travailler auprès du secrétariat du parti (il n’avait pas officiellement le titre de secrétaire, réservé à Thorez, Duclos et Frachon). Selon le témoignage d’Albert Vassart*, au premier trimestre 1932, la situation de la direction du parti était difficile, l’élimination du groupe laissant un vide et les hypothèses pour un redressement du parti restant ouvertes. “ Fried cependant manœuvrait déjà en s’appuyant principalement sur Thorez ; mais Marty qui avait également des points d’appui à Moscou se montrait dans les réunions du Bureau politique agressivement hostile à Thorez ”. Vassart raconte même que lors d’une discussion particulièrement violente il “ avait jeté un encrier, heureusement vide, à la tête de Thorez ” (Mémoires, pp. 293-294). Il trace de lui un portrait sans complaisance mais non sans estime : “ Marty travaillait beaucoup ; il avait également un sens politique indiscutable, quoique entaché d’un incurable gauchisme, mais en dehors de ces quelques qualités, il avait surtout des défauts que les militants s’étaient habitués à supporter parce qu’on voulait maintenir autour de Marty la légende du héros de la mer Noire. Collaborer régulièrement avec lui n’était vraiment pas facile, très souvent et pour un motif futile, il se mettait dans une colère folle, insultant grossièrement ceux dont il était mécontent, voyant partout du sabotage ou de l’incapacité ” (p. 294-295).
Revenu de Moscou avec une combativité à toute épreuve, il intervint en décembre 1931 au conseil municipal de Paris et dans les réunions publiques, sur la question du chômage, avec une vigueur incomparable. Mais, Marty subit un nouvel échec aux élections législatives de mai 1932, en perdant son siège de Puteaux au profit du socialiste Georges Barthélémy* qui l’avait nettement devancé dès le premier tour. À nouveau menacé d’arrestation et privé de l’immunité parlementaire, il partit à Moscou, avec Pauline (ils logeront à l’hôtel Lux), représenter la France au Comité exécutif de l’Internationale communiste et put assister, avec Thorez, Duclos, Doriot, Monmousseau au XIIe plénum élargi de l’Exécutif de l’Internationale en août-septembre 1932, plénum qui fut marqué par de sévères critiques contre la direction française. Marty, qui entrait officiellement au Comité exécutif de l’IC restait partisan d’une politique de dénonciation énergique du réformisme, accompagnée d’un large travail de masse dans la lutte contre la guerre, pour l’amnistie et la défense des conditions de travail. Thorez n’était alors pas éloigné de cette politique mais Marty lui gardait rancœur de sa passivité face au “ groupe Barbé-Celor ” et le soupçonnait d’opportunisme électoral, pour se constituer, comme Doriot, un fief en région parisienne et faire valoir auprès de l’Internationale la réussite d’une implantation locale. Marty se posait donc en critique sévère et en représentant pur, désintéressé, d’une ligne “ classe contre classe ” débarrassée de ses déviations sectaires. Son attitude au XIIIe plénum du Comité exécutif élargi de l’IC (28 novembre-13 décembre 1933) le démontra. Après le rapport d’Albert Vassart*, il emboîta le pas à Manouilski, en multipliant les questions sur les carences et les insuffisances de la politique du Parti communiste français. À l’issue du plénum, il fut décidé que Marty rentrerait en France (au bénéfice de l’amnistie de juillet 1933) pour remplacer André Ferrat à l’Humanité, tandis que Vassart lui succéderait à Moscou. Pendant son séjour en URSS, Marty avait suivi le fonctionnement de l’École léniniste internationale (ELI) ; c’est lui qui la fit visiter à Cachin le 3 janvier 1933. Celui-ci notait : “ 25 jeunes français : un dessinateur, deux ouvriers agricoles, 23 ouvriers, pas une jeune ouvrière. Deux cours : l’un de deux ans, l’autre de un an. ” (Carnets Cachin, t. III, p. 744). Cachin eut d’ailleurs l’occasion de constater, au cours du voyage qu’il fit ensuite en URSS, à quel point la connaissance personnelle et la référence à l’amitié de Marty était présente chez les capitaines de bateaux et les responsables locaux.

A partir de janvier 1934, Marty se partagea entre le quotidien du parti et sa fonction de conseiller municipal de Paris. Seul “ communiste en plein camp ennemi ”, il assista à toutes les séances sans exception, intervint le plus souvent possible et avec énergie malgré l’hostilité générale. Ses discours sur le chômage, le logement, les conditions de vie des travailleurs de la Ville de Paris... publiés sous forme de brochures servirent de base à la conquête de sièges en mai 1935 et au renforcement de son implantation dans le XIIIe arr.
Il était également chargé de suivre les événements d’Espagne. Ainsi c’est lui qui fit devant le comité central des 1er et 2 novembre 1934 le rapport sur “ Les enseignements de la guerre civile en Espagne ” où il exalta “ l’insurrection des Asturies, le plus grand mouvement prolétarien après la révolution d’Octobre en Russie et la révolution chinoise. ”

Marty assura la direction politique et administrative de l’Humanité jusqu’en juillet 1935. Son énergie permit le redressement du journal qui était gravement menacé, mais son contrôle politique contribua à une présentation sans nuances de la lutte contre les socialistes. Plusieurs témoignages confirment ses réticences à l’initiative unitaire du 12 février 1934. Marty aurait même hésité à insérer le texte du secrétariat appelant à la grève et à la manifestation de Vincennes. La nécessité de faire bloc contre Doriot qui s’emparait du thème de l’unité d’action fit oublier cet épisode, d’autant que Marty n’avait pas eu le monopole de l’attitude ambiguë pendant ces journées. Ses notes témoignent de la persistance, courant 1934, d’un vif conflit avec Thorez et deux journalistes qui semblaient bénéficier de l’appui du secrétariat, Darnar et Péri (BMP, M 10 C). La déclaration Laval-Staline de mai 1935 le surprit : il déclara au bureau politique du 23 mai : “ Le trouble est profond dans le parti. Je regrette que le BP du PCF soit mis devant un fait accompli. ”

S’il ne fut pas un des initiateurs de la nouvelle ligne qui conduisit au Front populaire, Marty s’y adapta, puisqu’elle correspondait aux souhaits de l’IC, et s’en fit le défenseur dans les colonnes de l’Humanité.

Le VIIe (et dernier) congrès de l’Internationale communiste (25 juillet-21 août 1935) l’élut au secrétariat de l’IC pour seconder le secrétaire général Dimitrov. Aucun Français n’avait atteint un tel niveau dans la hiérarchie du Komintern. Confirmation de sa prééminence symbolique, il fut le seul Français cité dans l’Histoire du Parti communiste bolchevique de l’URSS parue en 1939. Il fut particulièrement chargé du secteur du secteur anglo-saxon.

Était-il pensable que Marty ne soit pas élu au Parlement à l’occasion du scrutin du 26 avril 1936 ? Le parti demanda à Lucien Monjauvis d’abandonner la 2e circonscription du XIIIe (dont il était député depuis 1932) et de se présenter dans la 1re plus difficile à conquérir. Il accepta, fut battu, tandis que Marty l’emportait aisément dès le premier tour. Marty manifesta beaucoup de méfiance devant les tentations de participation gouvernementale communiste. Le 3 mai, il demanda à J. Duclos une réunion préalable à celle des députés pour rappeler l’hostilité de l’IC à une telle perspective et le 8 juin, il déclara, devant l’IC, que Fried, Thorez, Duclos et Péri avaient, en marge du BP, multiplié des contacts exploratoires avec certains milieux parlementaires.

Le secrétaire du Komintern n’eut guère l’occasion de siéger à la Chambre des députés. Dès août 1936, l’IC le délégua auprès du gouvernement républicain espagnol pour envisager l’aide qui pourrait être apportée par le mouvement communiste international. Son premier sentiment fut qu’avec un tel élan populaire, “ si les gauches étaient armées, elles seraient victorieuses en 15 jours ” (selon Marcel Cachin, Vendredi 21 août 1936, Carnets Cachin). Il fut dans les faits “ le patron ” des Brigades internationales sous des intitulés divers : “ inspecteur général des B I ”, “ chargé par le ministre de la Guerre de constituer les Brigades internationales dans le cadre fixé par le décret d’octobre 1936 instituant la nouvelle armée populaire espagnole ”, “ délégué spécial du ministre de la Guerre pour les BI ” (selon les termes des lettres officielles de décembre 1937 et avril 1938). Il paraissait en effet prédisposé à de telles fonctions par ses responsabilités internationales, ses origines géographiques, sa maîtrise de l’espagnol et du catalan, sa connaissance des idéologies libertaires qu’il s’agissait d’affaiblir et bien sûr son expérience militaire acquise comme officier de la Marine.

De sa base d’Albacete, Marty souhaitait régenter sans partage les brigades pour en faire une armée disciplinée et efficace. Il multiplia les exigences envers “ ces messieurs de Paris ” (c’est ainsi qu’il nomma Thorez, Duclos et Gitton devant Jules Fourrier, op. cit., p. 78) et les autorités espagnoles. Parfois dans un état d’extrême exaltation comme en janvier lorsque Gaymann menaça de partir, “ il se plaignait d’être abandonné, délaissé, de ne recevoir pour sa division que les armes les plus vieilles. ” (Carnet Cachin, IV, p. 471, 17 janvier 1937). Les mauvais rapports qu’il entretenait avec le Parti communiste espagnol furent, semble-t-il, à l’origine de son rappel à Moscou en mars 1937. Dimitrov le chargea des affaires d’Amérique latine mais Marty gardait les yeux rivés vers l’Espagne où François Billoux, Vital Gayman et Maurice Lampe dirigeaient les Brigades. Dimitrov note dans son journal à la date du 16 mars 1937 : « Chez Staline (à la datcha). Staline, Molotov, Kaganovitch, Vorochilov, Mikoian. Nous avec Marty et Ercole. Jusqu’à 2 h 30 du matin. Reçus bras ouverts, Marty en particulier. Staline fait de l’humour : ‘Même Ercole a un bataillon, Marty est l’organisateur des Brigades internationales, mais on ne voit pas les Bulgares’. » (Journal, p. 1992). Selon Georges Cogniot, Marty menaça Dimitrov de s’adresser personnellement à l’ambassade de France à Moscou pour réclamer un passeport si l’Internationale ne l’envoyait pas en Espagne ; cette affirmation contestée par Marty semble peu vraisemblable, lors de l’Affaire Marty, l’ancien secrétaire de l’IC eut beau jour de lui dire, tu sais ce qu’était Moscou en 1937, tu crois qu’on m’aurait laissé me comporter ainsi.. On voit mal comment une telle pression aurait pu suffire à modifier les choix de l’IC. C’est donc dans l’évolution de la situation espagnole qu’il faut découvrir l’explication du retour de Marty. La situation militaire avait basculé au profit des franquistes pendant le printemps et l’été 1937. Le gouvernement républicain espagnol décida l’intégration des Brigades internationales dans l’armée populaire espagnole (décret du 27 septembre) accompagnée d’une réduction des pouvoirs du haut état-major des brigades. Il fallait en contrepartie les doter d’un chef prestigieux, capable de renforcer la “ vigilance ” contre les trotskystes (réels ou supposés) qui, à la suite des procès de Moscou et des affrontements de Barcelone (mai 1937), servaient de boucs émissaires, et faire accepter la discipline dans une situation militaire de plus en plus difficile.

Au cours de l’été 1937, Marty passa par la France, non pour exercer ses activités électives (il avait envoyé sa démission du conseil municipal de Paris en juin 1937), mais pour mener campagne en faveur de l’aide à l’Espagne. Sa popularité était considérable chez les militants du Parti et dans la Jeunesse communiste. Dans une conversation personnelle avec Gabriel Péri, alors que l’Humanité du 11 juin 1937 avait annoncé l’exécution du maréchal Toukhatchevski et de sept généraux, il confia son inquiétude devant la désorganisation de l’Armée rouge soviétique décapitée par la répression (témoignage d’Étienne Constant). Il était encore plus préoccupé par l’évolution de la situation militaire en Espagne. Lorsqu’il prit la parole le 29 octobre 1937 au Veld’Hiv avec Cachin, Jouhaux, Brouckère, sur le thème “ Sauver, la France, sauver l’Espagne ”, l’ensemble du littoral atlantique était aux mains des nationalistes.

Sa vie personnelle fut perturbée par le départ, lors du séjour Espagne, de son épouse, Pauline Marty* avec Vicente Talens, un officier espagnol communiste dont elle eut une fille. Le divorce fut prononcé le 27 janvier 1938.
Marty, de retour à Albacete en octobre 1937, dut accepter le contrôle de Palmiro Togliatti devenu conseiller de l’IC auprès du PCE. Dans un rapport de novembre 1937, celui-ci rappelait que Marty devait “ changer radicalement ses méthodes de travail ”, “ éviter d’intervenir dans les questions militaires et techniques des Brigades ” mais en janvier 1938 il se félicitait de son attitude tout en regrettant sa “ façon un peu rude de se comporter parfois avec les camarades ” (cité par C. Serrano, op. cit.). Il revenait à plusieurs reprises à Paris pour rencontrer la direction communiste et particulièrement Marcel Cachin en qui il avait une particulière confiance. Ainsi prononça-t-il un discours d’ouverture au congrès d’Arles, le 25 décembre 1937, congrès où le culte de Marty fut à son zénith.

André Marty fut-il le “ bourreau d’Albacete ” dénoncé par la presse libertaire ou le commissaire Massart borné que décrit Hemingway dans Pour qui sonne le glas ? Il est vrai que certains combattants revenus en France dénoncèrent ses excès d’autorité et démissionnèrent du Parti communiste. Peut-on cependant considérer comme acquis que Marty ait fait “ exécuter un grand nombre de volontaires pour des motifs futiles ” (J. Jolly, Dictionnaire des parlementaires, op. cit.) ? Carlos Serrano a démontré que l’un des textes présentés par des historiens espagnols et américains comme un aveu de Marty (“ Les exécutions que j’ai ordonnées ne dépassent pas le nombre de cinq cents, et toutes sont justifiées par la qualité criminelle des accusés ”), propos qui auraient été tenus devant le Comité central du PCF le 15 octobre 1937 sont faux par la date comme par le contenu. C’est quinze jours plus tard qu’il évoqua devant le C C deux exécutions (le sténogramme en fait foi) et les citations si souvent reproduites semblent apparaître pour la première fois dans la propagande franquiste en 1940. Sans reprendre la légende noire du “ boucher d’Albacete ”, la seule description, par Nick Gillain (op. cit., pp. 27-34), de la condamnation et l’exécution du commandant Delesalle suffit à attester la participation de Marty à un simulacre de justice dans le contexte de la lutte contre les anarchistes et les poumistes. Évoquant devant le Comité central du PCF,le 22 novembre 1938, le procès des militants du POUM, Marty déclara “ je suis bien certain que si, dans des circonstances analogues à l’Espagne, les travailleurs français trouvaient devant eux des poumistes, ils n’auraient pas mis huit mois pour les juger. ” La Brochure populaire, n° 27, décembre 1938, p. 26.

Dans son Journal, Dimitrov note le 27 août 1938 : « Libérer officiellement les brigades internationales. Confier à Marty et au CC d’Espagne la conduite organisée de l’évacuation et du reclassement à venir des volontaires. » (p. 216). C’est donc à Marty qu’il revint de présider, le 28 octobre 1938 à Barcelone, la cérémonie du retrait des combattants des B I. Ceux-ci, avec André Marty en tête, furent accueillis le 13 novembre par Maurice Thorez à la gare d’Austerlitz. Dès le retour de Marty en France la campagne contre lui fit rage. Le Parti populaire français de Jacques Doriot créa en juillet 1938 une Association des miliciens retour d’Espagne, qui eut le soutien de plusieurs anciens brigadistes dont André Durbecq et Henri Storck. Au Parlement, des députés de droite l’interpellèrent sur son comportement en Espagne. Le secrétaire de l’IC répondit aux diverses attaques avec sa vigueur habituelle ce qui lui valut une condamnation pour diffamation le 19 janvier 1939. Le meeting qu’il devait tenir à Saint-Denis le 31 mai 1939 fut particulièrement visé par la propagande doriotiste.
L’Humanité dénonça en mai 1939 un complot contre le secrétaire de l’IC préparé par l’OVRA (la police fasciste) tandis que Marty quittait son domicile du XXe arr. pour s’installer, avec sa nouvelle compagne Raymonde (voir Raymonde Marty), dans un pavillon mis à sa disposition par la municipalité d’Argenteuil. Dans son Journal, Dimitrov notait le 24 mai 1939, après avoir reçu Stepanov, « Marty a bien travaillé – en Espagne et maintenant en France. » Deux jours plus tard, il ajoutait : « Marty propose de venir en août (satisfaire ?) ».

L’évolution de la situation internationale incita l’Internationale à rappeler son secrétaire en URSS. Il partit du Bourget le 16 août 1939, passa par Stockholm et arriva à Léningrad le 18, cinq jours avant la signature du Pacte de non-agression germano-soviétique. Il se fit le porte-parole intransigeant du nouveau cours en publiant une “ Lettre ouverte à Léon Blum* ” qui dénonçait le “ caractère impérialiste, anti-ouvrier, contre-révolutionnaire ” de la guerre, lettre datée du 5 septembre 1939 qui connut des éditions multiples (le journal paraissant en Belgique, Monde, en avait eu la primeur dans son édition du 7 octobre) et fut diffusée clandestinement sur le territoire français. Le mois suivant, il fut condamné par défaut à quatre ans de prison. Un document signé collectivement par André Marty et Maurice Thorez en date du 4 décembre 1939, rappelle qu’ils portent collectivement la responsabilité de la dénonciation des “ orientations erronées ” et des “ l’attitude légaliste ” des dirigeants communistes à la déclaration de guerre, de leur refus de voir que “ Notre ennemi est chez nous ” (AND et MAUR pour PCF Bruxelles, 4 décembre 1939, RGASPI 495/10a/31, Carnets Cachin, t. IV, p. 28). Les rapports d’André Marty avec Thorez, déjà très mauvais, se seraient encore dégradés pendant leur séjour commun à Moscou si on en croit les témoignages et des allusions des carnets de Thorez (selon Jeannette Vermeersch*-Thorez).

Comme responsable du secteur anglo-saxon, Marty eut à combattre les orientations du Parti communiste de Grande-Bretagne qui tarda à caractériser la guerre comme impérialiste. Il fut chargé d’un rapport assez critique qui fut présenté devant le secrétariat du CEIC le 19 décembre 1940.

Marty, touché personnellement par l’arrestation en février 1941 de son ancienne femme, de la mère de celle-ci et de sa belle-sœur Mathilde Péri, se battit pour leur venir en aide et pour que l’enfant de Pauline avait eu d’un officier républicain espagnol, fusillé, puise venir à Moscou dans un orphelinat géré par le Komintern. Mais, trois mois plus tard, il se préoccupe de faire compléter le dossier de Gabriel Péri au Komintern, avec des éléments à charge, tandis qu’il intervient pour faire organiser la venue de Léon Moussinac : « Il serait important pour l’avenir de le sauver ». Il eut pendant l’année 1941 un rôle de premier plan dont témoigne Jean-Richard Bloch arrivé à Moscou en avril 1941 : “ Contre le courant de déception et de doute qui submergeait le renom de notre pays, deux hommes soutenaient à peu près seuls, par la plume, par la parole, par la propagande écrite et orale, par l’influence et le crédit personnels, une lutte épuisante et apparemment sans espoir. Ces deux hommes étaient, l’un, français, l’autre, un Russe. Le Français était André Marty, le Russe était Ilya Ehrenbourg. ” (Jean-Richard Bloch, “ Notre ami Ilyia Ehrenbourg, Europe, 7, 1er juillet 1946, p. 99, cité par Nicole Racine, “ Aragon et le Parti communiste français, 1939-1942, Lendemain, 97, 2000, p. 20). Marty fut associé au tournant stratégique du Komintern en avril 1941, qui permit à Dimitrov, Marty, Thorez et Ercoli de demander à Eugen Fried, et donc à Duclos, de permettre un large « Front de libération nationale ». L’IC se fixa comme objectif, en juillet 1941, d’envoyer Marty, Guyot et Thorez en Angleterre, puis en France. Dès lors Marty fit tout pour partir sur le terrain de la Résistance. L’ambassade de Grande-Bretagne après avoir laissé des espoirs, ne donna pas suite. Le 30 mars 1943, Dimitrov écrivait : « Marty. À propos de son voyage à Londres. Les Anglais retardent l’octroi d’un visa. Je lui ai conseillé 1) d’insister auprès de l’ambassade anglaise à Moscou (tant qu’elle ne donne une réponse : « oui » ou « non » !), 2) Confier à Grenier, à Londres, le soin de faire une intervention auprès de de Gaulle. Pour le moment ne pas poser cette question [par l’intermédiaire] de la presse. » (Journal, p. 782). Le 28 juin 1943, Dimitrov affirmait que la réponse de Giraud et de De Gaulle était positive.

Le déplacement du Komintern à Koubitchev et Oufa, face à l’avancée allemande le mit dans une colère noire en raison de la désorganisation qui accompagna cette opération. Il en vint à dire à Raymond Guyot que l’URSS « récoltait les fruits d’une politique qui n’était pas juste (…) que le pacte germano-soviétique avait permis à Hitler de battre en détail ses adversaires, que seule aurait pu donner la victoire contre le fascisme. » (Déclaration de Raymond Guyot à la commission d’enquête de 1952). Dimitrov signale son arrivée à Oufa dans son Journal en date du 29 juin 1942 : « J’ai eu une conversation avec lui à propos de son travail ici (s’occuper des émissions en français sur Inoradio, suivre les événements en France, étudier les questions du Parti communiste, etc.) ». Début août 1942, Marty fut sollicité par Roger Garreau, chef de la mission de la France libre en URSS qui souhaitait rencontrer un des dirigeants du PCF présent à Moscou. Dimitrov, comme Thorez lui conseillèrent d’accepter mais en restant dans le seul registre de l’information. Les comptes rendus qu’il fit de ses rencontres furent envoyées à Oufa et en France.

Une vive réplique qu’il fit alors au diplomate Jean Cathala témoigne de ses sentiments : « Voilà pourquoi nous n’avons pas droit au titre de résistant ! Ni moi, ni vous, ni personne ici ! Pour s’appeler résistant, il faut être resté en France sous la botte hitlérienne, avoir risqué sa vie, les armes à la main. » (Sans fleur ni fusil, Albin Michel, 1981). Sans doute souffrait-il de ne pas être à la place que lui attribuait habituellement la propagande communiste : toujours au premier rang de la lutte, au poste le plus avancé et le plus dangereux, au poste d’honneur.

Marty joua un rôle de premier plan sur la question des prisonniers français en URSS et notamment des Malgré-nous. Le 3 avril 1943, il adressa un rapport à Dimitrov por qu’il intervînt auprès des soviétiques affin de regrouper dans un même camp les Français qu’il ne serait "pas juste de considérer comme des ennemis de l’Union soviétique". Il envisageait une sélection politique en vue de leur formation et de leur utilisation ultérieure. Les Français furent regroupés au camp de Tambov. Quelques-uns suivirent les cours d’une nouvelle École léniniste internationale.

Après la dissolution de l’IC en mai 1943, resta dans le sillage de Dimitrov. Ainsi, le 25 août 1943, il était à ses côtés, avec Stepanonv, lorsque Fitine (NKVD) les informa que Pierre Cot, depuis New York, proposait sa coopération aux organes soviétiques. Marty fut envoyé à Alger en octobre 1943, via Le Caire où Henri Curiel l’hébergea pendant quatre jours (G. Perrault, Un homme à part, op. cit., pp. 142-145). En Algérie, il transforma le groupe des vingt-sept députés communistes libérés des camps d’internement en délégation du Comité central du PCF dont il assura le secrétariat secondé par Billoux et Fajon. Celui-ci écrivit “ aucun problème grave ne devait surgir entre nous ” (op. cit., p. 185). À cette époque Radio-Paris sous contrôle allemand menait une très violente campagne contre sa personne. Membre de l’Assemblée consultative provisoire d’Alger, il sut découvrir le sens du compromis pour négocier l’entrée de Billoux et Grenier comme commissaires au CFLN présidé par de Gaulle, même si celui-ci, peut-être trompé par les apparences, croyait avoir décelé deux tendances dans la délégation : d’une part “ celle de violents qui, à la suite d’André Marty, voudraient que le Parti ne se liât à personne et, à travers la lutte contre l’ennemi, préparât d’une manière directe l’action révolutionnaire pour la prise du pouvoir. ”, d’autre part “ celle des manœuvriers qui vise à pénétrer l’État en collaborant avec d’autres et d’abord avec moi-même, l’inspirateur de cette tactique étant Maurice Thorez toujours à Moscou et qui adjure qu’on lui permette d’en revenir. ” (Mémoires de Guerre, t. II, Livre de poche, Plon, 1956, p. 185). On peut noter, en particulier lors du comité central tenu à Alger le 17 août 1944, la fermeté de ton de Marty (“ la coexistence pacifique des forces populaires et des forces réactionnaires et de l’oligarchie financière touchait à sa fin ”) tranchait avec les propos prudents de Moscou. De ton et même de perspective. Il en resta des traces dans la vie de la direction du PCF (Maurice Agulhon, Histoire vagabonde II, p. 186). Marty fit tout ce qui était en son possible pour faire autoriser par de Gaulle la venue de Thorez en Algérie, mais celui-ci resta inflexible, comme le constatait Dimitrov lors d’une concertation avec Manouilski le 5 mai 1944.

Sans avoir appartenu à la Résistance intérieure, Marty arriva à Paris le 3 septembre 1944 fort de son action en Algérie. N’avait-il pas annoncé dès le 23 décembre 1943 à Alger “ A notre retour en France, la règle de chacun devra être la modestie : surtout il ne faudra pas croire qu’on a le droit de réclamer les postes qu’on occupait autrefois. L’ampleur de la lutte clandestine pour la libération du sol national, l’héroïsme et la brillante capacité politique et militaire dont font preuve tant de camarades que nous ne connaissons pas leur donnent, à eux, le droit de diriger.” Marcel Cachin note sur ses carnets, à la date du 28 mai 1945 : “ André Marty reçu par de Gaulle : quel ministère voulez-vous ? L’Information, dit André Marty ”, mais la date de la rencontre ne correspond pas forcément à celle du Carnet (IV, p. 786). Il entra au secrétariat du parti en janvier et vit cette responsabilité confirmée par le Xe congrès (juin 1945) en troisième position de la hiérarchie du parti, derrière Thorez et Duclos. Son activité multiple concernait l’action communiste à Paris (il était à nouveau député du XIIIe arr.) et dans l’ensemble de la Seine où (sauf dans la banlieue sud fief électoral de Thorez) il faisait peser son autorité. Plusieurs de ses déclarations et prises de positions concernant les désignations à des postes de responsabilités et les investitures aux élections en 1945-1946, ont heurté Jeannette Vermeersch et indirectement Maurice Thorez. Ainsi Lucie Aubrac fut-elle proposée par André Marty pour occuper la place de tête de file féminine dans la première assemblée nationale constituante (octobre 1945), dans la deuxième circonscription de Paris, fonction briguée par Jeannette Vermeersch. Il fut de plus amené à gérer quelques dossiers chauds de la Résistance et de l’Occupation comme responsable politique des « cadres » de la Libération à 1947, ou lors de l’enquête interne de mai 1949 sur la publication légale de l’Humanité.

Il s’occupait aussi de l’Algérie, des questions coloniales, des problèmes de formation et des problèmes de la jeunesse. C’est lui qui au comité central du 18 mai 1945, intervint sur les événements sanglants qui suivirent la manifestation du 8 mai à Sétif. Il suivait également les problèmes de l’armée en portant l’idée d’une armée républicaine, démocratique et nationale, celle qui a manqué en Espagne. Il présidait l’Amicale des volontaires en Espagne républicaine. Marty était aussi l’homme de la mémoire révolutionnaire, l’auteur de textes de référence sur la Commune de Paris, la Révolte de 1907 et les mutineries de la mer Noire. Soucieux de rendre hommage à “ l’Enfermé ”, il créa et présida la Société des amis de Blanqui. Ajoutons qu’il consacrait à la défense de la Catalogne, de son histoire et de sa langue une part de son activité débordante. Suite à la proposition parlementaire de Pierre Hervé* sur l’enseignement du breton (mai 1947) et de la prise par le socialiste Maurice Deixonne* (peu favorable aux langues régionales) du contrôle de la commission chargée de préparer une réforme, il présenta le 24 juillet 1948 un projet de loi solide et ambitieux sur l’enseignement du Catalan dans les établissements scolaires et les universités de Montpellier et Toulouse.

Sur l’évolution de la situation au Vietnam, André Marty n’hésite pas à ironiser comme le note Maurice Thorez dans ses notes du BP du 30 janvier 1947 : "Compliment" d’André "croyais que nous avions des ministres".

On peut découvrir dès 1947, des traces visibles de mise en cause des orientations préconisées par Marty sur la question nationale : après son intervention au Comité central d’octobre sur la nécessité de ne pas négliger la lutte contre “ de Gaulle, domestique des Américains ”, Raymond Bossus, vraisemblablement encouragé par Thorez, intervint en son absence, pour l’accuser de grossir le péril gaulliste, en oubliant que l’impérialisme américain constituait le “ danger principal ”. Mais c’est en 1950-1951 que progressivement il fut orienté vers des fonctions essentiellement honorifiques. Toutefois le vieux lutteur ne semblait pas prêt à accepter une retraite dorée et sa place dans la hiérarchie lui conservait une certaine autorité. Thorez — victime d’une attaque d’hémiplégie en octobre 1950 — étant en URSS, Marty ne deviendrait-il pas le secrétaire général par intérim si Duclos était dans l’impossibilité d’exercer sa fonction ? Or, pendant les années 1951 et 1952, dans le contexte de la guerre froide, les tensions étaient fortes dans le mouvement communiste international comme dans le Parti communiste français.

« André, depuis combien de temps es-tu en désaccord avec le Parti ? » demanda Léon Mauvais*, dans le secret d’une réunion du secrétariat (en présence de Lecœur, Duclos, Servin), le 26 mai 1952, deux jours avant la manifestation violente contre la présence du général Ridgway à Paris. Cette date, qui marqua le début de « l’affaire Marty », est importante. André Stil venait d’être arrêté pour un éditorial de l’Humanité, une autre vague d’arrestations était vraisemblable le jour de la démonstration de force, le 28. De fait, Duclos connut la prison du 28 mai au 1er juillet et ce fut Auguste Lecœur* qui occupa l’intérim du secrétariat général. L’affaire survint dans un double contexte, français et international.

La maladie de Thorez et sa présence en URSS rendaient plus complexe la vie du secrétariat rythmée par les voyages de ses membres dans le Caucase. Début juillet Servin passa plusieurs jours auprès du secrétaire général et dut évoquer la condamnation par le Comité central d’avril des positions de Charles Tillon* sur le problème du Mouvement de la paix ainsi que la rencontre privée entre Tillon et Marty, chez Beyer, le 6 mai 1951 ; à son retour Servin constitua secrètement une commission d’enquête. Début août Duclos se rendit auprès de Thorez et, selon Tillon, rencontra Staline (op. cit. , p. 69). Fin janvier 1952 ce fut le tour de Lecœur puis en mars Billoux qui revint porteur d’une lettre de Thorez constituant un net durcissement de la ligne, dans l’esprit de ce que sera la manifestation Ridgway. C’est à la mi-mai que les membres du secrétariat, qui n’étaient pas dans la confidence, apprirent l’existence d’une commission d’enquête constituée de Servin, Auguet et Mauvais. À Lecœur qui demandait s’il ne fallait pas attendre le retour prochain de Thorez, Duclos répondit que celui-ci voulait au contraire que tout soit réglé avant son retour et que Léon Mauvais* se rendrait auprès de lui pour mettre au point les termes du rapport d’accusation (Le Partisan, p. 258). Apparemment rien n’avait changé : Marty avait présidé une séance du Comité central du 18 octobre 1951 et présenté un rapport devant cette instance le 13 février 1952. Après les “ interrogatoires ” des 26 et 27 mai 1952, Marty attendit le 24 août pour remettre sa première lettre au secrétariat. La deuxième phase du “ procès ” allait pouvoir prendre forme avec la mise en accusation de Tillon au Bureau politique du 1er septembre puis la lecture des conclusions de l’enquête (le rapport Mauvais) devant le Comité central de Montreuil, le 4 septembre. Marty présent intervint à plusieurs reprises, critiqua l’absence de Tillon, reconnut avoir fait un travail fractionnel, promit une autocritique et vota les sanctions. Le rapport Mauvais n’était qu’un assemblage hétéroclite qu’on aurait pu réaliser sur n’importe quel autre membre du Bureau politique. Une phrase, une réflexion en aparté, un silence devenaient la preuve d’une longue opposition à la ligne du parti. Tout au plus peut-on, à la suite de Maurice Agulhon (op. cit., p. 9), retenir comme vraisemblables des divergences sur la ligne politique nationale du parti. Face à la dénonciation unique du danger de l’impérialisme américain, Marty aurait critiqué la sous-estimation du nationalisme bourgeois français traditionnel incarné par de Gaulle.

L’affaire aurait pu en rester là et se solder par un retrait du secrétariat. Bien au contraire, la commission d’enquête (Léon Mauvais, Gaston Auguet*, Marcel Servin*) interrogea plus durement Marty le 31 octobre 1952 sur ses relations avec Henri Curiel, Henriette Carlier*, Vital Gayman* ou son frère Jean Marty*. Elle organisa une large campagne de dénonciation politique des accusés puis vinrent les attaques contre Jean, le frère d’André Marty, un franc-maçon qui “ a des liaisons avec des milieux policiers ” (l’Humanité, 12 novembre 1952). Le vendredi 7 novembre, la direction lui interdit d’être présent de se rendre au Vel d’Hiv où avait lieu un meeting anniversaire de la révolution d’Octobre. C’est à cette occasion que sa femme fut convoquée pour le lendemain 17 h au 44 rue Le Pelletier. Reçue par Raymond Dallidet, un proche de Jacques Duclos, qui associa diplomatie, révélations personnelles et pressions, elle écrivit une lettre de rupture que Marty reçut le lundi 11 novembre à son retour des Pyrénées-Orientales. Dès le samedi 8, les meubles et affaires de Raymonde avaient été déménagés par une camionnette du Parti. Marty reste seul dans son pavillon, bientôt traqué par des groupes de journalistes qui le 26 novembre tentent d’entrer chez est qu’il chassé physiquement : “ J’ai souffleté l’un d’eux ”.

Le comité central de Gennevilliers (5-7 décembre) raya de ses rangs Marty et Tillon puis le 25 décembre, la cellule de Marty prononça son exclusion. Mais le pire attendait encore l’ancien mutin : l’Humanité du 1er janvier 1953 publia un long article d’Étienne Fajon* intitulé : “ Les liaisons policières de Marty ”. Les relations de Fajon avec Marty étaient pourtant d’une grande proximité puisqu’ils avaient un temps partagé le même pavillon à La Garenne-Colombes. Cette attaque coïncidait avec la découverte du "complot des blouses blanches" à Moscou et avec les derniers mois tendus de la vie de Staline.

L’affaire Marty-Tillon entre dans le contexte des grands procès dans les démocraties populaires : Hongrie, Bulgarie, Tchécoslovaquie. Arthur London, vice-ministre des Affaires étrangères de Tchécoslovaquie, ancien d’Espagne et ancien résistant sur le sol français, fut arrêté en janvier 1951, interrogé entre autre sur ses relations avec les dirigeants communistes français et passa aux “ aveux ” en juillet ; il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité en novembre 1952. Rudolph Slansky, secrétaire général du Parti communiste tchécoslovaque, fut lui arrêté en novembre 1951, jugé en novembre 1952 et exécuté en décembre. Notons que les archives déposées par Marty à Moscou en 1939 et dont il avait demandé à plusieurs reprises, en 1949 et 1950, qu’elles fussent transmises en septembre 1950 à Prague pour lui en faciliter la consultation (le rapport Mauvais considérera cette démarche comme une défiance à l’égard de l’URSS), furent en effet livrées, selon le témoignage de Marty, au secrétariat de Slansky peu de temps avant l’arrestation de celui-ci. Le 22 janvier 1953, un rapport du secrétariat technique du PCT signalait : “ Ces documents peuvent comporter des données importantes sur l’activité, éventuellement sur les visées de d’André Marty en Tchécoslovaquie. C’est pourquoi je propose que les documents soient soumis à l’examen de la section internationale du CC du PCT pour qu’en soit proposée une utilisation éventuelle aux fins de démasquer l’activité ennemie de Marty dans le PCF ” Léon Mauvais* réagit dès le 18 mars en annonçant la visite prochaine d’un représentant de la Commission d’enquête. Marcel Servin étudia les dossiers les 11, 12 et 13 mai et prit 590 feuillets qui furent envoyés à Paris (le PCF récupéra la totalité des archives vers 1985).

La nouvelle parut si surprenante que la Préfecture de police, avertie par la rumeur dans la journée la matinée du 12 septembre 1952 du retrait de Marty du secrétariat, resta sceptique et ne fit pas remonter l’information (“ son caractère étonnant nécessitant certaines prudences ”) qu’après recoupements nécessaires et au moment où la presse “ bourgeoise ” n’en fasse état le 15 septembre. La police crut même pourvoir affirmer qu’il n’avait jamais été question du “ travail fractionnel ” de Marty et Tillon lors du Comité central des 3 et 4 septembre puisque deux “ sources ” avaient permis d’avoir un compte rendu précis des séances ; elle douta même, à tord, de la véracité des débats relatés par France-Nouvelle du 4 octobre 1952. Or, nous disposons des bandes de la séance pendant laquelle Marty répond au réquisitoire de Léon Mauvais tandis qu’une série de dirigeants influents l’accablent (“ Enregistrement sonore des réunions du Comité central du PCF, Archives du Comité national). La nouvelle confirmée, le ministère de l’Intérieur décida de faire suivre les deux accusés pour assurer leur “ protection ”. Les rapports préfectoraux signalent le désarroi de militants parisiens dans la deuxième moitié de septembre mais dès les premiers jours d’octobre des consignes précises communiquées aux secrétaires de section permirent d’isoler les “ fractionnistes ”, de les appeler à faire leur autocritique et renforcer le contrôle des cellules.

André Marty fut donc réduit à l’impuissance en quelques semaines, perdant sa popularité, sa demeure, ses facilités de vie (dont il n’avait jamais abusé), son secrétaire, sa voiture, sa femme de ménage, perdant même son épouse Raymonde qui vécut puis se remaria en 1961 avec un responsable communiste de la banlieue ouest et prit le nom de Raymonde Ridel. Sa première femme, Pauline avait pris contact avec lui dès octobre- novembre 1952, pour comprendre ce qui se passait, elle le rencontra à Toulouse vers début novembre puis fut exclue par sa cellule communiste. Les ouvrages de Marty furent retirés de la vente et sa photographie de prisonnier politique disparut de certaines reproductions, en particulier dans la réédition de Fils du peuple en 1954. Les chantiers navals Marty de Léningrad reprirent leur ancien nom de Chantiers de l’Amirauté. Même l’Amicale des anciens volontaires d’Espagne républicaine décida de le “ chasser de ses rangs ”. Politiquement Marty n’existait plus. Dans le parti il n’y eut pas un geste de compassion. Seul parmi les anciens compagnons de lutte, Renaud-Jean* correspondit avec lui pour lui apporter réconfort mais lui prêcher la soumission (Arch. Marty, CRHMSS, 1952-1954, 1956). La police cite également la compassion de Mathilde Péri (confirmée par la correspondance de Marty, même si elle le suppliait “ de ne rien faire ”) et l’intérêt de Julien Airoldi*, ancien délégué du PCF à l’IC). Quelques amis moins connus l’aidèrent comme l’ancien mutin Virgile Vuillemin*, Henri Colie*, Jacques Chenavaz* de Grenoble ou René Corneloup qui hébergea une partie de ses archives. Sans doute songea-t-il au suicide — “ je ne me suiciderai pas ” écrivit-il à Jacques Duclos le 13 novembre 1952 comme une réponse à un défi — mais il trouva la force de survivre et de résister, un temps du moins. Au même moment il écrivait à Pauline : “ Et bien entendu, je ne me suiciderai pas. Il faut qu’on le sache car ils sont capables de tout. Actuellement c’est le discrédit moral… Qui prépare le reste ? ” Il avait quitté son domicile du 31 rue Voltaire à La Garenne-Colombes le 1er décembre 1952 et cherchait, en vain, un logement sur Paris.

Les officines anticommunistes ne manquèrent pas d’apporter leur note dans une situation déjà confuse. Son vieil adversaire au sein du Parti communiste, Henri Barbé, suivit pour le service de Georges Albertini* la déchéance d’André Marty “ écrivant des faux documents, animant des comités de défense fantomatiques, orchestrant dans Le Figaro des campagnes d’intoxications ” (Frédéric Charpier, Les RG et le Parti communiste, p. 83). Barbé est aussi en rapport avec un ancien communiste, Claude Lavezzi, qui multiplie les contacts avec Marty et publie ensuite, dans La Jeune garde rouge (un journal créé pour la circonstance) les correspondances (d’ailleurs entièrement clichées par la police) qui compromettent une éventuelle réintégration. Celui-ci rompt avec Lavezzi qui le nargue en lui proposant des droits d’auteur “ si tes indemnités parlementaires ne te suffisent pas ” et lui annonçant son intention de poursuivre, même contre son gré, la constitution d’un Comité national de coordination des comités de redressement communistes. Un autre “ ami de Marty ”, Vinatrel travaille pour Barbé. Les amis d’Albertini cherchent même des financements patronaux pour “ aider ” une éventuelle dissidence communiste. En la circonstance, la légendaire paranoïa du Mutin de la mer Noire avait des bases réelles. La police aurait même réussi, selon Frédéric Charpier, à placer dans l’entourage du vieux révolutionnaire un indicateur. Mais il n’y avait plus rien à découvrir.

André Marty fit une dernière tentative en écrivant le 5 mars 1953 à Jacques Duclos : “ Pour aider à l’action du Parti dans la difficile situation actuelle, en ce jour où tous les communistes sont douloureusement frappés par la maladie du grand Staline, je demande au Comité central de décider ma réintégration au Parti. ” (Arch. Marty). Sans réponse, il se retira quelques jours plus tard à Catllar (Pyrénées-Orientales) accueilli par la famille Vila, loua une ancienne bergerie qu’il fit aménager en maison d’habitation et il vécut là en compagnie de sa secrétaire (à partir de novembre 1953), Manuela Détrie une jeune fille qu’il adopta. Son père (voir Robert Détrie*) avait été tué en Espagne. Avec sa mère, elle s’était mise à sa disposition dès qu’avaient commencé les attaques de la direction du parti à son égard. Il s’efforça de se défendre en écrivant l’Affaire Marty qui parut en 1955. Redécouvrant certaines positions syndicalistes révolutionnaires de sa jeunesse, il tenta aussi de conserver des contacts avec le mouvement communiste, de nouer des relations avec les « oppositionnels », des trotskystes et même des anarchistes — le Libertaire publia d’ailleurs des extraits de l’Affaire Marty. Il ne reçut le soutien que de quelques amis, notamment d’anciens mutins de la mer Noire. Marty, resté député du XIIIe arr., renonça à se représenter aux élections de janvier 1956. Il écrivit alors à son secrétaire parlementaire : « Je n’ai qu’un regret : c’est que l’absence même d’un germe d’organisation révolutionnaire loyale, que j’ai cherchée en vain depuis trois ans ne m’ait pas permis de faire plus, avant la fin de mon mandat. » (Arch. Marty, lettre à Daniel Lafièvre, CRHMSS). Fin octobre 1956, il fit encore distribuer dans le XIIIe , sous forme de tract, une lettre à Gomulka : “ Je suis certain d’être l’interprète des travailleurs français en félicitant chaleureusement le comité central du Parti ouvrier polonais d’avoir pris sous votre impulsion courageuse les décisions des 20 et 21 octobre qui ouvrent à la Pologne la voie vers la vraie marche au socialisme. Nous vous demandons de faire savoir que nous condamnons ce que les stalinistes de la clique Thorez ont écrit dans l’Humanité : ils ont osé accuser les héroïques grévistes de Poznan et les travailleurs de Pologne d’être « des chouans et des contre-révolutionnaires, agents des impérialistes » et ils ont caché votre rapport qui est cependant si utile aux travailleurs français. ” Sa santé déclinait. Diabétique, atteint d’un cancer du poumon, il mourut le 22 novembre 1956. Ses obsèques regroupèrent quelques centaines d’amis anciens (mutins de la mer Noire, anciens d’Espagne, anciens communistes) et récents (trotskistes en particulier). Une éphémère Association des amis d’André Marty fut aussitôt constituée par quelques anciens marins : Jacques Chenavaz*, Monribot et Virgile Vuillemin*. L’appel citait le no de Corneloup, des italiens Raimondi, Seniga, Vinazza, de l’anglais Eric Heffer, du vietnamien Van Long et des français H. Colie, H. Desmoulins, Pierre Franck et C. Margne. Mais sa fille adoptive refusa de s’y associer, privant ainsi l’association, promue par Pierre Franck, d’une nécessaire légitimité.

Sept ans plus tard une centaine de militants regroupés autour de Marcel Prenant*, Jean Chaintron*, Pierre Lareppe* et du journal oppositionnel Débat communiste, du groupe UNIR, tentèrent d’obtenir la réhabilitation de Marty, sans idéaliser sa personne et même en rappelant ses défauts.

En 1973, pour la première fois un responsable communiste, son ancien secrétaire Jacques Kahn qui l’avait accablé au moment de son exclusion, écrivit : « Ce qu’on aurait absolument dû éviter à son égard, ce furent les imputations calomnieuses, le qualifiant de policier, sans rapport avec les faits établis. » (op. cit., p. 130). S’il ne fut pas réhabilité comme Rajk, Kostov ou Slansky, du moins les accusations cessèrent-elles.

Peu de destins de militants français de la première moitié du XXe siècle furent aussi exceptionnels et aussi tragiques que celui d’André Marty. Ce révolutionnaire ouvriériste, nostalgique des grandes heures du prolétariat, connut la gloire en France et à l’étranger pour son action lors de la révolte de la mer Noire. Il accéda aux plus hautes fonctions où il fit preuve de qualités d’énergie soutenues par un engagement personnel total et un travail opiniâtre. Son caractère autoritaire aurait été de peu d’importance si le militant communiste n’avait pas disposé d’un pouvoir considérable, pendant la guerre d’Espagne notamment. Il est vrai que le mutin de la mer Noire, qui avait connu les plus dures souffrances, fut en maintes circonstances injuste et brutal dans son rôle de militant stalinien exemplaire. En retour, dans le contexte des grands procès des pays de l’Est, son exclusion, et même l’incroyable accusation de travailler pour la police, provoquèrent peu de réactions dans le parti. Le culte cédait la place à son envers obligé, la calomnie. On s’interroge encore sur les raisons qui encouragèrent la direction du Parti communiste à exclure et à accabler un homme qui symbolisait depuis un demi-siècle la lutte révolutionnaire communiste. Mais n’est-ce pas en raison même de cette image qu’il était la cible idéale dans le cadre d’une pédagogie stalinienne de la vigilance ? Si même André Marty, l’ancien secrétaire de l’Internationale communiste, collaborait avec l’ennemi, quel grand nom du mouvement ouvrier international était définitivement à l’abri de la suspicion ?

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24200, notice MARTY André, Pierre par Jean Maitron, Claude Pennetier (notice rédigée par Claude Pennetier après le décès de J. Maitron, mais avec le dossier qu’il avait constitué), version mise en ligne le 8 janvier 2009, dernière modification le 1er octobre 2022.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier (notice rédigée par Claude Pennetier après le décès de J. Maitron, mais avec le dossier qu’il avait constitué)

André Marty (1924)
André Marty (1924)
cc Agence Rol
André Marty dans son bureau du Komintern au milieu des années trente
André Marty dans son bureau du Komintern au milieu des années trente
RGASPI, Moscou, 517 3 1318.
André et Raymonde Marty en 1947, en Tchécoslovaquie
André et Raymonde Marty en 1947, en Tchécoslovaquie
André Marty retiré à Catllar
André Marty retiré à Catllar
Archives Marty, CHS du XXe siècle
André Marty dans l’Humanité du 10 mai 1930

ŒUVRE : Ouvrages et brochures : nous n’avons pas retenu les brochures ayant plus de trois auteurs.
L’amnistie intégrale, discours à la Chambre 9-10 juillet 1924, Paris, Librairie de l’Humanité, 1924, 48 p. — Dans les prisons de la République, Librairie de l’Humanité, 1924, 93 p. ; rééd. en 1928 et 1951. — Le Procès de Mayence, juin 1924, Librairie de l’Humanité, 15 p. — Fraternisation, esquisse historique de la tradition du prolétariat français, Paris, Librairie de l’Humanité, 1925, 48 p. — Qu’est-ce que le Secours rouge international ? Paris, 1926, 16 p. — Au cachot pour avoir répliqué au Maréchal Foch qui veut détruire les Soviets, 1927, 16 p. — Pour la défense des matelots, discours à la Chambre des députés, novembre 1927, Bureau d’éditions. — La Révolte de la Mer Noire (1918-1919), Bureau d’éditions, t. 1, 1927, 511 p., t. 2, 1929, 450 p. Il y aura d’autres éditions en 1939, 1949, 1950, des traductions en langues étrangères (une version anglaise publiée à New York en 1941) et un reprint par les éditions Maspero en 1970 — Quatre ans de répression, 1928, Éd. du PC — La Révolte de la Mer Noire. Ses enseignements, avril 1929, Éd. du PC — Un an de terreur et de lutte révolutionnaire en Indochine, discours de Jacques Doriot* et André Marty, Bureau d’éditions, 1931, 48 p. — Les communistes et le chômage, discours au conseil municipal de Paris, 9 décembre 1931, Éd. du PC, 16 p. — Contre la guerre impérialiste, rapport au VIIe congrès du PC, 1932, Bureau d’éditions, 160 p. — (avec Jacques Duclos*), La course à la guerre, Bureau d’éditions, 1932, 55 p. — Les Heures glorieuses de la Mer Noire, Bureau d’éditions, 1932, 92 p., réédité à plusieurs reprises, en particulier en 1949 (4e édition) à l’occasion du 30e anniversaire de la révolte de la mer Noire, réédité par Norman Béthune en 1972. — La Jeunesse, enjeu du combat de classe, discours prononcé au Présidium de l’Internationale communiste des Jeunes en juin 1933, Les Publications révolutionnaires, 1933, 24 p. — Pour les “meurt de faim”. Chômage et plan Marquet, discours prononcé au conseil municipal de Paris le 23 novembre 1934, Paris, Bureau d’éditions, 1934, 32 p. — Du Travail et du Pain, discours au conseil municipal de Paris, 9 et 11 mai 1934, CDLP, 46 p. — Que les riches payent ! (Pour les travailleurs des services publics), discours au conseil municipal de Paris, 10 juillet 1934, CDLP, 48 p. — Marcel Cachin*, un chef, un communiste, un exemple, discours de Maurice Thorez, André Marty et Marcel Cachin* pour le 65e anniversaire de Cachin, Paris, septembre 1934, 47 p. — Doumergue idole fasciste, discours au conseil municipal de Paris, 19 novembre 1934, CDLP, 32 p. — Aux escrocs, les honneurs. Aux affamés, les balles, discours prononcé au conseil municipal de Paris, 28 décembre 1934, CDLP, 62 p. — Les pillards de Paris, discours au conseil municipal de Paris le 31 décembre 1934, CDLP, 37 p. — Un communiste en plein camp ennemi ! 1935, CDLP, 54 p. — (Avec G. Auguet et V. Gayman), Le peuple de Paris et le lourd budget de l’Hôtel de ville, discours au conseil municipal de Paris, 29 décembre 1935, CDLP, 79 p. — Pour la paix, pour la défense de l’URSS, discours prononcé le 14 août 1935 devant le VIIe congrès mondial de l’Internationale communiste, Bureau d’éditions, 1936, 24 p. — Sur le bilan de l’édification socialiste en URSS, déclaration au VIIe congrès de l’Internationale communiste, 14 août 1935, Moscou, Éd. en langues étrangères, 1939. — Pour sauver toutes les victimes de la réaction et du fascisme, discours à la 2e assemblée plénière du Comité exécutif du Secours rouge international, septembre 1935, Paris, Défense-éditions. — Avec l’Espagne pour nos libertés et la paix, août 1936, Éd. du Comité populaire de propagande, 63 p., nouvelle édition, 70 p. — L’Union pour libérer l’humanité. Des pages immortelles d’histoire, discours prononcé au VIIIe congrès national du Parti communiste SFIC Villeurbanne 22-25 janvier 1936, Imprimerie centrale de la Bourse, 1936, 44 p. — Pour la paix, pour la défense de l’URSS, Bureau d’éditions, 1936. — En Espagne...où se joue le destin de l’Europe, 1937, 48 p., traduit l’année suivante en allemand — L’Espagne, bastion avancé de la liberté et de la paix !, discours au Comité central du 29 octobre 1937, La Brochure populaire, 64 p. — Volontaires d’Espagne, douze mois sublimes, Comité populaire de propagande, 1937, 63 p. — La Victoire de Teruel, du 15 au 22 décembre 1937, et ses enseignements, Madrid, Éd. du PC espagnol. — Pour la paix et la liberté en Espagne, en France, dans le monde, discours au Vélodrome d’hiver, 19 novembre 1938, La Brochure populaire, 16 p. — Espagne, son exemple, son Front populaire, discours prononcé au Comité central du Parti communiste français le 22 novembre 1938, La Brochure populaire, n° 27, décembre 1938, 32 p. — André Marty accuse les fascistes insulteurs des Brigades internationales et de l’Espagne républicaine, La Brochure populaire, n° 6, mai 1939. — La Force du Front populaire. Ce qui s’est passé en Espagne, discours prononcé devant le Comité central du PCF le 20 mai 1939 à Ivry, La Brochure populaire, n° 11 bis, mai 1939, 46 p. — Une solution humaine et française, comment en finir avec les camps de républicains espagnols, discours des 15-16 juillet 1939, Bureau d’éditions, 32 p. — 150e anniversaire de la Révolution française dans le XIIIe , 1939. — Lettre ouverte à Léon Blum*, l’Humanité, octobre 1939 ; extrait des Cahiers du bolchevisme, 2e semestre 1939-janvier 1940, pp. 43-47, une édition à Bruxelles, Éditions Germinal, 13 p. (des versions de ce texte semblent avoir été diffusées en plusieurs langues, en particulier en néerlandais). —The Trial of the French communiste deputies, London, Lawrence and Wishart Ltd, 1941, 126 p. — L’Heure de la France a sonné, 28 novembre 1942, brochure éditée, à Londres, par le Daily Worker en anglais et en français (1943, 20 p.), éditée également à New-York. — Assez d’attentisme. Des armes pour la France, Alger, Éd. Liberté, 1944, 32 p. — “Le plus grand enseignement de Staline et de Lénine, confiance en le peuple”, discours à Alger le 23 janvier 1944, dans XXe anniversaire de la mort du créateur de l’État soviétique. — “Nouveaux devoirs, efforts accrus !”, rapport au nom de la délégation du Comité central en Afrique du Nord le 11 avril 1944, dans Le sens de la participation communiste au gouvernement, pp. 26-45. — Pour libérer la Patrie. Des armes pour la France, confiance en le peuple, discours à l’Assemblée consultative, 25 juillet 1944, Alger, Éd. Liberté, 4 p. — Tout pour le peuple et par le peuple, l’action des communistes dans les conseils municipaux, Alger, Éd. Liberté, 24 p. puis Paris, septembre 1944. — L’exécution et la victoire de Pierre Semard*, Casablanca, s. d., 12 p. — André Marty...vous parle, Fontenay-aux-Roses, imprimerie L. Bellerand, 3 p. — Vaincre et vivre, discours à la session du Comité central élargi du Parti communiste français, 22 janvier 1945, Éd. du Parti communiste français, 32 p. — Pour une assemblée constituante souveraine, discours au Xe congrès du Parti communiste français, 27 janvier 1945, Paris, Éd. du PCF — Paris, capitale de la France, peut être majeure, discours prononcé en mars 1945 à la tribune de l’Assemblée nationale, 1945, Parti communiste français, Région Paris-Ville, 8 p. — Idées sur la nouvelle constitution de la République française, extrait des Cahiers du communisme, n° 7, mai 1945, 16 p. — La nouvelle constitution de la République française, rapport au Xe congrès du PCF, 27 juin 1945, CDLP — Un de ceux grâce auxquels la France renaît : Pierre Semard*, Éd. du PCF, 1945, 14 p.(cette brochure avait déjà été éditée deux fois à Alger sous le titre Un de ceux qui créent la France nouvelle), réédité par Norman Béthune en 1972 — “ Des armes pour la France ”, discours prononcé à l’Assemblée constituante le 25 juillet 1945, dans Étienne Fajon* et André Marty, Comment l’aide à la France a pu être paralysée. Le sabotage des trusts. — La question algérienne, Éd. du PCF, 1946, 30 p. — Un logement à tous les Français, discours au Vélodrome d’hiver, 11 janvier 1946, Éd. du PCF, 16 p. — Pour la sécurité de la France, rupture avec l’Espagne de Franco, repaire de nazis, de miliciens et d’espions, discours à l’Assemblée nationale constituante, 16 janvier 1946, Éd. du PCF, 16 p. — Ce que veut la jeunesse de France, discours à la jeunesse parisienne à la Mutualité, 14 février 1946, édité par l’Union de la Jeunesse républicaine de France, 24 p. — Le bien-être et le bonheur de tous les Algériens et Algériennes. Pour une Algérie vraiment démocratique, discours à Alger, 24 mars 1946, Éd. “Liberté”. — Ceux d’Espagne ! Les premiers contre les hordes hitlériennes. Justice pour leurs blessés, pour leurs orphelins !, Paris, édité par l’Amicale des anciens volontaires de l’Espagne républicaine, 1946. — Idées pour une nouvelle constitution de la République française, Paris, Comité central du PCF, 1946, 16 p. — Lazare Hoche, discours à Versailles, juin 1946, Éd. France d’abord, 32 p. — Avec Étienne Fajon*, Comment l’aide à la France a pu être paralysée, le sabotage des trusts, discours du 23 juillet 1944, Éd. de l’Humanité, 1946, 32 p. Pour une assemblée et un gouvernement algériens et la suppression du gouvernement général, Alger, Éd. Liberté, août 1947, 36 p. — A la gloire des lutteurs de 1907, mai 1947, Montpellier, Éd. du Travailleur du Languedoc, réédité en 1972 par Norman Béthune, 52 p.. — La question algérienne, août 1946, Éd. du PCF — Dans votre action pour une Algérie libre et démocratique, le peuple de France lutte à vos côtés, Alger, Éd. “Liberté”, 1947. — La jeunesse veut vaincre et vivre, discours au XIe congrès du PCF, Strasbourg, 25 au 28 juin 1947, Éd. du PCF, 55 p. — Où en est l’aviation française ? discours à l’Assemblée nationale, juin 1948, Éd. du PCF, 30 p. — L’incendie de l’atelier Citroën-Javel. La responsabilité du trust milliardaire Citroën, la complicité du gouvernement, intervention à l’Assemblée nationale, 11 février 1949, édité par la Fédération de la Seine du Parti communiste français. — Comment empêcher les licenciements, intervention à l’Assemblée nationale le 28 juin 1949, édité par la Fédération de la Seine du PCF, 32 p. — Georges Dimitrov, un homme, un révolutionnaire, juillet 1949, Éd. du PCF, 80 p. — Paix au Viet Nam ! Arrêtez le massacre, 3 avril 1950, intervention au XIIe congrès du PCF, Éd. du PCF, 32 p. — Le Lock-out de la SNECMA, intervention à l’Assemblée nationale, 2 mai 1950, sections communistes du XIIIe arr., 32 p. — Le martyre des anciens volontaires d’Espagne, discours au XXVIe congrès de l’AVER, 28 mai 1950, 11 p. — La guerre au Vietnam...en Europe ? Comment la faire reculer ?, Paris, France nouvelle, 1950, 47 p. — (Contribution), Trente ans d’histoire du Parti communiste français, Paris, numéro spécial des Cahiers du communisme, décembre 1950. — Quelques aspects de l’activité de Blanqui, Éd. par les amis de Blanqui, 1951, 30 p. — Pourquoi les prix montent en France et baissent en URSS, conférence, 13 mars 1951, Éd. du PCF, 32 p. — Le gouvernement sacrifie les cheminots, proposition de loi déposée par André Marty le 13 septembre 1951, Paris, SEDIC, 23 p. — Souvenirs d’Indochine, Éd. de l’Avant-Garde, 1952, 20 p. — François Arago, Éd. du Travailleur catalan, 1952. — Gloire au 17e , Éd. de l’Avant-Garde, 1952, 62 p. — Algériens ! Le peuple de France est avec vous ! Alger, 1952, Éd. “Liberté”. — L’Affaire Henri Martin. La raison d’État contre la liberté d’expression, Paris, Comité de défense d’Henri Martin, 1952. —L’Affaire Marty, Deux Rives, 1955, 290 p. et une édition italienne, réédité en 1972 par Norman Béthune — Nel 1 anniversario della morte dell’ autore. Testimonianze, ricordi ed alcuni scritti inediti, Milano, Movimento operaio, 1957, 95 p. — Vingt-quatre lettres inédites d’André Marty, décembre 1952-juillet 1953, s.l. n.d., 64 p. (BDIC S pièce 12519). — Avec Claude Bourdet, Daniel Guérin, G. Fontenis, J. Danos, Un homme, une cause : Pierre Morain prisonnier d’État, Comité de défense de Pierre Morain, 1955, pp. 3-5. — Georges Dimitrov, Norman Béthune, 1972, 20 p. — Le Parti communiste français né et forgé dans la lutte contre la guerre, Norman Béthune, 1972, 23 p.
Principales préfaces : Gabriel Péri*, Genève-Locarno, Paris, 1926. — La paix par la révolution. Les marins allemands révolutionnaires en 1917, 1926. — J. Vidal, Le mouvement ouvrier français de la Commune à la guerre mondiale (aperçu historique), préface d’André Marty, Bureau d’éditions, 1934. — R. Gossez et J. Vienney, François Arago, éd. Le Travailleur catalan, 1952 (cette brochure fut aussitôt retirée de la distribution). <$OEU->
SOURCES : Arch. Nat. F7/13090, 13091, 13092, 13164, 13165, 13260, 13262, 13263, 13264,. — Arch. Dép. Var, 2 M 5 258, 256 ; 3 Z 4/29. — Arch. Dép. Loire, M 541, pièce 385, rapport du commissaire spécial de Saint-Étienne, 8 novembre 1923. — Arch. PPo. Ba/1715 ; M9 “ Affaire Marty-Tillon ”. — Arch. Préfecture de Police, Dossier Marty, M 19 Ga. — Arch. Comité national du PCF, dossiers “ Affaire Marty ”. — Bibl. marxiste de Paris, microfilm 43, 59, 101, 203, 218, 278, 324. — Arch. Grand Orient et arch. de la Grande Loge de France.

Les archives d’André Marty :
Fonds André Marty, Arch. dép. de Seine-Saint-Denis (281 J), inventaire en ligne. — Les archives et la bibliothèque d’André Marty furent léguées à Jean Maitron. La bibliothèque comprenant 3 500 livres et brochures fut remise à l’Institut français d’histoire sociale. Quant aux archives, un inventaire sommaire de 75 pages dactylographiées fut réalisé en juin 1959. Jean Maitron les versa au Centre de recherches d’histoire des mouvements sociaux et du syndicalisme (bibliothèque Jean Maitron). S’y ajoutent les correspondances remises à Jean Maitron par quelques amis d’André Marty. Un microfilm des archives, correspondance exclue, est conservé à l’université d’Harvard. Il s’agit des documents déménagés par René Corneloup le 22 novembre de La Garenne-Colombes et conservés quelque temps à son à domicile de la rue du Simplon (XVIIIe arr°) avant de partir Catllar, ainsi que de tous les documents rassemblés après son exclusion. Manuela Detrie remis à Claude Pennetier en mars 2003 un dossier de lettre reçue de Marty puis de ses amis après son décès. Ce dossier vint enrichir les fonds du Centre d’histoire sociale (rue Malher).
Elles ne représentent qu’une partie de ce que le militant avait rassemblé durant sa vie active. En juin 1939 en effet, il avait envoyé à Moscou “les archives complètes des Brigades internationales et ses archives personnelles” en tant que représentant spécial du ministère de la Défense nationale espagnole pour les Brigades internationales de 1936 à 1939. Par décision de Dimitrov, ces archives furent réunies “en une section spéciale des archives de l’Internationale communiste”. Firent également partie de cet envoi de juin 1939 des archives de Marty relatives au mouvement révolutionnaire et communiste français de 1907 à 1939. Ces archives furent classées en 1939-1940 par Marty lui-même qui en dressa un catalogue. Elles se trouvaient en août 1949 à l’Institut Marx-Engels de Moscou. À la demande de Marty qui désirait les consulter plus aisément, elles furent transférées à Prague, aux archives du Parti communiste de Tchécoslovaquie, en 1950. Les dossiers étaient marqués de M 1 à M 16. Servin saisit 590 feuillets en 1953 (ces documents figurent dans les dossiers “ Affaires Marty ” des archives du Comité national) . Francis Crémieux, délégué par Gaston Plissonnier* préleva de nouveaux documents en 1985 et les archives (“ 16 sacs en toile de jute [contenant chacun 7 à 8 dossiers attachés] d’un poids total d’environ 400 kg ”) revinrent en France peu de temps après. Le fonds important conservé à la Bibliothèque marxiste de Paris semble avoir cette origine. Nous avons utilisé, avec l’autorisation de la BMP, les dossiers M 5 (documents biographiques) et M 10. D’autres dossiers de même origine sont conservés au Musée d’histoire de la Résistance. Ils concernent pour l’essentiel les émissions que donna Marty à Radio-Moscou entre 1941 et 1943. — Selon une lettre de Marty datée du 4 juillet 1955, une documentation rassemblée à Paris après la Libération, comprenant des “rapports, notes, cartes, journaux, imprimés des Brigades internationales ” ainsi que le film “Levés avant le jour” (en tout huit valises et deux caisses) fut récupéré par son secrétaire dans une planque de l’Yonne et d’autres documents étaient restés dans son bureau parisien.
Jean Maitron, “La bibliothèque et les archives d’André Marty”, Le Mouvement social, n° 47, avril-juin 1964, pp. 111-116. — Jean Maitron, “Les archives d’André Marty”, L’Histoire, n° 20, février 1980, pp. 87-89. — Claude Pennetier, “ Thorez-Marty, Paris-Moscou, Moscou-Paris ”, colloque “ Histoire du Komintern ”, Moscou, 1994. — Karel Bartosek, “ La Prague des archives d’André Marty ”, La Nouvelle Alternative, n° 40, décembre 1995 et Karel Bartosek, Les aveux des archives, Prague-Paris-Prague, 1948-1968, Seuil, 1996.
Archives publiques : Arch. PPo, dont BA 1666.
Sur son action dans les Pyrénées-Orientales : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, versement du cabinet du préfet (série M non classée). — Le Cri catalan, 1919-1923. — Le Travailleur catalan, 1936-1939, 1945-1952. — Horace Chauvet, La politique roussillonnaise (1870 à nos jours), Perpignan, 1934. — Michel Cadé, “Cinéma et politique en Roussillon”, “I. Le retour d’André Marty dans les Pyrénées-Orientales (juillet 1923), quelques images retrouvées.”, Cahiers de la Cinémathèque, n° 35-36, pp. 225-228, Perpignan, 1982. — Michel Cadé, Le Parti communiste dans les Pyrénées-Orientales de sa fondation à sa dissolution (1920-1939), Thèse, Toulouse, 1984.
Journaux : Bulletin officiel de la Grande Loge de France, mars et septembre 1923. — Cahiers du bolchevisme. — L’Humanité. — Le Populaire, en particulier celui du 15 décembre 1950 contenant les accusations de Max Lejeune. — Unir-Débat, n° 43-44, juillet et août 1970.
Livres et brochures : Daniel Ligou, Dictionnaire de la Franc-maçonnerie, PUF, 1987. — Annuaire de la Marine, 1918. — Nos édiles, op. cit.Des français en qui la France peut avoir confiance, op. cit. — J. Jolly, Dictionnaire des parlementaires, op. cit. — Branko Lazitch, Biographical dictionary of the Comintern, Stanford, Hoover institution, 1986. — Philippe Robrieux, Histoire intérieure du Parti communiste, 4 t., op. cit. — Jean-Paul Brunet, Jacques Doriot*., Balland, 1986. — Jacques Girault, Benoit Frachon, FNSP, 1989. — José Gotovitch, Mikhaïl Narinsski, Michel Dreyfus, Claude Pennetier, Brigitte Studer, Henri Wehenkel, Serge Wolikow, Komintern : l’histoire et les hommes. Dictionnaire de l’Internationale communiste, Les Éditions de l’Atelier, 2001. - Mathilde Regnaud-Nassar, Contribution à l’étude du processus décisionnel au PCF. Les notes du bureau politique de Mauice Thorez, 1947-1964, thèse, Paris 1, 2013.
Sur la mer Noire : Philippe Masson, La Marine française et la mer Noire (1918-1919), Publications de la Sorbonne, 1982. — J. Ramey, P. Vottero, Mutins de la mer Noire, Éd. sociales, 1973. — . — Maurice Paz*, Les révoltes de la Mer Noire, Paris, Librairie du Travail, 1921.
Sur ses candidatures, son action au conseil municipal de Paris et au Parlement : Dominique Joseleau, Les élections à Argenteuil dans l’entre-deux-guerres, Mémoire de Maîtrise, Paris X-Nanterre, 1981, p. 75. — Pascal Plagnard, Recherches sur l’implantation du Parti communiste dans le XIIIe arr. dans l’entre-deux-guerres, Mémoire de Maîtrise, Paris I, 1972. — Élections municipales du 5 mai 1935, quartier de la Gare, Parti communiste (SFIC), Région Paris-Ville, 13e rayon, 30 p. — Le Travail des élus au service du peuple, sections communistes du XIIIe arr., 1951, 4 p. — Voir aussi la collection du journal du XIIIe : La Barricade.
Sur la lettre au maréchal Foch : Paul Vaillant-Couturier*, Sabre et Toque !, Bureau d’éditions, 46 p.
Sur la participation d’André Marty à la guerre d’Espagne : Pierre Broué et Émile Témime, La Révolution et la guerre d’Espagne, Éd. de Minuit, 1961. — Franz Borkenau, Spanish cockpit. Rapport sur les conflits sociaux et politiques en Espagne (1936-1937), 1937, édition en français, Champ libre, 1979. — Andreu Castells, Las Brigadas internacionales de la guerra de España, Barcelona, Ed. Ariel, 1974. — Georges Soria, Guerre et révolution en Espagne, Livre-Club-Diderot-Robert Laffont, 1976, 5 tomes. — Jacques Delperrié de Bayac, Les Brigades internationales, op. cit. — Carlos Serrano, L’enjeu espagnol : PCF et guerre d’Espagne, Messidor, 1987. — Nick Guillain, Le mercenaire : carnet de route d’un combattant rouge, Fayard, 1938.
Sur ses passages à la direction de l’Humanité : Alexandre Courban, l’Humanité de Jean Jaurès à Marcel Cachin 1904-1939, Les Éditions de l’Atelier, 2014.
Sur la drôle de guerre, la guerre et la Libération : Colloque Libération de la France. — A. Rossi, Les communistes français pendant la drôle de guerre, Éd. d’Art d’histoire et d’art, 1951. — Marcel Willard, La défense accuse, Éditions sociales, nouvelle édition, 1951, 318 p. (Un chapitre sur Marty). — Fl. Bonte, Le chemin de l’honneur, op. cit.. — G. Bourgeois, Communistes et anticommunistes pendant la drôle de guerre, Thèse de IIIe cycle, Paris X, 1983. — Gilles Perrault, Un homme à part, Barrault, 1984. ¬— Claude Pennetier, « André Marty », Dictionnaire de la Résistance, Bouquins, 2005. — Alexandre Courban, L’Humanité de Jean Jaurès à Marcel Cachin, 1904-1939, Les Éditions de l’Atelier, 2014.
Sur la période 1945-1952 : Le Monde, Index analytique, et la collection de l’Humanité. — Jeannine Verdès-Leroux, Au service du Parti. Le Parti communiste, les intellectuels et la culture (1944-1956), Fayard/Minuit, 1983. — Violette Marcos-Alvarez, Communistes et antifranquisme : l’exemple du Parti communiste français. Représentation et stratégies politiques (1936-1975), thèse de doctorat d’histoire, 1998. — Antoine Nouvet, La loi Deixonne et les débats sur l’enseignement des langues régionales dans la vie politique française 1945-1953, Mémoire de maîtrise, Paris I (CHS), 2001 (pour le projet de loi Marty, de 1948, sur l’enseignement du Catalan). —Gaël Moulec, "Alliés ou ennemis ? Le GUPVI-NKVD, le Komintern et les "Malgré-nous". Le destin des prisonniers de guerre français en URSS (1942-1955)", Cahiers du monde russe, 2001, 2/3-4, vol. 22
Sur l’affaire Marty : Roger Garaudy, “Le néo-blanquisme de contrebande et les positions antiléninistes d’André Marty”, Cahiers du communisme, janvier 1953 et les divers articles publiés dans cette revue pendant l’année 1953. — L’affaire André Marty. Trois documents inédits, “édité par un groupe de travailleurs communistes et sympathisants”, imprimé à Toulouse, 1953, 32 p. — Miroslav Krleza, “Le cas Marty-Tillon”, Questions actuelles du socialisme, revue bimensuelle de l’agence yougoslave d’information, 1952. — L’affaire Marty et le mouvement ouvrier, Saint-Cloud, MLS, 1953 [œuvre de Vinatrel qui travaillait pour le compte d’Henri Barbé]. — L’affaire Marty, préface d’“Action communiste” à l’édition italienne de l’ouvrage d’André Marty publiée par Schwarz editore, Milan, s. d. , 15 p. — Auguste Lecœur*, L’Autocritique attendue, Paris, 1955 et, Paris, 1963. — Pour lire la révolte de la mer Noire : André Marty révolutionnaire, Maspero, supplément à Rouge, 1970. — Yves Le Braz (pseudonyme de Gérard Guéguan), Les rejetés : l’affaire Marty-Tillon, La Table ronde, 1974 [Gérard Guéguan décrit la génèse de ce livre dans Ascendant Sagitaire, 2001, Parenthèse (p. 71-73) .L’ouvrage avait été entrepris, à la demande de Fayard, début 1968, avec Jean-Pierre Léonardi qui était également membre du Parti communiste. Il fut finalement refusé et ne parut que six ans plus tard, de l’écriture du seul Guéguan et sous le pseudonyme de Le Braz]. — Maurice Agulhon, “ Les affaires Marty (1919-1952-1963) ”, Cahiers d’études révolutionnaires, n° 4, octobre 1964, pp.2 12. — Annie Kriegel, Les grands procès dans les systèmes communistes, Gallimard, 1972. — Louis Couturier [Jean-Michel Krivine], Les “ grandes affaires ” du Parti communiste français, Maspero, 1972. — Michel Dreyfus, PCF : Crises et dissidences, Bruxelles, Éd. Complexes, 1989. — Claude Pennetier, “ André Marty, le premier communiste français ” et Michel Lefebvre, “ Les Pâques rouges de la mer Noire ”, Le Monde, 18-19 avril 1999. — Frédéric Charpier, Les RG et le Parti communiste. Un combat sans merci dans la guerre froide, Plon, 2000 [l’auteur s’est vu ouvrir, ou entrouvrir, les dossiers de renseignements généraux. Le livre ne présente d’intérêt que pour les informations de police].
Sur la mort d’André Marty et les tentatives de réhabilitation : L’indépendant, quotidien républicain d’information de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, 27 novembre 1956 — Pierre Frank, “ Dernier entretien avec André Marty ”, La Vérité des travailleurs, n° 52, décembre 1956. — Le Débat communiste, n° 21, 15 novembre 1963. — La même année le Comité d’honneur national pour la réhabilitation d’André Marty et des victimes de la calomnie publia plusieurs dossiers consacrés à Marty. —
Quelques souvenirs évoquant l’image de Marty : Henri Barbé*, Souvenirs de militant et de dirigeant communiste, inédit. — Raoul Calas, Souvenirs d’un condamné à mort, Éd. sociales, 1976. — Jean Cathala, Sans fleur ni fusil, Albin Michel, 1981. — Giulio Ceretti, A l’ombre des deux T., Julliard, 1973. — Roger Codou, Le cabochard, Maspero, 1982. — Georges Cogniot, Parti pris, op. cit. — Jacques Duclos*, Mémoires, op. cit. — Fernand Dupuy, Etre maire communiste, Calmann-Levy, 1975. — Étienne Fajon*, Ma vie s’appelle liberté, Laffont, 1976. — Jules Fourrier, Graine rouge, La Brèche, 1983. — Jacques Kahn, Persiste et signe, Éd. sociales, 1973. — Jean Llante, Libertat, 50 ans pour un espoir, Éd. sociales, 1982. — Paul Noirot, La mémoire courte, Stock, 1976, 369 p. — Le vent soufflait devant ma porte, Paris, Seuil, 1993, 435 p. — Albert Vassart, Mémoires, inédit, 426 p. — Charles Tillon, On chantait rouge, op. cit. . — Un témoignage à charge : Sygmunt Stein, Ma guerre d’Espagne. Brigades internationales : la fin d’un mythe, traduit du yiddish, Seuil, 2012. — André Balent, "André Marty, son parcours, son action en faveur de la calalanité", Le Fil à soi (publié par les Amis de Catllar), juillet 2017, n°76, pp. 5-11.
Une thèse en cours (mais peut-être abandonnée) accorde une large place à André Marty : John Rutherford, La Révolte de la mer Noire. Contribution à l’histoire du mouvement ouvrier : aux racines du communisme français, département d’histoire de l’Université d’Iowa (cette thèse n’a pas été soutenue).
Il existe des publications en russe magnifiant le rôle d’André Marty, ainsi un petit livre illustré pour la jeunesse, paru en 1930 (réédition 1931) à Moscou, avec des dessins de Kupreianov, Nikolaï Nikolaevich (1894-1933), 16 p.
Paul Boulland, Claude Pennetier, Rossana Vaccaro, André Marty, l’homme, l’affaire l’archive, 2005, Codos édition, Paris, 189 p. http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/66/70/06/PDF/Marty_en_PDF.pdf
Notes de Jacques Girault, Bernard Pudal, Rémi Skoutelsky, Paul Boulland, Daniel Grason.

FILMOGRAPHIE, ICONOGRAPHIE et ARCHIVES SONORES : http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/66/70/06/PDF/Marty_en_PDF.pdf — Bandes d’actualités retraçant son retour à Perpignan (juillet 1923) déposées à la Cinémathèque de cette ville (Palais des congrès, Perpignan). Les photogrammes des films de juillet 1923 ont été reproduits par Michel Cadé dans son article des Cahiers de la Cinémathèque. — Un lot très important de photographies figure dans les archives André Marty, versées par Jean Maitron au CRHMSS. — La voix d’André Marty a été conservée sur un disque de la COTSF, Le disque prolétarien, La Voix du communisme. — Une cassette diffusée par la Bibliothèque marxiste de Paris, intitulée Discours et chants du Front populaire, contient l’enregistrement d’un discours de Marty.

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