ESCARIGOUELLE Michel, François

Par André Balent

Né le 25 janvier 1900 à Axat (Aude), mort le 21 juin 1944 au Pla (Ariège) ; employé de la SNCF sans doute à Carcassonne en 1944 ; résistant

Michel Escarigouelle était né à Axat, chef-lieu de canton de la haute vallée de l’Aude, à proximité des Pyrénées-Orientales et de l’Ariège (Donnezan). C’était le fils de Pierre Escarigouelle et de Rosalie Antech. Il était employé de la SNCF en poste, un moment, en gare de Carcassonne (Aude). Mais travaillait-il encore à la gare de cette ville en 1944 ? Son nom a été recueilli par Claude Delpla, historien de la Deuxième Guerre mondiale en Ariège, qui a dressé à son nom une fiche sommaire qu’il a classée parmi celles des fusillés et exécutés. Delpla signale qu’il a été « tué au Pla le 21 juin 1944 près de Quérigut ». Dans une autre fiche, il confirme que Escarigouelle était résistant.

Un acte de décès d’un inconnu a été dressé le 22 juin 1944 sur le registre de l’état civil du Pla. Il indique que le décès remontait à deux ou trois jours. Mais le même texte affirme que « cet individu a trouvé la mort lors de l’attentat contre la famille Rouyre » et observe que « le vingt-un (sic) juin mille neuf cent quarante-quatre, vingt-trois heures, un individu du sexe masculin dont l’identité n’a pu être établie est décédé au quartier de l’Église ». Il s’agit donc du 21 juin, date retenue par le rédacteur du registre. Le jugement du tribunal civil de Foix du 14 mai 1947 indique qu’il,y avait d’autres maquisards d’Esarigouelle qui attaquèrent la maison Rouyre pour des motifs qui ne sont pas précisés. M. Rouyre porta plainte devant le procureur de Foix pour l’"attentat" dont son domicile avait été victime de la part de maquisards. L’enquête qui suivit permit, aussi, d’identifier l’inconnu abattu sans doute par Rouyre ou quelqu’un de sa famille.

L’acte nous fait savoir qu’il s’agissait d’un homme de vingt-cinq à trente ans, avec une « taille un mètre soixante-cinq, cheveux châtain foncé, figure rasée, nez dévié à gauche avec cicatrice côté droit, fausses dents, chemise grise, maillot laine noire, veste beige marron, pantalon golf, gabardine vert olive, chaussettes laine violette, brodequins de travail. »

Dans le Donnezan, il y avait alors un maquis du groupe toulousain « Morhange » (Voir : Audebaud André, Barran Pierre) installé juste après le débarquement du 6 juin. Un groupe de l’AS de la haute vallée de l’Aude animé depuis Quillan par Raoul de Volontat était également présent dans le Donnezan : celui du Donnezan était dirigé par l’ingénieur d’origine suisse (de la Société méridionale de transport de force [hydroélectrique]) Ernest Zaugg. Celui-ci, en liaison avec les maquis audois de Picaussel (commune de Puivert) et d’Aunat (de l’AS) et de Salvezines (FTPF) fut très actif au mois de juin 1944, lors de la mise en oeuvre du "plan bleu" contre les centrales hydroélectriques de la haute vallée de l’Aude. Sans doute Escarigouelle y fut-il impliqué.

Le secteur de l’AS du Donnezan — dont le médecin communiste de Quérigut était aussi un des animateurs — était aussi lié à une filière du réseau étatsunien Akak qui assurait des passages vers l’Espagne via la Cerdagne (Pyrénées-Orientales) (Voir Tichadou Lucia).

Cependant, lors de l’enquête diligentée après la Libération, le commandant Guy David,commandant des FFI de l’Aude après la Libération du département — il remplaça Georges Morguleff dont il fut brièvement l’adjoint à la tête des FFI audois avant la Libération du département — confirma que Michel Escarigouelle était bien un maquisard d’une formation audoise, sans doute de l’AS. Le cadavre a pu être identifié formellement non seulement pour ses fausses dents mais aussi pour une cicatrice due à un accident de travail en gare de Carcassonne (Aude). Guy David, qui fut présent dans le Donnezan, faisait partie du groupe commandant le maquis de Picaussel dirigé par Lucien Maury.

Une mention inscrite en marge de l’acte, le 6 juin 1947, nous donne l’identité du défunt, ses date et lieu de naissance et le nom de ses parents. Elle transcrit le jugement du tribunal civil de Foix du 14 mai 1947 qui a établi son identité. Elle révèle un âge qui ne correspond pas à celui, supposé, qu’indique l’acte.
Il n’y a pas de mention de « Mort pour la France ». Escarigouelle n’a de dossier au Service historique de la défense, ni à Vincennes, ni à Caen

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article242190, notice ESCARIGOUELLE Michel, François par André Balent, version mise en ligne le 19 août 2021, dernière modification le 28 mars 2022.

Par André Balent

SOURCES : Arch. dép. Ariège, 107 W 84, jugement du tribunal civil de Foix (14 mai 1947) établissant l’identité de l’inconnu tué au Pla le 21 juin 1944. — Arch. dép. Ariège, 64 J 23 et 64 J 254, fonds Claude Delpla, fiches au nom de Michel Escarigouelle. — Arch. com. Le Pla, état civil, acte de décès de Michel Escarigouelle (communiqué par Kaddour Allag, des Archives départementales de l’Ariège). — Lucien Maury, La Résistance audoise (1940-1944), tome II, Carcassonne, Comité d’Histoire de la Résistance du département de l’Aude, 1980, 441 p. [p. 66-67, 198-199, 374, 407]— Courriel de Kaddour Allag, 20 août 2021.

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