SMOLSKI Georgette, dite Jurgita.

Par Xavier Dabe. Notice complétée par Michel Majoros.

Verviers (pr. Liège, arr. Verviers), 8 février 1920 – Bruxelles (Région de Bruxelles-Capitale), 15 janvier 2012. Enseignante, historienne, journaliste pour le compte de la presse communiste.

Georgette Smolski, appelée couramment Jurgita, est la fille posthume de Jurgis Smalstys, socialiste lituanien exilé à Bruxelles de 1910 à 1914, rentré en Russie puis en Lituanie, et fusillé en 1919 par les nationalistes lors de la guerre civile de ce pays balte. La veuve de ce dernier, Germaine Geelens, enseignante dans l’équipe du Docteur Ovide Decroly, accouche en Belgique mais retourne enseigner en Lituanie indépendante et exiger le châtiment des responsables, jusqu’au coup d’état d’extrême droite de 1926, auquel ces derniers participent.

Jurgita Smolski étudie à l’école Decroly puis à à la section d’histoire de l’Université libre de Bruxelles (ULB) où elle adhère aux Étudiants socialistes unifiés (ESU). Pendant la guerre d’Espagne, dans le contexte de ce groupe, elle est active dans les comités d’aide à l’Espagne républicaine. De retour de l’exode de 1940, Jurgita Smolski achève ses études d’histoire en juin 1941. En octobre, elle adhère au Parti communiste de Belgique (PCB) et plonge dans l’appareil clandestin du Parti. Elle héberge Pierre Joye, rédacteur en chef du Drapeau rouge, chez sa mère, et devient sa courrière.
Professeure à Decroly dès 1942, Jurgita Smolski reste, sous le nom de « Carine », courrière de l’appareil central du parti après l’arrestation de Joye en juillet 1943. Elle recevra la médaille Verhaegen de l’ULB pour son action dans la résistance après la Libération.

À la fin de la guerre, Jurgita Smolski est journaliste au Drapeau rouge, principalement pour la rubrique « Arts, sciences et lettres », puis en février 1946 à Front, organe du Front de l’indépendance. Elle retourne au Drapeau rouge en 1947 mais publie périodiquement dans Front.

La carrière journalistique de Jurgita Smolski prend un tournant après son mariage avec un juriste et diplomate, Ferenc Majoros, rencontré en mars 1948 lors d’un reportage en Hongrie. Celui-ci est nommé attaché à l’ambassade hongroise à Varsovie jusqu’en 1949. Jurgita publie une série d’articles sur la Pologne dans le journal communiste franco-tchécoslovaque Parallèle 50, dont les thèmes de prédilection portent sur les pays de l’Est, et reste correspondante pour Le Drapeau rouge. De fin 1949 à mars 1956, elle réside en Hongrie où elle a un fils avant de divorcer en 1951. Inscrite au Parti communiste hongrois depuis juillet 1948, elle est journaliste et speakerine aux émissions en langue française de Radio Budapest, et publie de nombreux articles, aussi dans la presse hongroise, sous de multiples pseudonymes : Carine, Anne Vincent (A.V.), Claire Vincent, Anne Roland.

Jurgita Smolski rentre en Belgique et devient professeur d’histoire à Decroly, à l’École normale Berkendael, et ensuite à l’École européenne de Mol. Bien qu’ayant pris sa pension en 1984, elle reste active et membre du Parti communiste de Belgique (PCB). Elle est conseillère laïque à la clinique César De Paepe puis dans des homes pour seniors. Voyageant souvent en Lituanie soviétique depuis 1962, puis en Lituanie indépendante après la disparition de l’URSS, elle crée en 1996 la Fondation Smolski-Geelens visant à aider les étudiants en histoire de l’Université de Vilnius à étudier à l’ULB.

Jurgita Smolski est aussi une historienne et une femme de lettres. Elle est l’auteure d’un ouvrage biographique, Engagés volontaires : dix ULBistes dans notre mémoire, édité par le CArCoB, en 2010, d’un article « L’ULB devant la guerre d’Espagne », paru dans la Revue belge d’histoire contemporaine (t. XVIII, 1987). Elle publie en 2007 ses souvenirs de journaliste dans l’ouvrage collectif Presse communiste, presse radicale 1919- 2000. Elle est également l’auteure d’un livre à la mémoire de son père, Jurgis Smalstys : un destin lituanien, en 2001 (publié en traduction lituanienne, Mano Tevas, Vilnius, 1967) et un autre en souvenir de sa mère, Maine, une Belge insolite, entre la guerre et la révolution en Lituanie (Vieno gyvenimo sviesa, Vilnius, 1998).

Jurgita Smolski passe la fin de sa vie avec Jean Evaldre, ancien ESU, résistant et communiste et avocat de militants du Front national de libération (FLN) lors de la guerre d’Algérie.

Les archives de Jurgita Smolski sont déposées au CArCoB et au Centre d’études et de documentation Guerre et Sociétés contemporaines (CEGES) à Bruxelles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article242204, notice SMOLSKI Georgette, dite Jurgita. par Xavier Dabe. Notice complétée par Michel Majoros., version mise en ligne le 21 août 2021, dernière modification le 5 décembre 2022.

Par Xavier Dabe. Notice complétée par Michel Majoros.

SOURCE : CArCoB, fonds Jurgita Smolski – Papiers de la famille Majoros.

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