BOLZE Bernard

Par Benoît Prieur

Né le 11 septembre 1951 à Lyon ; militant associatif dans le domaine de l’emprisonnement et du droit des prisonniers ; insoumis ; conseiller technique de L’Écrou dans les années 1980 ; fondateur de l’Observatoire international des prisons (OIP) ; fondateur du site Prison Insider en 2015 ; initiateur de Concertina, rencontres estivales autour des enfermements, en 2021.

Bernard Bolze en mars 2022.

Bernard Bolze naquit en 1951 d’Henri Bolze (1923-2007) et de Bernadette Chauvin (1923-2013). Il a un frère Xavier (1950) et deux sœurs, Blandine (1957) et Christine (1959). Son père Henri Bolze était le fils de Maurice Bolze (1894-1927), ingénieur Centrale Lyon, fondateur d’une fonderie mécanique, mort prématurément d’une grippe compliquée de broncho-pneumonie, et de Gabrielle Lapize (1894-1970). Sa mère, Bernadette Chauvin, était la fille de Robert Chauvin (1887-1965), pharmacien, et de Paule Bertoye (1893-1983). 
Henri Bolze, son père, avait commencé comme apprenti électricien, métier qu’il exerça jusqu’à être recruté par l’usine Bally (fabrication de chaussures) à Villeurbanne (Rhône) où il devint cadre. Son épouse et lui, tous deux catholiques, étaient des militants du PSU et de La Vie nouvelle. Ils militaient contre la Guerre d’Algérie et s’impliquaient notamment dans des cours d’alphabétisation dans le quartier Montchat (Lyon 3e arr.) où la famille habitait alors. En mai 1968, Henri Bolze prit position en faveur des ouvriers de chez Bally ce qui déplut à la direction de l’usine de Villeurbanne. Celle-ci obtint sa mutation au siège à Paris. La famille qui venait de s’installer à Collonges-au-Mont-d’Or (Rhône), n’avait aucune envie de s’installer à Paris : mais comme il ne parvint pas à trouver un nouvel emploi sur Lyon, il accepta sa mutation parisienne et fut rejoint l’année suivante par sa famille. Bernard Bolze entra donc en classe de terminale à Paris.
Bernard Bolze fréquenta l’aumônerie du lycée Arago (qui constituait une sorte de lieu d’émancipation pour les jeunes), dont l’aumônier était alors Alain Maillard de La Morandais. Ce dernier lui permit de rencontrer l’historien André Mandouze (1916-2006) ainsi que le journaliste Jean Planchais (1922-2006). 
En janvier 1972, sa compagne Catherine Guichard, étudiante en psychologie lui annonça qu’elle était enceinte. Bernard Bolze alors étudiant en sciences économiques à Paris, vint sur le champ la rejoindre à Lyon. Leur premier enfant Charlotte, naquit en 1972. Le projet de Bernard Bolze était alors de devenir directeur de MJC. Il fut pendant près de deux ans et demi, éducateur contractuel de l’éducation surveillée, période durant laquelle il rencontra un jeune du centre, Larbi Belaïd (1956-2020), qui effectuera par la suite 35 ans de prison et dont il restera très proche.
En 1973, il rencontra l’insoumis au service militaire, Bruno Hérail (1948), en grève de la faim à Lyon. Bernard Bolze décida alors de devenir lui-même insoumis et ne répondit à aucune convocation. Il fut arrêté, présenté au TPFA (Tribunal Permanent des Forces Armées) qui le condamna à six mois de prison, dont deux fermes qu’il effectua à la prison Saint-Paul. En 1974 naquit Mathurin, le deuxième enfant de Catherine et Bernard.
En juin 1975, le couple et quelques amis trouvèrent une location à Lyon, une maison qu’ils surnommèrent "Moulinsart", située dans le Parc Sutter (1er arr. Lyon). Le lieu devint un habitat communautaire et partagé. Suite à un incendie, puis négociation avec la mairie, cette communauté s’installa dans l’immeuble Le Canut, rue René-Leynaud (1er arr. Lyon), dont le fonctionnement communautaire est toujours effectif en 2022. Cabu illustra cette vie communautaire dans un reportage de deux pages dans Charlie Hebdo (1976).
Parallèlement, en 1974, Bernard Bolze fut reçu au concours lui permettant de devenir directeur de MJC : il fit une formation à Crolles (Isère), puis un stage jusqu’en 1975, à Romans-sur-Isère (Drôme) où il rencontra le psychanalyste libertaire Bernard Vandewiele (1943-2021). À l’issue de cette formation, Bernard Bolze décida de refuser le poste proposé. La raison en était la contestation du travail social, très partagée à l’époque. Il fit alors plusieurs emplois jusqu’en 1981 : livreur de vin, écrivain public, secrétaire d’un cabinet d’avocats et poinçonneur à la SNCF.
À partir de 1981 Bernard Bolze devint journaliste indépendant, entre autres dans deux publications qu’il contribua à créer : Cosmopolis (1982) et Direct (1985). Il collabora également plusieurs années au bureau régional du journal Le Monde. Il fut également le conseiller technique de L’Écrou (journal des prisons de Lyon – 1983-1993), travaillant étroitement sur la réalisation de ce journal avec Louis Perego.
En 1990, Bernard Bolze fonda l’Observatoire international des prisons (OIP) dont il fut le délégué général. L’association produisit entre autres six rapports annuels et obtint un statut consultatif auprès de l’ONU. La création des sections nationales suivirent : les comités locaux français fondèrent la section française (OIP-SF) en 1995, Belgique etc. L’OIP est dissoute en 1999. 
En 1998, Bernard Bolze prit une année sabbatique dans les Cévennes. En 1999, il fut en charge de la communication externe de l’association Handicap International.
De 2001 à 2003, il fut coordinateur de la campagne nationale de la Cimade contre la double peine. De 2008 à 2011, Bernard Bolze fut contrôleur auprès du contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), autorité administrative indépendante créée par l’obligation de respecter les mécanismes de prévention de la torture. Il poursuivit cette activité à temps partiel jusqu’à 2015.
En juillet 2010, il fut nommé sur la réserve présidentielle, Chevalier de la Légion d’honneur par le Président de la République. Il ne se fit jamais remettre la décoration.
Bernard Bolze apparaît en 26e et dernière position de la liste Europe Écologie (circonscription Sud-Est) aux européennes de 2014.
En 2015, Bernard Bolze jeta les bases du site web Prison Insider, site internet dédié à l’état des prisons dans le monde, pays par pays. La mise en ligne effective du site fut réalisée au début de l’année 2017.
En 2021, il est à l’initiative de Concertina, rencontres estivales autour des enfermements, à Dieulefit (Drôme). La deuxième édition s’est déroulée en juillet 2022.
Quelques convictions furent à l’origine des travaux de Bernard Bolze relatifs à la prison. Celle, impérative, d’informer rigoureusement sur un territoire délaissé. Celle d’échapper aux discours simplistes et inopérants : la suppression de la prison n’est pas davantage une solution que son recours inconsidéré. Celle enfin qu’un traitement digne et respectueux de la personne sert toujours au déploiement de la vie démocratique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article242257, notice BOLZE Bernard par Benoît Prieur, version mise en ligne le 22 juin 2022, dernière modification le 2 juillet 2022.

Par Benoît Prieur

Bernard Bolze en mars 2022.
Bernard Bolze ("L’insoumis") et Catherine, dans un dessin de Cabu, reportage paru dans Charlie Hebdo en 1976.

ŒUVRES : Cantine : la privatisation expliquée aux détenus, 2011 (dir. de publication). — Prisons de Lyon : une histoire manifeste, 2013 (dir. de publication). — À l’initiative de la première édition du Guide du Prisonnier (OIP-SF). — Contribution à l’ouvrage Simone Veil, un héritage humaniste, 2018. — Préface de l’ouvrage L’Afrique en prisons, 2021. — Contribution dans l’ouvrage Je voulais vous dire de Muriel Ferrari, 2016.

SOURCES : Entretien avec Bernard Bolze le 12 mars 2022. — Bulletin mensuel de l’Association des anciens élèves de l’Ecole centrale lyonnaise, n° 226, Avril 1927, pp. 60-61. — Fichier des personnes décédées. — Geneanet. — Tout-Lyon Annuaire 1963, notice de Robert Chauvin, p. 88. — Alain Salles, « L’impossible sortie de prison », Le Monde, 1er juillet 2008 (à propos de Larbi Belaïd). — Bernard Élie, « Une communauté indésirable », Le Monde, 8 mars 1979 (à propos de "Moulinsart"). — Francis Cornu, « Bruno Hérail est condamné à neuf mois de prison ferme " Mon refus est politique" », Le Monde, 7 février 1974. — Site web archives.eelv.fr/europeennes2014/ — « Bernard Bolze, le gardien des peines », revue Sang Froid, 2018. — « Une soirée avec Bernard Bolze autour des prisons », Le Progrès, 19 décembre 2013. — Mireille Debard (préf. Judith Le Mauff et Thierry Renard), Là - Le choix d’une vie : souvenirs d’engagements, septembre 2020, 192 p. (ISBN 978-2-84-562362-0), pp. 15, 80, 95-97, 136-139, 140-142, 146.

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