TERWAGNE Freddy.

Par Jean Puissant

Amay (pr. Liège, arr. Huy), 25 mars 1925 – Liège (pr. et arr. Liège), 15 février 1971. Docteur en droit, militant socialiste et wallon, membre de la Jeune garde socialiste et des Étudiants socialistes, conseiller communal, échevin et bourgmestre d’Amay, député de Huy-Waremme (pr. Liège), ministre.

Freddy Terwagne, qui a une sœur jumelle, Alix, naît dans une famille sensible à l’instruction. Son père est instituteur à l’école communale de Strée (aujourd’hui commune de Modave, pr. Liège, arr. Huy), son grand-père, Julien Delcomminette, a été échevin à Amay. Durant la Seconde Guerre mondiale, Freddy poursuit des études gréco-latines à l’Athénée royal de Huy, où il reste inscrit pour éviter le service du travail obligatoire (STO). Il s’engage dans la Résistance, dans l’Armée secrète, en septembre 1942.

À l’issue de la guerre, Freddy Terwagne entreprend des études de droit à l’Université de Liège. Il fait des « piges » au journal, La Wallonie, pour financer ses études. Il s’inscrit à la Jeune garde socialiste (JGS) et aux Étudiants socialistes qu’il préside. Docteur en droit en 1949, il effectue son stage chez Georges Housiaux, député socialiste de Huy-Waremme.

Engagé dans l’action politique, Freddy Terwagne est élu en 1952 au conseil communal de Amay en 1952. À la suite des élections de 1958, il est nommé échevin en 1959. Il devient l’un des dirigeants de la Fédération socialiste d’arrondissement. Sur le plan national, il est élu député suppléant de Huy-Waremme en 1954, puis député en 1958. Il siège aux commissions des Affaires étrangères, s’intéresse aux affaires africaines en particulier – il visite le Congo en 1958 –, de la Justice et des Finances. Il est à l’origine de la nouvelle loi sur la protection de la jeunesse, votée en 1965.

Cependant, l’avenir de Freddy Terwagne se dessine en 1960. Il s’engage dans l’action wallonne dans les années 1950 après avoir assisté comme journaliste à un Congrès national wallon et devient l’un des membres du Comité permanent de ce Congrès (1955-1971). Il soutient activement la grève contre la Loi unique de l’hiver 1960-1961. Le 13 janvier 1961, en pleine grève, il assiste à l’assemblée des élus socialistes wallons à Saint Servais (aujourd’hui commune, pr. et arr. Namur), qui revendique la reconnaissance de la région. Au lendemain de ce conflit, il participe à la fondation du Mouvement populaire wallon (MPW) impulsé par André Renard en mars 1961.
Sous le gouvernement Lefèvre-Spaak (coalition sociale-chrétienne – socialiste), Freddy Terwagne figure parmi les députés « rebelles » à la ligne du parti qui cherchent à rester proches des positions syndicales (il s’oppose au projet de rattachement des Fourons à la Flandre et à celui de « maintien de l’ordre), mais à l’instar d’André Cools* et d’Ernest Glinne, reste en fin de compte fidèle au Parti socialiste belge (PSB)au moment du vote sur l’incompatibilité (PSB versus MPW et La Gauche) en décembre 1964. Au Congrès des socialistes wallons de Verviers (pr. Liège, arr. Verviers) en novembre 1967, Terwagne, président du groupe de travail, présente le projet de régionalisation et se prononce en faveur du fédéralisme prônant le maintien de l’union entre politiques et syndicalistes. En juin 1968, il devient ministre des Relations communautaires, en duo avec le social-chrétien flamand Léo Tindemans, dans le gouvernement Eyskens-Merlot (ou Eyskens IV - coalition sociale-chrétienne – socialiste). La loi Terwagne du 15 juillet 1970 portant organisation de la planification et de la décentralisation économique amorce la régionalisation du pays. Peu après, il remporte les élections communales à Amay et devient bourgmestre.
Mais Freddy Terwagne, malade, meurt peu après sa nomination. Il est le symbole des modifications, intervenues au sein du mouvement socialiste d’après-guerre, qui voient des universitaires s’engager dans les organisations de jeunesse socialistes et devenir des dirigeants importants. Sa disparition prématurée prive le PSB d’un élément prometteur pour l’avenir.

Freddy Terwagne est titulaire de plusieurs distinctions dont la Croix de guerre, la médaille de la Résistance, le titre de commandeur du Mérite wallon (à titre posthume). Plusieurs rues portent son nom dans les arrondissements de Huy et de Liège.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article242303, notice TERWAGNE Freddy. par Jean Puissant, version mise en ligne le 29 août 2021, dernière modification le 29 août 2021.

Par Jean Puissant

SOURCES : REMY C., Inscrire la Wallonie dans la Constitution, Mont-sur-Marchienne, Institut Jules Destrée, 1991 – DELFORGE P., « Terwagne Freddy », dans DELFORGE P., DESTATTE P., LIBON M. (dir.), Encyclopédie du mouvement wallon, t. III, Charleroi, 2001, p. 1520-1522.

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