CAMOLLI Marius, Auguste

Par Jacques Girault Jean-Marie Guillon

Né le 9 avril 1908 à Toulon (Var), mort à Corbara (Haute-Corse) le 16 mai 1988 ; dessinateur à l’Arsenal maritime ; résistant.

L’aïeul, maçon d’origines italiennes, et sa famille (douze enfants), s’étaient installés à Solliès-Pont (Var). Un de ses fils, maréchal-ferrant à Toulon, eut un garçon, commis de Marine (comptabilité). Le fils de ce dernier, Marius Camolli, élève-officier de la Marine marchande, devint dessinateur à l’Arsenal maritime. Il se maria en août 1932 à Saint-Etienne (Loire) avec Madeleine, Marie Prouteau, née le 23 décembre 1905 à Saint-Etienne, fille d’un ajusteur, futur contrôleur d’armes. Avec son épouse, institutrice puis directrice de l’école maternelle de Bandol (Var) où ils s’installèrent, ils eurent quatre filles.
Au début de la guerre, mobilisé dans la Marine, Marius Camolli fut embarqué sur le bateau portant le pavillon de l’amiral Jean-Pierre Estava, commandant des forces navales du Sud. Peu après sa démobilisation en septembre 1940, contacté par Gaston Havard, agent technique à l’arsenal, militant du syndicat CFTC, organisateur de la branche toulonnaise du réseau de renseignements franco-polonais « Interallié », qui prit le nom de Réseau F2, auquel Camolli adhéra ainsi que son épouse dès novembre 1940. Ce réseau d’officiers polonais soutenu par Londres (Intelligence Service) appliquait le principe d’un recrutement de Français non professionnels du secret, agissant dans et avec leur famille en respectant des règles très strictes de communication et exigeait de ses membres qu’ils ne collaborent pas avec les services gaullistes (BCRA). Camolli fournissait des renseignements au sous-réseau Marine de F2 dont Havard était l’un des responsables. Avec son cousin Louis Camolli, il fut au cœur du service cartographique dans l’Arsenal occupée. En liaison avec son beau-frère, pêcheur à Saint-Mandrier, il fut chargé de contrôler les mouvements de la flotte. Au début de 1943, après la réorganisation du réseau provoquée par des arrestations, sous les pseudonymes de « Cam » puis d’« Ariel », il devint l’adjoint de Havard jusqu’à ce que celui-ci soit contraint de quitter Toulon. Il partagea cette responsabilité avec Ambroise Massei (« Mas », puis « Puck »). Ils utilisaient l’indicatif d’Havard, F 251, pour signer les rapports, les documents et les dessins. Il travailla alors sous les ordres du capitaine de vaisseau Trolley de Prévaux alias « Vox », chef de la branche Marine de F2 (sous-réseau « Anne ») et devint le chef du service technique du réseau et le responsable des communications avec Londres. Il prit la suite de « Vox » après son arrestation le 29 mars 1944, toujours assisté de Massei. Les deux hommes furent nommés dans cette fonction à Paris, le 26 avril 1944, par le chef du réseau, Jordan-Rozwadowski alias « Pascal », qui les avaient convoqués. Le sous-réseau prit alors le nom d’ « Azur ». Son PC fut au domicile du grand-père Camolli. Le travail réalisé par « Azur » entre juin et août 1944 fut considéré par les chefs du réseau comme « un tour de force exceptionnel d’énergie et d’habileté ». D’après l’historique du réseau F2, « Puck » et « Ariel » transformèrent « un petit secteur en sous-réseau qui travailla de façon parfaitement efficace jusqu’à la Libération du Sud, transmettant aux Alliés des renseignements mathématiquement précis et détaillés sur toutes les activités ennemies entre Vintimille et Perpignan ». Alors qu’il était recherché par l’occupant, son épouse, menacée, se réfugia avec ses filles à Salies-du-Salat (Haute-Garonne). Lors du débarquement, avec ses amis, il joua un rôle « efficace » selon les arguments des justifications des décorations. Il refusa de travailler avec le BCRA.
Après la guerre, le couple vécut avec amertume l’échec de l’espérance des Résistants de « réaliser sans délai une vraie démocratie populaire et ouvrière » (Albert Camus, Combat, août 1944. Sympathisants communistes, ils s’éloignèrent de la frange socialiste des résistants de la famille, surtout après le décès en 1954 de son père Louis Camolli, investi depuis toujours dans la mise en place d’organismes de protection sociale. Il participa au travail des commissions d’homologation d’appartenance effective au réseau F2 et à la surveillance des nazis fuyant vers l’Espagne au Pas de la Casa à la frontière andorrane. Il témoigna comme représentant du F2, lors des interviews dirigées par Henri Michel, le 19 mars 1947, puis refusa de s’investir dans des interventions publiques au sujet du F2. Son épouse fut mutée en août 1952 autoritairement à l’école de Sanary. En 1965, le couple, retraité, rejoignit Corbara en Corse où il retrouva des anciens militants corses du F2. Il aida des historiens polonais et français dans leurs recherches tout en s’adonnant à la peinture.


Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article242548, notice CAMOLLI Marius, Auguste par Jacques Girault Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 13 septembre 2021, dernière modification le 25 octobre 2021.


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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article242548, notice CAMOLLI Marius, Auguste par Jacques Girault Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 13 septembre 2021, dernière modification le 10 novembre 2021.

Par Jacques Girault Jean-Marie Guillon

SOURCES : Arch. Nat., 72AJ/35, 72AJ/89 (témoignage Marius Camolli recueilli par Henri Michel, 19 mars 1947). — Arch. SOE, HD5/1, « Historique du réseau F2 ». — Jean Médrala, Les réseaux de renseignements franco-polonais 1940-1944, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 308. —témoignage Marius Camolli 4 décembre 1979. — Mairie de Corbara. — Renseignements fournis par Gaston Havard, par Sylvie Paté Camolli, sa fille.

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