VIALAT Jean-François, dit Jean

Par Dominique Tantin

Né le 5 avril 1887 à Saint-Dézery, auj. commune associée d’Ussel (Corrèze), abattu le 3 juin 1944 à Combressol (Corrèze)  ; ouvrier puis cultivateur  ; militant syndicaliste et communiste  ; résistant, lieutenant des Francs-Tireurs et Partisans (FTP).

Stèle commémorative à Combressol (Corrèze)
Stèle commémorative à Combressol (Corrèze)
Crédit : MémorialGenWeb.

Jean François (dit Jean) Vialat était le fils de Louis, boulanger, alors âgé de 30 ans, et de son épouse Henriette Montheil, âgée de 24 ans. Après avoir effectué son service militaire de 1908 à 1910 au sein du 109e RI, Jean Vialat résida dans la région parisienne, notamment à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine), vraisemblablement ouvrier dans l’une des nombreuses usines de cette commune. Il fut mobilisé dans l’infanterie de 1914 à 1918, intoxiqué par le gaz le 19 août 1918. Il termina la guerre au grade de sergent, titulaire de trois citations pour son courage au feu. Il reçut la Médaille militaire par décret du 13 juin 1932. Le 17 novembre 1917, à Saint-Angel (Corrèze), il avait épousé Jeanne Estrade. Après la guerre, il travailla dans des usines en Eure-et-Loir puis à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), chez Michelin, dont il fut renvoyé pour activité syndicale. Il devint un militant communiste, actif en milieu paysan après son retour en Corrèze, à Combressol où le couple s’installa en octobre 1929 et où Jean Vialat exerça désormais la profession de cultivateur au village de Feix. Jean Vialat était père de deux garçons et d’une fille.

Sous l’Occupation, il rejoignit les FTP de Corrèze, apportant son expérience des armes aux maquisards. Jean Vialat, aidé de Darius (André Desassis, d’Ambrugeat) et de Léon Lanot (de Soudeilles) organisa la résistance locale dans ce secteur de Haute-Corrèze. En 1944, il commandait le bataillon statique FTP de cette région du sous-secteur A sous le nom de lieutenant “Vincent”.

Le 3 juin 1944 vers 2h du matin, un fort détachement allemand appartenant aux SS selon plusieurs sources, peut-être issu du 28e SS-Polizei Regiment Todt de Limoges, tenta d’encercler le maquis du Puy Corbier (dans lequel combattait un des fils de Jean Vialat) qui cantonnait non loin de Combressol. Jean Vialat partit prévenir les maquisards. Ces derniers parvinrent à décrocher à l’exception d’un jeune résistant, Pierre Denaës, qui se suicida pour éviter d’être pris et torturé.

De retour à son domicile, Jean Vialat fut capturé par des SS qui – sans doute après délation - avaient découvert son rôle dans la Résistance. Violemment battu, il fut jeté dans un camion avec son oncle, sa fille et le fiancé de cette dernière. Quelques centaines de mètres plus loin, le camion s’arrêta et Vialat fut emmené par les SS et, après avoir été torturé, il fut abattu. Le camion ramena la fille de Jean Vialat. La mère et la fille partirent à la recherche de Jean, brutalisées en chemin par des SS. Ces derniers partis, au terme d’une journée de recherche par la famille et les voisins, le cadavre martyrisé de Jean Vialat fut découvert l’un de ses fils. Il était mort sans parler. Le responsable communiste Georges Marrane témoignera : « J’habitais à l’époque Combressol avec ma femme et ma fille, sous un faux nom, à une centaine de mètres de la maison de Jean Vialat. Ce dernier connaissait mon vrai nom. Mais les Allemands ne sont pas venus à mon logement. »

Jean Vialat obtint la mention “Mort pour la France” et fut homologué FFI Interné résistant. La Médaille de la Résistance lui fut décernée par décret en date du 22 décembre 1959, et il fut nommé Chevalier de la Légion d’Honneur, laquelle fut remise à sa veuve le 6 juin 1960.

Son nom et celui de Pierre Denaës sont inscrits sur une stèle commémorative frappée de la faucille et du marteau, érigée au bord de la route de Lamazière-Basse (D 100) et sur le monument aux Morts communal.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article242626, notice VIALAT Jean-François, dit Jean par Dominique Tantin , version mise en ligne le 17 septembre 2021, dernière modification le 18 septembre 2021.

Par Dominique Tantin

Stèle commémorative à Combressol (Corrèze)
Stèle commémorative à Combressol (Corrèze)
Crédit : MémorialGenWeb.

SOURCES : Service historique de la Défense, Caen, AVCC, AC 21 P 171070- AC 21 P 688276 et Vincennes GR 16 P 592096 (nc). — Collectif, Maquis de Corrèze, 150 combattants et témoins, Paris, Éditions sociales, 1975, pp. 332-334. — Quotidien La Montagne, 14/6/2012 et 14/6/2013 — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — Archives dép. de Corrèze en ligne : acte de naissance, registre matricule militaire.

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