ORMANCEY Daniel, Marcel, Lucien, Louis

Par Jean-Pierre Ravery

Né le 19 mai 1927 à Troyes (Aube), exécuté le 23 août 1944 à Sainte-Savine (Aube) ; résistant FFI.

Daniel Ormancey était le fils unique de Marcel, Louis, Albert et Irénée, Paule Dujeancourt, son épouse, couple de bonnetiers troyens. Il habitait chez ses parents, 12, rue Camille Desmoulins à Les-Noës-près-Troyes, une petite commune à la périphérie de Troyes (Aube).
En août 1944, la 51e brigade de Panzergrenadiers SS aux ordres du Sturmbannführer Walter Jöckel avait pris position à Troyes. Son bataillon d’artillerie commandé par le Sturmbannführer Otto Beissel se trouvait à Sainte-Savine (Aube) pour couvrir le débouché de la route de Sens (Yonne) dont s’était emparé la 3ème armée américaine du général Patton. À la mi-journée du 23 août 1944, les militaires allemands découvrirent que des câbles de leur téléphone de campagne avaient été sectionnés. Ils raflèrent alors une dizaine de civils aux alentours et menacèrent de fusiller tout le monde si le coupable ne se dénonçait pas. Daniel Ormancey finit par s’attribuer la responsabilité du sabotage.
Après un interrogatoire musclé, le jeune résistant fut conduit dans le parc du château de Chanteloup et contraint de creuser une tombe. Bouleversé par la perspective de sa mise à mort imminente, il ne put terminer le travail. Les Allemands obligèrent alors deux de leurs prisonniers, Pierre Dorangeon, seize ans, apprenti-ajusteur, et Robert Paupy, un ouvrier agricole de vingt ans, de s’en charger. Lorsqu’ils eurent fini, quatre SS s’avancèrent et fusillèrent presque à bout portant Daniel Ormancey.
Dans les heures qui suivirent, les SS firent d’autres victimes à Sainte-Savine :
Victor Righetti et son épouse Rose, née Ludot, furent abattus à quelques mètres de leur domicile, 7, impasse Paul-Doumer.
Paul Dubois, demeurant 5, rue du Commandant-Guilbaud, regagnait sa demeure vers 20 heures lorsqu’il fut interpellé par des SS et tué d’une rafale de pistolet-mitrailleur alors qu’il s’apprêtait à leur présenter ses papiers d’identité.
Serge Rouillon, apprenti boulanger, rentrait chez lui 64, rue La Fontaine après sa journée de travail mais, en passant derrière le parc de Chanteloup, il fut fauché par une rafale de mitrailleuse.
Daniel Ormancey fut déclaré « Mort pour la France » et homologué au titre des FFI. Une stèle fut érigée à sa mémoire sur les lieux de son supplice, dans le parc de Chanteloup à Sainte-Savine. Une rue y porte son nom. La médaille de la résistance lui fut attribuée à titre posthume en janvier 1959. Walter Jöckel fut condamné à cinq ans de prison pour le massacre de Buchères et mourut dans son lit en 1992. Otto Beissel ne fut aucunement inquiété et fit une carrière de cadre supérieur dans une banque de Francfort sur le Main.
Son nom figure sur le monument aux morts de Les-Noës-près-Troyes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article242631, notice ORMANCEY Daniel, Marcel, Lucien, Louis par Jean-Pierre Ravery, version mise en ligne le 19 septembre 2021, dernière modification le 23 septembre 2021.

Par Jean-Pierre Ravery

ICONOGRAPHIE : Roger Bruge, 1944, Le temps des massacres, Les crimes de la Gestapo et de la 51e Brigade SS, Albin Michel, 1994

SOURCES : SHD Vincennes GR 16 P 451364 — AVCC Caen AC 21 P 653706. — Arch. Dép. Aube, Recensement de population 1931, Noës-près-Troyes (Les), p. 8 — Mémorial GenWeb. — Roger Bruge, 1944, Le temps des massacres, Les crimes de la Gestapo et de la 51e Brigade SS, Albin Michel, 1994. — Ordre de la libération. — Feldgrau.com. — Geneanet — État-civil de Troyes.

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