ELOIRE Pierre

Par Axelle Brodiez

Né le 30 mars 1919 à Beaurepaire (Isère), mort le 2 février 2005 à Montreuil (Seine-Saint-Denis) ; ouvrier agricole ; secrétaire général du Secours populaire français puis collaborateur permanent du comité central du PCF.

Pierre Eloire est issu du monde rural. Son père, petit agriculteur (brodeur sur l’acte de naissance), milita à la SFIO jusqu’en 1932 puis devint communiste. Lui-même baigna ainsi dès son enfance dans un milieu militant, lisant très jeune l’Humanité, La Voix paysanne, l’Avant-garde et divers ouvrages de Lénine et de Marx. Il se souvient avoir collé sur le chemin de l’école, lors des élections législatives de 1932, des papillons « Les soviets partout », ainsi que des répercussions de février 1934 dans son village.

Titulaire du brevet élémentaire, de famille trop pauvre pour poursuivre le cursus, Pierre Eloire devint ouvrier agricole. Il adhéra à la Jeunesse communiste en 1936 et fut l’année suivante délégué au congrès national. En 1937, il participa au congrès constitutif de l’Union des Jeunesses Agricoles de France et fut élu membre du comité national. Il développa ce mouvement dans la Drôme et l’Ardèche. Après avoir adhéré dès ses dix-huit ans au PCF, il fut élu en 1938 membre du comité fédéral Drôme-Ardèche.

Mobilisé en novembre 1939, Pierre Eloire fut fait prisonnier dans la Somme (7 juin 1940) et passa la guerre en Prusse orientale. Il poursuivit au Stalag IB et dans divers kommandos le travail de propagande, combattant la politique de collaboration et transmettant les informations obtenues clandestinement par l’écoute de Radio-Moscou. De janvier à mars 1945, il échappa au contrôle de l’armée allemande et s’employa, selon ses dires, à calmer l’impatience du retour. Il fut libéré par l’Armée rouge et rentra en France début juillet 1945.

Pierre Eloire reprit immédiatement contact avec la fédération de la Drôme du PCF qui le chargea de reconstituer le Secours populaire français. Dès 1946, il fut appelé auprès de la direction nationale de l’association, en devint instructeur-propagandiste puis, lors du congrès de 1948, secrétaire national. Il participa notamment aux campagnes anticolonialistes de solidarité au Maghreb, à l’Afrique noire, à Madagascar et au Vietnam. En novembre 1946, Pierre Eloire fut parallèlement chargé par le PCF de porter la contradiction à Edouard Daladier dans le Vaucluse lors de la campagne des législatives. Il s’acquitta de cette mission avec succès : « Cette campagne a été un grand moment dans ma formation de militant ». Début 1948, Pierre Eloire suivit les cours de l’école centrale paysanne puis, à l’automne de la même année, ceux de l’école centrale de quatre mois. Il fut en avril 1949 délégué au premier congrès mondial des Partisans de la Paix. Atteint de tuberculose, il dut faire un premier séjour en sanatorium d’octobre 1950 à mai 1951. Pierre Eloire remplaça ensuite André Ménétrier* au poste de secrétaire général du Secours populaire. Tout d’abord officieusement (mars 1952-mai 1953), officiellement ensuite (mai 1953-mars 1955). A cause d’une rechute, il fut remplacé à cette fonction au cours d’un second séjour en sanatorium (décembre 1954-septembre 1955). Pierre Eloire resta cependant vice-président du Secours populaire (1955-1959), puis membre du comité national (1959-1969). En octobre 1956, un article dans La Défense, de soutien aux soldats refusant de partir en Algérie le fit condamner pour provocation de militaires à la désobéissance. Il fut parallèlement l’un des dix secrétaires du Comité national pour la Solution pacifique des problèmes en Afrique du Nord, dont la brochure La vérité sur l’Algérie lui valut une autre poursuite pour atteinte à l’intégrité du territoire. Il effectua d’août 1958 à mai 1959 un troisième séjour en sanatorium et dut subir une exérèse pulmonaire.

À sa sortie, Pierre Eloire devint collaborateur permanent du comité central du PCF dans le secteur propagande et fut responsable des journaux de cellule (1960). Il devint dans les années 1970 responsable des fêtes et initiatives publiques du parti, représenta durant la décennie suivante le secteur propagande à la commission nationale des retraités, participant à la création de son journal Plein temps. En tant que collaborateur permanent du comité central, Pierre Eloire effectua de nombreux déplacements dans les fédérations et participa à nombre de campagnes électorales. Il coopéra successivement avec Jacques Duclos, dont il était très proche, Lucien Mathey*, René Piquet*, Pierre Juquin*, Charles Fiterman*, Pierre Zarka, Pierre Blotin et Jean-François Gau.

Durant les années 1970, Pierre Eloire accompagnait en outre chaque été les dirigeants du PCUS désignés pour passer leurs vacances en France. Il effectua lui-même de nombreux séjours en URSS. Ceci le conduisit, de son propre aveu, à un regard plus critique sur la réalité soviétique, tout en restant très attaché au parti des années 1950.

À la retraite, Pierre Eloire continua de militer à plein-temps au siège du comité central au département de la communication, participa à la commission nationale des retraités et à la commission nationale de diffusion de l’Humanité. Il ne mit un terme à ce bénévolat qu’en septembre 1997.

Pierre Eloire s’était marié en avril 1947 à Aureilhan (Hautes-Pyrénées) avec Raymonde Feigna. il était père de deux enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24295, notice ELOIRE Pierre par Axelle Brodiez, version mise en ligne le 17 janvier 2009, dernière modification le 16 décembre 2018.

Par Axelle Brodiez

SOURCES : Arch. du Secours populaire. — RGASPI, Moscou, 495 270 4399 (autobiographies du 11 mars 1938 et du 28 octobre 1938), 517 1 1887. — Entretiens avec Pierre Éloire. — État civil de Beaurepaire.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable