Par Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier
Née le 10 avril 1909 à Montboyer (Charente), morte le 12 décembre 2006 à Grasse (Alpes-Maritimes) ; femme de chambre ; secrétaire de la Chambre syndicale des employés gens de maison ; militante communiste ; résistante à Paris.
Fille d’un charpentier, domiciliée à Paris, dans le XIXe arr. puis dans le Xe arr., célibataire, Émery Suzanne, bonne à tout faire puis femme de chambre, adhéra au Parti communiste en 1934. Elle était en 1937 secrétaire, en qualité de permanente, de la Chambre syndicale des employés gens de maison. Elle était assistée de Albert Cléret, secrétaire adjoint ; Georges Ricaud, trésorier ; Jean Hérault, archiviste ; Eugène Bourinet, archiviste. Lors du renouvellement du bureau syndical, courant 1937, Suzanne Émery était maintenue dans ses fonctions de secrétaire ; Eugène Bourinet était secrétaire adjoint ; Andrée Thomas, trésorière ; Ferdinand Seille, trésorier adjoint.
Suzanne Emery suivit en 1938 l’école centrale des femmes communistes et fut classée 6e avec une évaluation qui mettait l’accent sur ses capacités : « Avait participé à une école régionale. A suivi d’une façon satisfaisante. Était secrétaire de l’école et n’a pas pu acquérir l’autorité nécessaire sur les élèves, cela provient de son caractère un peu susceptible. À part cela très sérieuse et capable. Culture générale faible, mais volonté d’apprendre, suit [des] cours [de] français à l’U[niversité] O[uvrière]. À suivre et aider par la région [Paris-Ville] ». André Carsnel la citait parmi les « meilleures, aptes à un travail de direction régionale ».
En 1939, Suzanne Émery assumait de nouveau la charge du secrétariat de la Chambre syndicale dont Charles Cousinat était le trésorier ; Maria Joli, la secrétaire adjointe ; Alice Boucher, la trésorière adjointe ; Marie Daugé, l’archiviste. La Chambre syndicale constituée le 1er octobre 1936, était affiliée à la Fédération de l’Alimentation, à l’Union des syndicats ouvriers de la région parisienne et à la CGT. Elle publiait L’Éveil des gens de maison qui paraissait mensuellement. En 1937, la Chambre syndicale comptait 1 600 membres.
Avant guerre, elle était secrétaire d’une section communiste de Paris-ville, membre du comité régional. Après la dissolution du Parti communiste, son domicile fut perquisitionné le 27 septembre 1939. Elle participa à sa reconstitution clandestine puis à la Résistance sous divers pseudonymes (Marguerite, Huguette). Selon un document de 1945, elle aurait été successivement technique puis politique d’une section femmes puis technique d’un comité populaire enfin interrégionale politique femmes. Elle fut arrêtée le 16 février 1942, dans le cadre de l’affaire Pican puis écrouée à la Roquette. Lorsqu’elle fut arrêtée, elle venait d’être désignée comme responsable de la propagande parmi les jeunes et elle avait sur elle un rapport contenant l’activité du mouvement des femmes dans la Nièvre, l’Indre et le Loir-et-Cher. Elle s’évada en 1944.
À la Libération, elle était membre du comité régional de Paris-ville.
Décédée à Grasse en décembre 2006, Suzanne Émery fut inhumée dans sa commune natale.
Par Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier
SOURCES : Arch. PPo. 320 ; BA 2447, carton 3 activités communistes 1940-1944. — RGASPI, 546/7/1888, 517/1/1887 — SHD Vincennes, GR 16 P 209293 (nc). — SHD Caen, AC 21 P 641466 (nc). — État civil de Montboyer. — Notes de Jean-Pierre Ravery.