CHAPNIK Jacques, Yehouda

Par Marie-Cécile Bouju

Né le 8 mai 1898 à Kiev (Russie), mort en 1976 ; typographe puis maître imprimeur, résistant.

Les parents de Jacques Chapnik, Isaac Chapnik, né en Pologne, et de Rachel Soldine, née en Russie, vivaient en Pologne, à Czenstochowa. Le couple eut sept enfants. Quatre au moins choisirent de s’exiler, trois en France (dont Jacques, née Yehouda) et un en Palestine. Jacques Chapnik a été fait prisonnier civil par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale. Puis il arriva en France le 9 décembre 1919 ; il a sans doute rejoint ses deux frères, Israël, tailleur et Lazare menuisier.
Jacques Chapnik a obtenu la nationalité française en 1929.
En 1922, Chapnik fonda d’abord avec Alexandre Kerenski puis d’autres associés (Simon Kurt, Raja Judkowski, Charles Polivoda, Lazare Rauzen), une imprimerie nommée Société nouvelle d’imprimerie et d’édition (32 rue Ménilmontant, Paris, XXe arr.). Chapnik et Lazare Rauzen en étaient les gérants. L’entreprise était spécialisée dans l’impression de travaux en langues étrangères : hébreu, polonais, russe, tchèque. Elle imprimait de nombreuses publications politiques, en plusieurs langues.
Pendant la drôle de guerre, du 22 mars au 10 juillet 1940, Chapnik fut mobilisé.
En mars 1941, l’imprimerie fut aryanisée, et donc placée sous la gestion du Commissariat générale aux questions juives. Elle fut fictivement vendue à des voisins Suzanne et Georges Bougeault. Avant l’aryanisation de l’entreprise, Jacques Chapnik fut sollicité par Adam Rayski pour imprimer les premiers numéros de la presse clandestine de groupes communistes Juifs (MOI, Solidarité) : Noïe Presse et Notre Voix/ Parole. Il imprima également des tracts clandestins et l’Humanité. Cette activité clandestine s’interrompit fin 1941. Menacée (elle est dénoncée plusieurs fois pour détention de TSF), la famille Chapnik se réfugia dans l’Aveyron.
Après la guerre, Chapnik put récupérer sans difficulté son entreprise, et en particulier son matériel d’impression et en particulier ses caractères latins et non latins. Il embaucha plusieurs anciens déportés. La maison imprima toujours des publications en yiddish mais aussi des publications militantes en français.
Jacques Chapnik rejoignit l’imprimerie fondée par son fils Henri, les Editions polygottes, probablement vers 1960, à l’arrêt de la Société nouvelle d’imprimerie et d’édition.
Jacques Chapnik avait épousé Rachel Perfoff (née en 1900), couturière, le 24 juillet 1920 à Aulnay-sous-Bois le 24 juillet 1920.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article243339, notice CHAPNIK Jacques, Yehouda par Marie-Cécile Bouju, version mise en ligne le 25 octobre 2021, dernière modification le 25 août 2022.

Par Marie-Cécile Bouju

SOURCES : AN AJ38 2332 (7895) et dossier naturalisation BB11 12410 (25324X29). – Jacques Chapnik. D’un lointain passé : mémoires. Trad. yiddish par Henri Chapnik. Paris : Editions polyglottes, 1978. – Nicole Perez « Une imprimerie juive à travers un siècle », conférence, Fondation Harissa [en ligne]. – Des machines de l’imprimerie ont été données à l’Atelier-Musée de l’Imprimerie Malesherbes, où se trouve une salle dédiée à la maison Chapnik. Des collections de caractères hébreux ont été données au Mémorial de la Shoah et à la Maison de la culture Yiddish à Paris.

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