COURMONT Emile, Edouard. Pseudonyme : Denyse

Par Marie-Cécile Bouju

Né le 18 juillet 1886 à Paris (IIe arr.), mort le 31 août 1963 à Créteil (Val-de-Marne), lithographe puis maître photograveur, résistant.

Emile Edouard Courmont est devenu lithographe, comme son père Edouard Joseph (née vers 1861), son oncle Eugène Pierre (né vers 1863), son grand-père Emile Joseph (né en 1836) et son grand-oncle Carlos Joseph (né en 1827). Carlos J. Courmont avait fondé une imprimerie lithographique à Roubaix de 1856 à 1865. Emile J. Courmont fonda également sa propre entreprise à Comines en 1862. La mère d’Emile Edouard, Marie Anne Nennig, était brocheuse en 1886.
La famille Courmont, originaire du Nord, s’est installée à Paris au milieu des années 1860. Carlos J. et Emile J. Courmont fondèrent (en 1876 ?) une entreprise à Paris « Courmont Frères » (75 rue Vieille-du-Temple, Paris), réputée pour ses travaux publicitaires. Mais l’industrie lithographique se portait mal et la maison Courmont Frères connut des difficultés et se transforma vers 1902,devenant Tissier & Courmont. Elle semble ne plus exister à partir de 1918. En 1910, Emile J. était rentier, Edouard. J. travaillait toujours comme lithographe et Eugène P. était représentant de commerce. Par la suite Eugène P. Courmont devint le directeur de la Société d’impression sur métaux à Rouen et publia au moins quatre ouvrages techniques de 1916 à 1947.
Emile E. Courmont a suivi une formation de lithographe à l’école Estienne à Paris, de 1899 à février 1903, interrompant sa scolarité, avant d’obtenir son diplôme (ces abandons étaient banals à l’époque). Il avait le brevet élémentaire. Son cousin, Carlos (né en 1888), suivit la même scolarité en impression lithographique, mais n’y resta qu’un an, de 1901 à 1902.
Nous n’avons pas retrouvé trace de son registre matricule. Il a déclaré à M. Granet en 1958 qu’il était un ancien combattant de la guerre 1914-1918.
Le nom de Courmont réapparait dans la profession dans les années 1930. La maison Courmont, installée au 156 rue Saint-Denis à Paris (IIe arrondissement) dans le quartier de la presse, est spécialisée dans la photogravure. Sa réputation est bonne. Elle est dirigée ou codirigée par Emile Edouard Courmont. Ce dernier était membre de la Chambre syndicale de la photogravure et de la clicherie-galvanoplastie (son nom figure dans l’annuaire du syndicat en 1937).
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’entreprise Courmont rue Saint-Denis était toujours en activité. Elle employait entre dix et vingt personnes. Courmont s’engagea dans la résistance, d’abord et surtout par patriotisme et germanophobie. Politiquement, Courmont était très proche de l’extrême-droite et exprimait sans réserve ses sentiments xénophobes et antisémites (voir le témoignage d’Adolfo Kaminsky). Etait-il parent de Henri Emile Courmont, imprimeur et camelot du Roi ? Dans un premier temps, Emile E. Courmont fabriqua des faux papiers à la demande de la maison Bouzard, fournisseur de matériels d’impression (Paris, XIIe arr.). A la fin 1942 ou début 1943, il fut contacté par Philippe Viannay. A partir de février 1943, il réalisa les clichés pour les faux papiers de Défense de la France ; il travailla également pour Libération, Combat et les FTP. En juin 1944, il préféra arrêter cette activité clandestine pour des raisons de sécurité (il se disait se méfier de ses propres ouvriers). Il accepta cependant de former Adolfo Kaminsky à la photogravure en juin 1944 – par prudence, Kaminsky lui cacha qu’il était juif.
A la libération, le patronat a tenté d’organiser l’épuration des industries graphiques sans l’intervention des autorités. Au nom de l’Office professionnel du livre, une commission professionnelle d’épuration fut constituée mais, faute de légitimité, rapidement supprimée et remplacée. Emile E. Courmont y représentait les patrons photograveurs et clicheurs.
En 1958, il se présentait encore comme photograveur. Il habitait au 6 impasse Rideau à La Varenne (Val-de-Marne).
Emile Edouard Courmont a été décoré de la médaille de la résistance en 1947.
Emile E. Courmont a épousé Caroline Germain le 28 octobre 1910 à Paris (Xe arr.). Le couple eut au moins un fils, Paul ou Pierre Emile, né en 1911 qui devint héliograveur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article243420, notice COURMONT Emile, Edouard. Pseudonyme : Denyse par Marie-Cécile Bouju, version mise en ligne le 30 octobre 2021, dernière modification le 2 novembre 2021.

Par Marie-Cécile Bouju

SOURCES : Dictionnaire des imprimeurs-lithographes du XIXe siècle, Ecole nationale des Chartes [en ligne]. – Arch. Paris acte naiss. n°886 V4E 5443 [en ligne] et registre des élèves de l’école Estienne. – Arch. Nat. F12 8510 et entretien avec Marie Granet, 1958, 4 p. AJ72 50 pièce 4 [en ligne]. –Adolfo Kaminsky. Le Faussaire, Calmann-Levy, 2019, p. 80-83 (Courmont est décrit sous le nom de Goumard).

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