JARLAN André, Joachim

Par Andre Delestre

Né le 25 mai 1941 à Rignac (Aveyron), mort le 4 septembre 1984 à Santiago (Chili) ; prêtre ; aumônier d’Action catholique ; JOC ; ACO ; assassiné par la junte militaire.

Entré au séminaire à Saint-Pierre à Rodez dès l’âge de douze ans, André Jarlan choisit la Martinique pour son service militaire. Il fit le voyage pour aider les populations locales, il dût se contenter de garder les enfants des officiers. Ordonné prêtre le 16 juin 1968 à Rodez,il fut nommé vicaire de la paroisse d’Aubin et devint aumônier diocésain de la Jeunesse Ouvrière Catholique (JOC) et de l’Action Catholique Ouvrière (ACO). En février 1983, après avoir étudié l’espagnol à l’Université catholique de Louvain (Belgique), il arriva à la paroisse de la Victoria à Santiago du Chili, qu’il dessert aux côtés de son compatriote Pierre Dubois, prêtre également. Leurs actions auprès des plus pauvres, persécutés et martyrisés, leurs valurent, à plusieurs reprises, des menaces de mort par la junte militaire.
Lors de l’action nationale de protestation des 4 et 5 septembre 1984, à l’appel de l’opposition à Pinochet, la police entra dans la poblacione la Victoria emblématiquement reconnue comme un bastion de la résistance au régime militaire où le peuple a dressé des barricades, lançant des cocktails Molotov et déclenchant des incendies. Une balle perça le mur de bois du presbytère de la paroisse et frappa au cou André Jarlan pendant qu’il lisait la Bible, le tuant aussitôt. Le témoignage de Bernard Mathieu, romancier et journaliste paru dans Libération du 19 novembre 1998 démontre l’intention de tuer par les policiers.
Le lendemain, son cercueil fut déposé par les habitants de la Victoria à la cathédrale métropolitaine de Santiago. Son corps, rapatrié en France le 8 septembre, fut accompagné, selon le témoignage de Pierre Dubois, par des milliers de personnes jusqu’à l’aéroport international Pudahuel de Santiago. Il fut enterré dans le cimetière de son village natal le 11 septembre 1984.
Sept ans plus tard, le policier suspecté d’avoir abattu André Jarlan bénéficia d’un non-lieu. En 1991, il a été inscrit par la Commission nationale vérité et réconciliation dans son rapport sur les violations des droits de l’homme commis pendant la dictature militaire. De nombreux témoignages reçus et cohérents, rendent compte d’une action policière disproportionnée, car il n’y avait aucune justification à l’utilisation des armes à feu à ce moment et en présence d’une forte densité de population. Les preuves présentées à cette commission ont formé la conviction qu’André Jarlan a été victime d’une violation des droits de l’homme commise par des agents du gouvernement ayant fait un usage excessif de la force (Rapport de la Commission Nationale Vérité et Réconciliation).
Tenu en haute estime par les habitants du quartier de La Victoria, André Jarlan fut considéré comme un symbole de tous ceux tués durant la dictature Pinochet. Dans le quartier, un grand nombre de peintures murales reproduisirent son portrait. Chaque année, une semaine de célébrations lui rend hommage. De nombreux enfants des poblaciones furent prénommés André.
Il donna son nom à un parc de la commune de Pedro Aguirre Cerda (Chili) où se situe le quartier la Victoria, de même pour un espace culturel dans son village natal à Rignac, une rue proche de la cathédrale d’Evry (Essonne), une place à Combs-la-Ville (Essonne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article243518, notice JARLAN André, Joachim par Andre Delestre, version mise en ligne le 4 novembre 2021, dernière modification le 10 décembre 2021.

Par Andre Delestre

SOURCES : Témoignage d’André Jarlan par Pierre Dubois (1994), Biographie de Jean-Marie Leuwers, André Jarlan, toujours vivant aux Editions ouvrières, éditions du Rouergue. — Wikipédia, les journaux ’Humanité, La Croix, témoignage de Bernard Mathieu, romancier et journaliste dans Libération du 19 novembre 1998.

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