BÉRENGER Marius, Fortuné

Par Jean-Marie Guillon

Né le 12 mars 1880 à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), tué le 4 août 1944 à Annonay (Ardèche) ; victime civile.

Marius Bérenger était le fils de Charles Bérenger, barbier, et Zoé Salard, ménagère, et s’était marié avec Claudine Soulier le 8 juin 1901 à La Ricamarie (Loire). D’après Louis-Frédéric Ducros, il résidait à Marseille (Bouches-du-Rhône).
On ne sait dans quelles circonstances il fut arrêté, ni s’il appartenait à une organisation de Résistance. Il fit partie d’un convoi de soixante-et-onze prisonniers (69 à 72 selon les sources) dont une trentaine de juifs et trois femmes, extraits de la prison des Baumettes le 1er août 1944. Parti de Marseille le 1er au soir, le train arriva enfin au Teil (Ardèche) le 3, après avoir emprunté les voies de la rive droite du Rhône, pour éviter les fréquents bombardements alliés sur l’autre rive . Avertie, la Résistance ardéchoise décida d’attaquer le train et de délivrer les prisonniers. Le train s’arrêta à Peyraud (Ardèche) le soir mais la présence d’un train blindé allemand interdisait l’attaque. Il fut décidé de le dérouter sur Annonay qui était contrôlée en sous-main par la Résistance (alors que les autorités fidèles à Vichy avaient été rétablies à la tête de la ville ), ce qui fut fait grâce à des cheminots de la CGT clandestine et à l’audace du corps franc Gerelli du secteur A de l’Armée Secrète, qui plaça l’un de ses hommes (Louis Chevalier) dans la locomotive de traction.
Arrivé en gare d’Annonay vers quatre heures du matin le 4, il fut aussitôt attaqué par les groupes francs de l’Armée secrète (AS) du secteur, renforcés par des éléments du commando Louise, composé d’Américains parachutés peu avant à Devesset (Ardèche) équipés de bazookas. Les douze soldats allemands qui gardaient les prisonniers se servirent d’eux comme protection en les plaçant contre les vitres ; l‘échange de coups de feu se termina vers huit heures par la reddition des Allemands. Ils avaient trois blessés dont l’un grièvement, mais trois prisonniers avaient été tués dont Marius Bérenger, avec Isaac Schwartz de Toulon (Var) et Jacques Bernard notaire à Villes-sur-Auzon (Vaucluse).
Une stèle a été érigée sur la place de l’ancienne gare d’Annonay pour rappeler cet événement qui constitue l’un des exploits les plus remarquables de la Résistance française. La stèle porte l’inscription suivante :
“Ici, en gare d’Annonay, le 4 août 1944, les FFI ont libéré 70 prisonniers politiques. Au cours du combat sont morts pour la France Bérenger Marius,
Bernard Jacques, Schwartz Isaac.”

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article243573, notice BÉRENGER Marius, Fortuné par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 6 novembre 2021, dernière modification le 12 mai 2022.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCES : Mémoire des Hommes SHD Caen DAVCC 21 P 311846 (nc). —Louis-Frédéric Ducros, Montagnes ardéchoises dans la guerre, tome III, Romans, 1981, p. 266-268. — ANACR, Mémorial de la Résistance en Ardèche, Le Teil, 1994, p. 99. — état civil.
Sources complémentaires : Mémorial de l’oppression, Arch. Dép. du Rhône, 3808W, Annonay 142-149. - Adolphe Demontès, L’Ardèche martyre, imp. Mazel, Largentière, 1946 (P. 219). — Anne Boudon, Des grenades sous le plancher, carnets de La Vanaude, 2001 (p.207-224). —Fonds du Musée de la résistance et de la Déportation en Ardèche, Arch. Dép. de l’Ardèche, 70J. — Joseph Chatagner, La libération d’Annonay et de sa région , tapuscrit, 1946. —CD-Rom AERI (coord. Raoul Galataud), La Résistance en Ardèche, 2004. — Aimé Duranton, FTP 7104 et 7113 èmes Cies, commando 13 de la 13e demi-brigade de la légion étrangère, tapuscrit, 66p., sd. — André Grenier, Résistant puis insurgé, souvenirs d’un FFI 1935-1945. — Pierre Bonnaud, La République d’Annonay, cahier MATP N°122, 2014. — Pierre Bonnaud, L’Ardèche dans la Guerre 1939-1945, De Borée, 20017. -– Notes et compléments : Pierre Bonnaud.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable