LINARD James, Louis, alias L’Aigle

Par Annie Pennetier

Né le 28 janvier 1887 à Cognac (Charente), mort suite de tortures reçues à Angers (Maine-et-Loire) le 22 septembre 1944 à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis) ; cheminot ; résistant FFC.

James Linard était le fils de Louis Linard, menuisier et de Georgette Girerd. Après une formation d’électricien, il s’engagea à 18 ans dans la Marine puis en 1910, entra aux chemins de fer de l’État en qualité d’homme d’équipe au Mans (Sarthe). Il se maria le 5 février 1912 avec Élise Brée à Ruffigné (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) commune située au nord de Châteaubriant et limitrophe au département d’Ille-et-Vilaine. Mobilisé en 1914, il était alors père d’un garçon. Il retrouva son emploi en région parisienne en 1919. Domicilié 7 Impasse Gaillon à Viroflay ( Yvelines), il travaillait comme contrôleur technique principal à la SNCF. En 1942, âgé de 55 ans, il fit valoir ses droits à la retraite et le couple s’installa à Ruffigné.
Fort de son expérience de résistant cheminot au sein du réseau Libé-nord dans le groupe Action Vengeance, sous le pseudonyme de L’Aigle, à la fin de l’année 1942, il constitua à Ruffigné un groupe de résistants rattaché au mouvement Vengeance dont il en devint le chef. Le secteur comptait de nombreux résistants en liaison avec le réseau Oscar-Buckmaster. Plusieurs parachutages réalisés par la Royal Air Force à l’automne 1943 permirent l’armement de ces groupes fédérés dans l’Armée secrète. James Linard était le responsable des parachutages dans le cadre du Bureau des Opérations Aériennes (BOA). Les arrestations massives de résistants commencèrent le 30 novembre, James Linard y échappa mais le 24 janvier 1944 il fut arrêté dans le cadre d’une centaine d’arrestations des membres de l’Armée secrète dans le département dont le chef le général Audibert.
Transféré à la prison allemande d’Angers, James Linard y fut torturé à de nombreuses reprises. Condamné à la déportation, il fut interné au camp de Royallieu à Compiègne où il survécut grâce aux soins d’un soldat d’origine russe qui réussit à le faire sortir du camp sur une civière avec l’aide de sa soeur. Il mourut au domicile de celle-ci à Aubervilliers le 22 septembre 1944.
Reconnu Mort pour la France le 21 février 1946, il a été homologué interné résistant (DIR), au sein du réseau Turma-Vengeance, membre des Forces françaises combattantes. Il a été décoré de la Médaille de la Résistance le 25 janvier 1967, JO du 10 février 1967.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Ruffigné, sur la plaque SNCF de « la Folie-la Garenne » et dans la cour du dépôt des ateliers de Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine), Ets EMT de Saint-Lazare 19 rue d’Amsterdam à Paris. A Viroflay, à la demande des cheminots le conseil municipal réuni le 12 janvier 1945 attribua à l’impasse Gaillon le nom de rue James-Linard.
Son fils James Linard (né le 5 décembre 1912 au Mans) électricien, était réfugié à Ruffigné. Résistant, recherché depuis le 2 mars 1943, il fut arrêté au cours d’une mission puis condamné à mort le 25 février 1944. Il réussit à s’évader lors de son transfert. Il participa au maquis de Saffré. Engagé dans l’armée au grade de lieutenant , il combattit sur le front de la poche de Saint-Nazaire où il fut grièvement blessé au visage.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article243585, notice LINARD James, Louis, alias L'Aigle par Annie Pennetier, version mise en ligne le 27 novembre 2021, dernière modification le 6 février 2022.

Par Annie Pennetier

SOURCES : AVCC, Caen, 21P 564798. — SHD, Vincennes, GR 16P 373190 (nc). — Carlos Fernandez, Mémorial Loire-Atlantique, Rail et mémoire . — Dir. Thomas Fontaine, Cheminots victimes de la répression 1940-1945, biographie de Véronique Desormeaux et Hervé Barthélémy, Perrin/SNCF, 2017.— Étienne Gasche, Saffré, 28 juin 1944 : la mémoire des maquisards, 2012. — Mémoire des hommes.

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