SAVARY André, Marie

Par Jean Maitron, Jacques Grandjonc

Né le 16 janvier 1810 à Angers (Maine-et-Loire) ; cordonnier, puis employé de la Compagnie du gaz ; communiste de tendance néo-babouviste

André Savary fut ouvrier cordonnier à Paris dès 1830. En 1832, il participa aux activités de la Société des droits de l’Homme, puis devint responsable d’une section et, à ce titre, prit part en 1833 avec Napoléon Lebon à la rébellion contre le comité directeur secret désigné en août mais aussitôt remis en cause, en partie à la suite de l’incarcération de son principal animateur, François Raspail, dont la présence facilitait l’équilibre. Un nouveau comité élu en novembre s’appuyait davantage sur l’aile gauche néo-babouviste, mais il fut en partie démantelé par l’arrestation des animateurs du Comité de propagande chez Lebon, le 8 décembre. Savary semble avoir partagé les activités de cette mouvance.
L’autorité de Savary paraît s’être accrue au point qu’il fut désigné en avril 1835, par les accusés des journées insurrectionnelles d’avril 1834, au nombre de leurs défenseurs, seul et unique « ouvrier », parmi la centaine de personnalités de la démocratie européenne ainsi réunies. Il comparut devant la Chambre des pairs le 30 mai 1835, au procès des défenseurs et, en tant que cordonnier, il y suscita une « vive curiosité », remarquée par la presse. L’incongruité de sa présence fut cependant partagée par celle d’une femme « habillée en homme pour déjouer la consigne qui a fermé aux dames l’entrée de la nouvelle salle » : il s’agissait de [George Sand-<24358]...

Lors de son mariage le 27 octobre 1836, il habitait 19 rue du Cherche-Midi (XIe arr. ancien, actuel VIe) et en 1839, il entra comme employé à la Compagnie du gaz.

Après avoir collaboré au Bon Sens, il préconisait dès 1838, dans le Journal du peuple, un égalitarisme économique radical.

Le 20 août 1840, Savary écrivit un longue lettre à Étienne Cabet à propos de la 59e livraison de l’Histoire populaire de la Révolution française pour protester au sujet de la façon dont l’auteur parlait de Gracchus Babeuf et le sens injurieux qu’il semblait donner au mot « babouviste », dont il qualifiait ceux qui se référaient aux Égaux. Savary, à la fin de sa lettre précisait, pour excuser une « plume malhabile », qu’il n’était pas « un littérateur, mais un prolétaire ». Cabet, qui évoqua cette correspondance à plusieurs reprises, notamment en novembre 1840 (« un jeune homme, un ouvrier, peut avoir du génie et se trouver capable de mieux juger : mais il est impossible que l’un et l’autre aient l’expérience et l’instruction que l’âge et l’étude seuls peuvent donner »), le citait en 1842 parmi les membres de l’école de Charles Teste* qu’il combattait vivement. Lorsqu’il écrivit cette lettre, Savary habitait 265 rue Saint-Jacques (XIIe arr. ancien, actuel Ve).

En relations avec Richard Lahautière et Théodore Dezamy, sans doute depuis plusieurs années, il fit partie, en 1841, des fondateurs et collaborateurs de La Fraternité, de même que, quelques années plus tard, il fut l’un des éditeurs de La Fraternité de 1845, organe du communisme. « Ses articles tentent de convaincre que la vie en communauté est conforme à la loi du développement. »

En 1848, André Savary fit fonction d’adjoint à la mairie du XIIe arrondissement ancien (262 rue Saint-Jacques) du début mars au 15 mai ; en avril, il fut choisi par les délégués des clubs populaires pour figurer sur la liste des candidats socialistes et communistes aux élections législatives. À la Constituante dans la Seine, il obtint, le 23 avril 1848, 63 345 voix, un peu moins que Barbès (64 000), mais plus que Raspail (52 000) et que Pierre Leroux (47 000). Il faisait donc bonne figure parmi les battus du suffrage universel.
Contrairement à ce qu’affirma Martin Nadaud (Mémoires de Léonard...), il fut aussi battu en 1849. À cette date, la police le considérait comme un dangereux révolutionnaire.
La République (de Paris) du 20 avril 1851 publie un article de lui
sur une association d’ouvriers tailleurs, nommée La Réciprocité. Cet
article est cité par Proudhon dans la troisième étude de l’Idée
générale de la Révolution au XIXe siècle page 11 de l’édition
Wikisource. Il signe "Savary, employé au gaz, ancien ouvrier cordonnier", et Proudhon parle de lui comme d’un "ancien communiste".

Les républicains égalitaires et les communistes de toutes les écoles, à l’exclusion des communistes icariens, pour Paris et pour la province, peuvent être retrouvés à l’aide des listes (non remaniées depuis 1966) qui suivent.

Pour Paris : Allard Jules, André*, Audouin*, Ballay A.*, Baquin*, Barjavel*, Melchior Barre, Bastel*, Belguise E.*, Ber, Tell Bescher*, Bickel*, Binet*, Antoine Boggio*, Victor Boireau*, Boivin*, Bonnefond J.-B.*, Bonnet J.*, Borel A.*, Borel Ch.*, Boudin*, Bouge J.*, Boussaton*, Brandt*, Brige*, Brun*, Castagné*, Celliez H.*, Chabanne*, Champion*, Chaubard*, Chaveau Ch.*, Chauveau G.*, Choron E.*, Coffineau J.*, Considère (femme)*, Considère Cl.*, Constant A.*, Crouzet*, Darmès M.*, David*, Deganne*, Denis*, Derlot*, Didier R.*, Dorgales*, Duclos V.*, Dugas Fl.*, Dufour L.*, Dumesnil*, Dutertre*, Dutilloy*, Fombertaux*, Fontan, Francard P.*, Gautier*, Gay J.*, Gibon F.*, Girard F.*, Grouvelle L.*, Guéret L.*, Guichard*, Guillaud*, Homberg*, Dr Hubert*, Humbert*, Javelot J.-L.*, Joanini*, Lafond*, Lambrun*, Launois P.*, Lebon N.*, Lecompte P.*, Lecourtois, Lefol*, Lefuel*, Legallois A.*, Leroux*, Lionne*, Loygne*, Maistrasse A.*, Mallet E.*, Mallet N.*, Marchand*, May J.-J.*, Michalon*, Migne*, Milon*, Veuve Morey*, Morey P.*, Moulin*, Moustache E.*, Narcy*, Navare*, Navel*, Page*, Pagès E.*, Périès A.*, Pierret*, Pillot J.-J.*, Pinault, Place*, Plagniol E.*, Pornin B.*, Pouvret*, Quénisset F.*, Queyras*, Quintal*, Racarie L.*, Raisant A.*, Rebouil*, Renaudin J.-B.*, Rosier*, Rosier J.*, Rozier*, Seguela*, Simard*, Seigneurgens Z.*, Siriot*, Stévenot E.*, Tavernier*, Teste Ch.*, Vellicus A.*, Vigny*, Vilcoq*, Voignier*, Voinier, Voisin*, Wolff*.

Pour l’Allier : Fomberteaux A.*

Pour la Haute-Loire : Dr Maigne*.

Pour le Rhône : Aumont Louis*, Blanc A.*, Charavay G.* et Charavay J.*

Pour la Seine-Inférieure : Coste de Mondé*, Dourille H.*

Pour la Vendée : Dezamy Th.*

Pour les Vosges : Bouton V.*, Chevalier J.-B.*, Mathieu d’Épinal*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24359, notice SAVARY André, Marie par Jean Maitron, Jacques Grandjonc, version mise en ligne le 26 janvier 2009, dernière modification le 2 septembre 2021.

Par Jean Maitron, Jacques Grandjonc

SOURCES : Arch. PPo., A a/428. — Jules Prudhommeaux, « Babeuf jugé par un communiste de 1840 », La Révolution française, vol. 55, juillet-décembre 1908, p. 128-139. — Jean Dautry, 1848 et la Seconde République, Paris, 1957, p. 140. — Jean Valette, « Utopie sociale et utopistes sociaux en France vers 1848 », 1848, les utopismes sociaux, Société d’Histoire de la Révolution de 1948 et des révolutions du XIXe siècle, Paris, CDU-SEDES, 1981, p. 62. — Jacques Grandjonc, Communisme/ Kommunismus/ C ommunism. Origine et développement international de la terminologie communautaire prémarxiste des utopistes aux néo-babouvistes, Trier, Karl Marx Haus, 1989, p. 152, 219, 410, 489-492. — Notes de Jean Risacher et de François Rondeleux.

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