MOULIÉ Gisèle, Jeanne, Jacqueline dite Cerise, Gigi

Par Robert Kosmann

Née le 20 septembre 1944 à Bonac-Irazein (Ariège) ; téléphoniste puis contrôleuse aux Chèques postaux (CCP) ; militante CFDT (1964-1989) puis SUD-PTT (depuis 1989), membre du Bureau fédéral Sud-PTT (1989-1993) ; adhérente du PSU (1968-1973) puis de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) 1975-1989.

Son père, Jean Moulié, fut tout d’abord mineur puis paysan et adhérait à la SFIO ; sa mère, Marie Louise, née Coujou, travaillait à l’exploitation et au foyer. Après sa scolarité primaire effectuée à Bonac-Irazein, titulaire du certificat d’études, Gisèle Moulié rejoignit le cours complémentaire de Saint-Girons (Ariège) jusqu’en troisième. Elle obtint le BEPC avant de réussir le concours d’entrée aux PTT en 1961.

En 1962, Gisèle Moulié, répondit à la proposition d’un emploi auxiliaire au central téléphonique de Lyon-Inter (700 agents) puis fut titularisée en 1964 au Centre des chèques postaux (CCP) de Paris (10 000 agents) au grade « d’agent d’exploitation » où elle resta au même grade jusqu’en 1974. En 1976, elle passa, avec succès, le concours de contrôleuse puis en 1986 celui d’agent de maîtrise, poste dans lequel eut la responsabilité de trois agents jusqu’à sa retraite, prise en 2004.

Sur le plan politique, elle adhéra au PSU en 1969 dans le courant de Jacques Kergoat, courant qui quitta le PSU en 1974. Sans se réclamer du trotskisme, Giselle Moulié adhéra à la Ligue communiste (LC). Elle quitta celle-ci en 1990 en raison de ses positions syndicales qui privilégiaient l’appartenance à la CGT plutôt qu’à SUD, mais aussi car elle avait été en désaccord avec le soutien de la LCR à l’armée russe en Afghanistan.

Gisèle Moulié avait adhéré à la CFTC aux CCP parisiens dès 1964 et avait suivi la conversion de la centrale en CFDT à la fin de l’année. Elle privilégia la CFDT à la CGT qu’elle percevait comme trop dirigiste. Simple adhérente jusqu’en 1968, elle prit une part active et enthousiaste à l’occupation des locaux lors de la grève de 1968 qui transforma ses conceptions et la fit devenir militante. Elle s’investit et devint active dans les luttes de femmes, le soutien aux grévistes de LIP, le combat anti-nucléaire, la lutte contre les discriminations sexuelles, et défendit le droit à l’avortement avec le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC). Elle participa activement à la grande grève des PTT en 1974, fut active, avec Annick Coupé, dans l’animation des groupes femmes des PTT à partir de 1977 et fit partie de la commission travailleuses CFDT de 1982 à 1984.

En 1989, plusieurs syndicats oppositionnels de la CFDT Postaux qui s’opposaient au « recentrage » de la confédération furent exclus de la centrale, dont le syndicat des chèques de Paris. Ce fut la création d’une nouvelle organisation, SUD-PTT, dans laquelle Gisèle Moulié s’investit dès sa création. Elle fut détachée au Bureau fédéral de SUD-PTT de 1989 à 1993, fut responsable nationale pour SUD-PTT de l’ensemble des adhérents des CCP, participa à la création de nouveaux syndicats et s’impliqua dans la commission femmes de SUD-Solidaires en 1990.

Sur le plan personnel, Gisèle Moulié rencontra René Pierrot, ingénieur et militant syndical CFDT, membre de la LCR ; ils vécurent ensemble à partir de 1976, ils se marièrent en 1995 et eurent un fils, Étienne en 1981.

En 2021, Gisèle Moulié, vivait en alternance en Ariège où elle avait une maison et à Vincennes (Val-de-Marne) où elle participait activement à l’Union locale Solidaires de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Elle y tenait des permanences sur le droit du travail et fut défenseure syndicale aux Prud’hommes de 2005 à 2016. Elle était syndiquée à l’Union syndicale Solidaires de Montreuil et préparait un ouvrage sur la grève des PTT en 1968 sur laquelle elle avait produit plusieurs articles et interviews. Revenant sur son parcours, elle déclarait : « Il y a deux trucs importants dans ma vie qui m’ont fait évoluer c’est Mai 68 et la création de SUD ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article243599, notice MOULIÉ Gisèle, Jeanne, Jacqueline dite Cerise, Gigi par Robert Kosmann, version mise en ligne le 8 novembre 2021, dernière modification le 20 mai 2022.

Par Robert Kosmann

ŒUVRE : « Le syndicalisme au féminin », Critique communiste, n° 186, mars 2008. —« Aux chèques postaux et mai 68 survint ! », Les Utopiques, n° 7, printemps 2018. — « Taisez vous mesdames, la grève des CCP en 1968 », entretien avec Gisèle Moulié dans Nathalie Lapeyre, Jacqueline Laufer, Séverine Lemière, Sophie Pochic, Rachel Silvera (dir.), Le genre au travail, Recherches féministes et luttes de femmes, Paris, Syllepse, 2021.

SOURCES : Archives syndicales SUD-PTT. — Entretien avec Gisèle Moulié, octobre 2021. — Documentaire « Mai 68 n’a pas duré qu’un mois », Médiapart, en ligne.

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