LÉPINE Maurice, Roger

Par Michel Thébault

Né le 22 avril 1918 à Neuville-du-Poitou (Vienne), exécuté sommairement le 25 août 1944 à Châtellerault (Vienne) ; boucher ; résistant FTPF.

Maurice Lépine était le fils d’Alphonse, Augustin, Georges Lépine et de Marie Rose Gault. Son père (né le 28 mai 1881 à Châtellerault) fut mobilisé en 1914 mais ne fut envoyé au front qu’en juin 1916 et démobilisé en août 1919. Il s’était marié le 27 mai 1916 avec Marie Rose Gault à Neuville-du-Poitou où naquit Maurice en 1918. La famille vint ensuite vivre à Châtellerault où Alphonse Lépine devint manœuvre à la Manufacture d’Armes de Châtellerault. Maurice Lépine fut vraisemblablement mobilisé en septembre 1939, peut-être dans le 170ème Régiment d’Infanterie (cf photographie) qui participa à la campagne de France avant d’être dissous à Limoges le 6 août 1940. En 1944 Maurice Lépine était marié avec Jeanne, Madeleine Beyly et était père d’un enfant. Il demeurait à Châtellerault 6, impasse des Cordeliers et exerçait la profession de boucher.
Il s’engagea dans la Résistance rejoignant les FTPF de Châtellerault. Le dossier d’homologation du groupe FTPF de Châtellerault (SHD Vincennes op. cit.) dans sa fiche sur l’état nominatif pour activité du 18 octobre 1940 au 31 décembre 1942 le mentionne dans la liste des volontaires du 1er groupe, secteur Nord.
A la fin du mois d’août 1944 les troupes allemandes évacuèrent le nord du département de la Vienne se dirigeant vers l’est pour échapper à l’encerclement des troupes alliées. Le 25 août 1944, alors que les Allemands s’apprêtaient à quitter la ville, une altercation survint entre Roger Rochon et des soldats allemands, altercation due à la volonté de Roger Rochon de recouvrer une somme due par l’armée allemande à la suite d’un travail effectué. Le journal créé à la Libération, La Nouvelle République dans sa première édition du 8 septembre 1944 donna un récit de l’incident : « Le 25 août 1944, Roger Rochon, 33 ans, tôlier, qui avait une facture à se faire régler par les Allemands de la Brelandière, se présenta pour réclamer son dû. On lui répondit qu’il n’y avait pas d’argent. Avisant alors une machine à coudre, M. Rochon dit qu’il se trouverait payé si on la lui donnait. Ce à quoi les Allemands consentirent, réclamant toutefois une somme de 800 francs. […] Cette somme fut donnée. M. Rochon emporta alors le pied de la machine et revint un peu plus tard avec Maurice Lépine, 26 ans, pour prendre la tête. C’est alors que les deux hommes furent saisis par des SS et conduits, en compagnie de Georges Besseron, 51 ans, et Antoine Laissy, 49 ans, au collège des jeunes filles, où ils furent fusillés sans autre forme de procès ». Il semble que l’altercation finale se soit produite impasse des Cordeliers et qu’ Antoine Laissy, un cheminot résistant, qui rentrait de son travail en début d’après-midi tenta d’intervenir. Rocher Rochon, Maurice Lépine, Antoine Laissy, et Georges Besseron qui assistait à la scène du pas de sa porte (selon l’un des récits, mais son appartenance comme Maurice Lépine aux FTPF pourrait permettre aussi d’envisager l’hypothèse d’une intervention plus directe dans l’altercation), furent arrêtés, conduits à proximité, dans la cour du collège de jeunes filles (aujourd’hui Lycée Marcelin Berthelot) et exécutés. L’allusion de l’article aux SS semble attestée par les recherches récentes des historiens de la Maison du souvenir de Maillé qui ont pu prouver la présence dans le secteur jusqu’au 28 août d’éléments du bataillon de réserve de la 17e « SS-Panzergrenadier-division Götz von Berlichingen », précisément basé à Châtellerault, et responsables du massacre d’Ingrandes-sur-Vienne (7 morts), le 24 août et pour partie du massacre de Maillé (124 morts) au matin du 25 août.

Maurice Lépine fut inhumé dans le caveau familial du cimetière de Châteauneuf à Châtellerault avec l’inscription suivante sur sa tombe : "A mon cher époux, à mon papa Maurice LÉPINE, fusillé par les Allemands le 25 août 1944 à l’âge de 26 ans. Regrets".
Il obtint la mention Mort pour la France. Son nom apparaît dans l’état des pertes FTPF du secteur de Châtellerault avec la mention fusillé (dossier du SHD Vincennes op. cit. page 34) et est inscrit sur la plaque commémorative 1939-1945 de la mairie de Châtellerault ainsi que sur une plaque commémorative, apposée en 2004 dans l’impasse des Cordeliers où se produisirent l’altercation et les arrestations, à la mémoire des quatre victimes du massacre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article243672, notice LÉPINE Maurice, Roger par Michel Thébault, version mise en ligne le 11 novembre 2021, dernière modification le 11 novembre 2021.

Par Michel Thébault

SOURCES : SHD AVCC, Caen, Cote AC 21 P 368746 (nc) — Arch. Dép. Vienne (état civil, registre matricule) — Archives collectives des Forces françaises de l’intérieur (site Mémoire des Hommes), goupe FTPF Châtelleraul, GR 19 P 86/44. — Marie-Claude Albert, Châtellerault sous l’Occupation, Geste Éd., 2005. — Mémoire des Hommes. — Mémorial genweb.

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