GARROS Geneviève, Marguerite, Marie

Par François Prigent

Née le 9 avril 1930 à Bordeaux (Gironde) ; secrétaire puis enseignante et directrice de FJT ; militante JEC ; dirigeante SGEN-CFTC ; secrétaire départementale du SGEN (1962-1965) ; responsable CFDT ; adhérente CIR ; militante féministe, Ligue des droits de l’Homme (LDH) et socialiste ; secrétaire de section PS de Quimper (1978-1981) ; première secrétaire fédérale du PS (1981-1986) ; conseillère municipale (1983-1989) puis adjointe (1989-2001) PS de Quimper ; conseillère régionale PS (1992-1998).

Geneviève Garros grandit dans une famille très chrétienne de huit enfants, dont le père, clerc de notaire, votait MRP ; la mère était sans profession. Passée par les écoles privées, elle obtint le baccalauréat en 1949, avant d’enseigner durant deux ans dans des écoles privées. Son glissement vers la gauche à partir du milieu centriste procéda de son engagement à la JEC en 1954. Participant à des camps près de Chamonix liés à la mouvance JEC, elle fut directrice de l’association Camps de vacances national, réunissant 400 campeuses tous les étés, venant d’Allemagne et de Tunisie notamment.

Embauchée dans une association sportive de l’enseignement libre en tant que secrétaire, elle suivit en 1955 une formation professionnelle de monitrice d’enseignement ménager. Après une année à la Mutualité agricole de Gironde, elle passa les concours de l’enseignement public pour devenir, professeure de lycée technique puis conseillère en économie familiale et sociale. Arrivée en Bretagne à la rentrée de septembre 1959 à Quimper, elle prolongea au SGEN-CFTC son engagement syndical entamé à l’ENSET à Cachan en 1958.

_Secrétaire départementale du SGEN entre 1962 et 1965, elle occupa aussi des responsabilités dans le bureau de direction de l’UL-CFDT interprofessionnel. En 1967, elle fut sollicitée par le leader local de la CIR, Georges Jaouen, un de ses amis du SGEN (secrétaire de section du PS de 1971 à sa mort dans un accident de voiture en 1975) pour adhérer à la CIR, ce qu’elle fit. Proche de Marcel L’Aot, elle fréquenta alors beaucoup de membres de Vie Nouvelle, sans s’investir dans ce milieu. Très engagée dans le Mai 68 de Quimper, elle fréquentait assidûment les réunions de section de la CIR, réseau de jeunes enseignants désireux de remplacer la mairie radicale, vieillissante (Goraguer puis Le Meunier), alliée à la SFIO.

Entre 1971 et 1976, la recomposition du nouveau PS fut complexe en raison des tensions existant entre l’ancien noyau SFIO, le nouveau groupe de la CIR et les militants issus des filières chrétiennes de gauche, parmi lesquelles Bernard Poignant, Joseph Youinou (conseiller général PS 1976-1988) et Jean-Claude Joseph. Suivant Jaouen au CERES jusqu’aux Assises du socialisme, Geneviève Garros conserva ses mandats syndicaux à la CFDT jusqu’en 1977, sans avoir par ailleurs de responsabilités politiques. En formation continue à Paris entre 1975 et 1978, elle figurait en 1977 sur la liste d’union de la gauche menée par Bernard Poignant, signe du renouvellement tendu des générations militantes dans le milieu socialiste. A contre-temps des autres grandes villes bretonnes, Quimper, qui avait déjà été dirigée par un socialiste SFIO, ne bascula pas à gauche, tout comme Vannes et Dinan au tempérament politique plus modéré. Proche de Bernard Poignant, cette militante du courant Rocard depuis 1975 abandonna ses responsabilités syndicales et devint secrétaire de section lorsque celui-ci prit la tête de la fédération (1978-1981). En parallèle, elle devint présidente du FJT de Quimper (1978-1989), s’engageant fortement dans le milieu associatif local.

Dans la foulée des législatives victorieuses pour le PS, elle devint la seconde femme à diriger une fédération socialiste en Bretagne (après le court intermède de Jeanne Mazier en 1965 à la tête du PSU des Côtes-du-Nord) en octobre 1981. Militante LDH, elle devint conseillère municipale de Quimper en 1983. Gérant difficilement les tensions entre les réseaux rocardiens éclatés (Brest, réseau Le Pensec, entourage de Poignant…), cette célibataire céda la place après le congrès de Toulouse en 1986 à Jean-Noël Kerdraon, ancien leader CFDT de l’Arsenal (futur député PS 1997-2002). Elle figurait en 6e position non-éligible sur les listes des législatives de 1986 afin de résoudre le conflit entre les différents poids lourds socialistes (Le Pensec, Poignant, Jacq, Gourmelon, Peuziat…). Adjointe à la solidarité de Bernard Poignant à la mairie de Quimper en 1989 et 1995, elle s’occupait principalement de l’action sociale, lançant la mission locale en 1989 puis occupant les fonctions de présidente du CCAS et du CLAL (comité aide au logement des jeunes). Militante féministe, elle fut également élue conseillère régionale en 1992 et 1998, occupant la dernière place de la liste de Jean-Claude Joseph (ingénieur agronome, conseiller général de Quimper 2 1988-2001), battu en 2001 par le sénateur Alain Gérard.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24374, notice GARROS Geneviève, Marguerite, Marie par François Prigent, version mise en ligne le 30 janvier 2009, dernière modification le 28 juillet 2021.

Par François Prigent

SOURCES : Archives Fédérales du PS 29. — Le Breton Socialiste puis Cap Finistère (1978-2001). — Ouest-France sur la vie politique locale (1968-2001). — Entretiens avec Geneviève Garros, Bernard Poignant, Jean-Claude Joseph, Joseph Youinou, Pierre Faucher, Jean-Jacques Urvoas, Jean-Noël Kerdraon, Louis Le Pensec, Marie Jacq, Joseph Gourmelon et Jean Peuziat ; Maurice Lucas et alii, Les socialistes dans le Finistère (1905-2005), Apogée, 2005. — François Prigent, « Un réseau d’un autre genre. Les femmes socialistes dans le Morbihan (1907-2007) », in Atala, n°11, mars 2008. — État civil de Bordeaux, janvier 2009.

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