CAPRON Henri, Eugène

Par Philippe Lecler

Né le 29 septembre 1922 à Orville (Pas-de-Calais), fusillé le 23 mars 1944 à Loos (Pas-de-Calais)  ; facteur des Postes ; membre des FFI et résistant au sein de Ceux de la Résistance (CDLR) et de l’Organisation civile et militaire (OCM).

Résistant de la première heure, Henri Capron, dès le mois de mai 1940, soustrait aux recherches des ennemis des soldats belges égarés lors de l’invasion allemande. Hébergés chez ses parents, à Orville, ils furent nourris, habillés de vêtements civils et restèrent cachés chez lui jusqu’à l’armistice. Plus tard, ce furent des soldats français et anglais qu’il cacha malgré les menaces et les perquisitions nombreuses des Allemands.

En février 1941, accompagné de cinq camarades, il franchit la ligne de démarcation dans l’espoir de rejoindre les Forces françaises libres à Londres. Ce fut un échec. Ne pouvant réussir à gagner l’Angleterre, il rentra chez lui. Mais, le 30 avril 1941, dénoncé, il fut arrêté par la police allemande et emprisonné à Amiens, puis à Arras où il écopa de 11 mois de prison. En mars 1942, il fut remis aux autorités allemandes qui le transférèrent à Berlin où il subit de nombreux interrogatoires relatifs à sa tentative de passer en Angleterre. Il fit partie des convois (I.28) organisés en mars 1942 pour être dirigés vers la prison Saint-Gilles, à Bruxelles (Belgique). Henri Capron fut déporté le 4 mars vers cette destination, avant d’être envoyé à Berlin. Jugé par un tribunal allemand, il fut condamné à un emprisonnement de trois mois et trois semaines. Après une opération chirurgicale qui retarda son retour, il fut libéré le 29 novembre 1942.

Au début de 1943, il entra dans un réseau de renseignement allié dont il devint agent de liaison entre Lille et Paris, puis rejoignit un groupe de résistance à Lille. Les motifs de sa citation à l’ordre de la Division, à titre posthume, sont éloquents  : «  Officier remarquable par son activité, chef de groupe OCM, a constitué un dépôt d’armes parachutées et d’explosifs  ; a participé au sabotage des voies ferrées d’Authieule (Somme) en février 1944, ainsi que des lignes téléphoniques. Introduit sur les emplacements de rampes de lancement de V1 a signalé tous les emplacements et travaux à nos services de renseignements.  »

Mais son activité fut découverte et sa tête mise à prix tant par les polices allemande que française. Selon le témoignage de son camarade Henri Coupaye, c’est au cours d’une mission en tant que chef de section du groupe franc «  Lisfranc  » de l’OCM qu’avec ce dernier il participa à l’exécution d’une indicatrice de la police allemande, au bar de l’Auto, rue du Molinel, à Lille, le 10 mars 1944. Après avoir rendu compte de l’accomplissement de la mission au chef départemental de CDLR, les deux hommes furent appréhendés par la police française. Interrogés sous les coups de matraque au poste de police, ils furent remis au commissaire Samin, chef de la section politique. Le 22 mars, ils furent présentés de nuit dans un local de la prison de Loos où siégeait une cour martiale de la Milice française composée de trois «  juges  » miliciens et présidée par Jocelyn Maret (chef régional de la Milice, promu depuis fin 1943 sous-directeur de l’administration pénitentiaire après le rattachement de cette administration au secrétariat général au Maintien de l’Ordre). Le matin à l’aube, la sentence fut prononcée. Henri Capron était condamné à mort, condamnation à effet immédiat, alors que le cas d’Henri Coupaye était rejeté, faute de preuves, devant la cour spéciale de Douai. Notons qu’à la même audience de la cour martiale comparut un jeune résistant FTP, Lucien Trinel, qui fut lui aussi condamné à mort.

Henri Capron fut fusillé par un peloton d’exécution des Groupes mobiles de réserve (GMR), le 23 mars 1944 au matin, au «  Bois de la Solitude  » près de Loos.

Reconnu « mort pour la France » (AC 21 P 38097), le sous-lieutenant Henri Capron fut décoré à titre posthume de la Croix de Guerre (ordre du 8 octobre 1944), de la médaille de la Résistance (décret du 19 avril 1958, publié au JO du 26 avril 1958) et de la Légion d’honneur (décret du 19 avril 1958, publié au JO du 26 avril 1958). Il obtint également le statut de FFI et de DIR (déportés et internés de la Résistance).
Son nom figure sur le monument aux morts d’Orville. Une rue de cette commune porte son nom, là où habitait encore en 1958 sa mère, Céleste Capron, à qui les distinctions de son fils furent remises.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article243901, notice CAPRON Henri, Eugène par Philippe Lecler, version mise en ligne le 21 novembre 2021, dernière modification le 13 février 2022.

Par Philippe Lecler

SOURCES : DAVCC, Caen, dossiers d’Henri Capron, d’Henri Coupaye et de Lucien Trinel ; SHD Vincennes (n.c.), GR 16 P 105508 (Henri Capron). — Sites Internet : Mémorial GenWeb ; Mémoire des hommes ; base Léonore (cote : 19 800 035/434/58 140) ; Fonds pour la mémoire de la déportation. — J. M. Fossier, Zone Interdite Nord-Pas-de-Calais, FNDIRP, 1977. — Notes Frédéric Stévenot

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