Par Annie Burger
Née le 3 novembre 1912 à Paris, morte le 11 décembre 1996 à Paris ; dirigeante des Jeunes filles de France en 1938, militant communiste ; résistante puis déportée (1943) ; secrétaire de la FDIF (1945-1954) ; membre du comité central du PCF (1945-1985) ; présidente de la Fondation pour la défense de la mémoire de la déportation ; députée (1945-1958, 1962-1973).
Fille aînée de Lucien Vogel et de Cosette de Brunhoff, Marie-Claude Vogel naquit dans une famille protestante, dreyfusarde, aux idées socialisantes. Son père, directeur de revues (La Gazette du bon ton, Vu), fut socialiste et partisan de l’adhésion à la IIIe Internationale en 1920. Sa mère, rédactrice en chef du Jardin des modes, écrivait aussi des livres de cuisine sous le pseudonyme de Francine. Élève au collège Sévigné jusqu’au baccalauréat, Marie-Claude Vogel voulu ensuite se consacrer à la peinture. Mais ses parents considérant que ce n’était pas un métier pour elle l’envoyèrent en 1930 à Berlin apprendre l’allemand. De retour à Paris, elle choisit d’étudier la photographie et travailla pour son père à Vu. Elle accompagna Philippe Soupault lors de son reportage sur l’Allemagne hitlérienne.
Marie-Claude Vogel rencontra Paul Vaillant-Couturier qui revenait d’URSS, en 1932, lors d’un dîner chez son père. Très vite Paul Vaillant-Couturier tomba très amoureux d’elle. Ils vécurent ensemble au printemps 1934 et il l’épousa le 29 septembre 1937 à Villejuif (Seine, Val-de-Marne), dans la plus stricte intimité. Marie-Claude Vaillant-Couturier, sur les conseils de son époux, devint membre de la section photographique de l’AEAR peu après la constitution de l’association. En février 1934, elle adhéra, dit-elle, sans le lui dire et sur des bases antifascistes, aux Jeunesses communistes.
Après la mort de Paul Vaillant-Couturier (10 octobre 1937), elle fut embauchée en tant que reporter-photographe à l’Humanité, et elle participa aux côtés de Danielle Casanova à la direction du mouvement des Jeunes filles de France (UJFF). A l’automne 1938, elle partit faire un séjour de six mois en URSS. Elle en revint séduite par les possibilités d’éducation que le régime apportait, selon elle, aux classes populaires. Elle se vit alors confier la responsabilité du service photographique de l’Humanité.
En 1939, Marie-Claude Vaillant-Couturier rencontra Pierre Villon (pseudonyme de Roger Ginsburger), puis vécut avec lui dans la clandestinité avant d’être arrêtée le 9 février 1942. Elle devait l’épouser en 1949. Résistante dans le même groupe que Georges Politzer, Jacques Solomon et Danielle Casanova, elle fut emprisonnée successivement à la Santé, et au fort de Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis) avant d’être déportée à Auschwitz le 24 janvier 1943. Transférée à Ravensbrück le 2 août 1944, elle revint en France le 25 juin 1945. Son attitude dans les camps de concentration et son nom firent d’elle une personnalité communiste. Aussi, le lendemain de son retour en France le 26 juin 1945, fut-elle désignée suppléante au comité central du Parti communiste français. Elle témoigna en 1946 au procès de Nuremberg.
Cooptée à l’Assemblée consultative, Marie-Claude Vaillant-Couturier fut élue en novembre 1945 à l’Assemblée constituante et réélue ensuite, dans le 4e secteur de la Seine-sud, durant les trois législatures de la IVe République, puis à nouveau, en 1962 et en 1967 dans la circonscription de Villejuif. Initialement, elle siégea peu, absorbée par ses fonctions de secrétaire générale de la Fédération démocratique internationale des femmes installée en 1951 à Berlin-Est.
Vice-présidente de la Chambre, Marie-Claude Vaillant-Couturier interpella le gouvernement, au nom du groupe communiste, le 15 janvier 1957, sur le traité d’organisation du Marché commun. Le 16 décembre 1964, elle plaida un amendement renforçant la proposition de loi sur « l’imprescriptibilité du génocide et des crimes contre l’Humanité ». Elle y défendit aussi les droits des femmes (protection des femmes salariées enceintes, réforme des régimes matrimoniaux, assouplissement de la législation sur l’adoption, égalité des salaires).
En 1973, à soixante ans, Marie-Claude Vaillant-Couturier laissa volontairement son siège de députée qui échut à Georges Marchais, secrétaire général du PCF. Elle resta membre du comité central jusqu’au XXVe congrès en 1985. Depuis elle se consacra à promouvoir la mémoire de la déportation.
Par Annie Burger
SOURCES : Arch. Marie-Claude Vaillant-Couturier. — Entretien entre Cl. Willard et Marie-Claude Vaillant-Couturier, archives de Marie-Claude Vaillant-Couturier. — Arch. comité national du PCF. — Des femmes dans le monde, Messidor, 1982 [un chapitre est consacré par Maryse Wolinski à Marie-Claude Vaillant-Couturier]. — Benoit Cazenave, Marie Claude Vaillant Couturier, in Hier war das Ganze Europa, Brandenburg Memorial Foundation, Editions Metropol Verlag, Berlin, 2004