FABROL Émile

Par Pierre Vandevoorde

Né le 8 janvier 1950 à Apt (Vaucluse), mort le 15 mai 2020 à Bobigny (Seine Saint Denis) ; technicien dans la chimie puis informaticien, syndicaliste CGT, militant trotskyste (groupes Le Communiste, Tribune communiste de Seine Saint Denis, LTF, Prométhée, Gauche révolutionnaire, Gauche communiste, puis NPA).

Le père de Émile Fabrol, ouvrier spécialisé (entre autre dans une fabrique de fruits confits), était syndicaliste à la CGT. Sa mère était femme de ménage. Lui et sa sœur baignèrent dans un milieu ouvrier et militant. Lycéen à Apt, il entra à la Jeunesse communiste en 1966, dont il fut exclu en 1967 pour « guévarisme ». Il se rapprocha alors de « Révoltes », et participa à des « groupes d’études révolutionnaires », anti-chambre de l’Organisation Communiste Internationaliste. Mai 68 survint : l’OCI resta en dehors et condamna le mouvement étudiant. Scandalisé, il rompit.
Étudiant en chimie à l’Institut Universitaire de technologie de Marseille, il découvrit un curieux journal diffusé dans les milieux proches du PCF : Le Communiste, animé localement par Jean-Jacques Aisenmann. Très vite il participa à sa rédaction. Le groupe est animé par deux figures du mouvement ouvrier : Lucienne Abraham (alias Michèle Mestre) et Mathias Corvin, des trotskystes historiques qui militaient depuis les années 1930 et qui avaient quitté la IVe internationale en 1954, convaincus de la nécessité d’une intégration totale au principal parti ouvrier de l’époque : le PCF. C’est durant cette période qu’Émile Fabrol rencontra celle qui devint la compagne de toute sa vie, sa camarade : Yannick. Ils eurent un fils ensemble : Cédric.
Les usines pétrochimiques marseillaises périclitant, Émile Fabrol dut rejoindre la région parisienne en 1973 pour travailler à Roussel-Uclaf, grosse entreprise pharmaceutique où il prit immédiatement des responsabilités à la CGT.
Tous les deux s’engagèrent à fond dans le groupe. Émile Fabrol participa au petit noyau dirigeant, Yannick, employée à l’Assurance maladie, assura le secrétariat pour Mathias Corvin. L’action du Communiste se basait sur une charte préconisant : « L’action pour la défense de l’URSS, des démocraties populaires et de la Chine, l’action pour la défense des peuples coloniaux » et « l’action pour la transformation révolutionnaire du PCF ». Le militantisme était totalement clandestin, combinant la participation aux activités du PCF et de la CGT avec l’édition du mensuel Le Communiste, diffusé en kiosques et sur abonnement.
Le groupe se disloqua en 1983 à la mort de Corvin. Émile Fabrol créa avec Yannick et deux autres camarades « Tribune Communiste de Seine Saint Denis ». Après un temps d’activité autonome, le groupe se rapprocha de la Ligue Trotskyste de France (LTF), jusqu’à s’y intégrer. Les orientations étaient convergentes : attention aux milieux communistes, opposition au stalinisme et au bureaucratisme, défense sourcilleuse de l’URSS et des « États ouvriers déformés ». L’expérience ne dura cependant que 10 mois, car il fallait obéir à la moindre directive de la direction états-unienne. La rupture se fit sur le refus de l’appel à envoyer des brigades internationales en Afghanistan.
En 1989, Émile Fabrol fut victime d’un plan de licenciement à Roussel-Uclaf. Il entreprit des études en informatique. Dans ce nouveau domaine, il commença par des petits boulots pour arriver finalement au poste de directeur du service informatique à la mairie des Lilas. Politiquement, le temps était maintenant venu pour lui et ses deux camarades proches de faire le point au travers d’une nouvelle publication mensuelle, Prométhée, qui se concentrait d’une part sur l’analyse des mouvements profonds qui se font jour dans la classe ouvrière, d’autre part sur une réflexion qui portait sur les travers des organisations communistes, qu’il s’agisse du PCF ou des petits groupes.
Émile Fabrol et l’équipe de « Prométhée » s’attachèrent à une relecture précise et documentée de la « bolchevisation » du Parti Communiste. Ils voulurent à réévaluer le rôle de personnalités comme Pierre Monatte et Alfred Rosmer.
En 1992, Prométhée fusionna avec les JCR « l’Egalité » (produit de la crise de l’organisation de jeunesse de la LCR) au sein d’une nouvelle organisation, la « Gauche Révolutionnaire ». Quand celle-ci entra en crise en 1996, Emile Fabrol se rapprocha de la « Gauche Communiste », tendance du PCF impulsée par Jean-Jacques Karman et les communistes d’Aubervilliers.
En 2009 à sa fondation, Emile et Yannick rejoignirent le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). Ils côtoyaient depuis longtemps les militant.es de Bobigny de la LCR, et ont été séduits par l’idée de la création d’un parti des révolutionnaires devant regrouper un maximum de camarades issus de toutes les tendances de ce que le mouvement ouvrier a produit de meilleur. Émile Fabrol fut élu membre du conseil politique national du NPA, il participa aussi à sa direction quotidienne ainsi qu’à l’animation de la campagne présidentielle de Philippe Poutou de 2017. Esprit ouvert, toujours à l’écoute, il participa à divers groupes de réflexions, au sein du NPA et en dehors. En se replongeant à nouveau dans la relecture d’œuvres de Marx et d’autres penseurs plus récents, il s’intéressa, en essayant de nouvelles approches, à une organisation communiste de la société basée sur l’écologie et de nouvelles formes démocratiques, thèmes qui ont toujours été dans ses réflexions.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article243928, notice FABROL Émile par Pierre Vandevoorde, version mise en ligne le 22 novembre 2021, dernière modification le 22 novembre 2021.

Par Pierre Vandevoorde

SOURCES : « Prométhée »[ http://www.promethee-1871.com/]. — Entretiens avec Yannick Fabrol

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